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Coronavirus : la fin du monde ?

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Yves Cochet, ancien ministre écolo, porte-parole du courant «effondriste» qui prévoit l’apocalypse avant 2030, se félicite dans le Monde sur un mode goguenard de la justesse de ses prédictions : «Avec mes copains collapsologues, on s’appelle et on se dit : « dis donc, ça a été encore plus vite que ce qu’on pensait ». » Pour lui, la crise du coronavirus pourrait bien déclencher l’effondrement annoncé. Qu’il anticipe si bien qu’il s’est retiré au nord de Rennes pour vivre sur un lopin de terre où il vise l’autosuffisance. Il a une réserve d’eau et de bois et envisage de cultiver lui-même ce qui sera nécessaire à son alimentation.

Discrète objection à ce Cassandre à la mode de Bretagne : l’effondrement qu’il prophétise, selon les propres termes des collapsologues, passe par la dissolution de tout Etat digne de ce nom sous l’effet de la violence de la crise, qui contraindra l’humanité à s’en remettre à ses propres forces dans une société détruite. D’où son repli dans le réduit breton. Or les Etats n’ont en rien disparu. Au contraire, ce sont eux qui coordonnent la lutte contre le virus, à tel point que certains s’inquiètent à juste titre de leur omniprésence dans la vie des terriens confinés par la pandémie. Il est d’ailleurs très probable que les mesures d’exception prises partout sur la planète finiront par donner des résultats. On attend un pic dans la propagation du mal, puis une décrue. On débat déjà des moyens de sortir intelligemment du confinement et on s’attelle à combattre la récession qui suivra immanquablement la mise à l’arrêt des économies.

C’est toujours le problème des Cassandre. Dans la mythologie, la jeune Troyenne qui annonce les catastrophes est victime d’une malédiction des dieux : elle prédit toujours l’avenir avec justesse – la mort de Patrocle, la ruse du cheval de Troie, la chute finale de la ville de Priam – sans être jamais écoutée. Mais tout se gâte dans la fable si elle se trompe. Dans ce cas, on aura eu raison de ne pas l’écouter. C’est le danger qui guette Cochet : si le monde fait preuve de résilience et surmonte la crise du coronavirus, il aura joué pour rien les prophètes de malheur, érodant d’autant la nécessaire vigilance envers la crise climatique qui nous menace par ailleurs. A trop crier au loup…

Comme tant de responsables politiques, Cochet est victime d’un classique biais cognitif, le biais de conviction. Il sélectionne dans le réel les faits qui vont dans son sens et oublie les autres. L’atmosphère lugubre qui prévaut sur cette planète confinée a effectivement un air de fin du monde. Mais la pandémie de coronavirus a peu à voir avec une crise écologique (ce qui laisse entier l’impératif de lutte contre le dérèglement climatique). Le virus est passé de l’animal aux humains : c’est la nature qui agresse les hommes et les femmes et non le contraire. Sa propagation a été facilitée par l’intensité des échanges née de la «mondialisation libérale». Mais par le passé, quand la mondialisation était moins présente, les virus se propageaient aussi, avec des pertes humaines très supérieures (voir la Grande Peste ou la «grippe espagnole»). Ce sont d’abord l’avancée de la science, l’excellence technologique et la force des Etats modernes qui fourniront les meilleures armes contre le virus, non la défiance envers le progrès humain propre aux «effondristes».

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