Kassory Fofana, premier ministre ou premier des ministres ?
Candidat aux élections présidentielles de 2010 sous la bannière de Guinée pour Tous (GPT) avec 0,66% des suffrages au premier tour, Kassory intègre le gouvernement en 2014 au poste du ministère des investissements et du partenariat public-privé. Le 21 mai 2018, Kassory Fofana remplace son cousin démissionnaire au poste de Premier ministre, Chef du Gouvernement.
Ce macro-économiste, donne rapidement la structure de son gouvernement et le lendemain, son gouvernement est né. Les choses se passent comme dans un nouveau couple. Apparemment, la confiance du chef de l’Etat en son premier ministre est totale. Même les plus pessimistes sont sous le charme du couple Kassory- Alpha.
Mais les derniers développements de la situation politique et les rapports de force qui sont désormais visibles dans le gouvernement de Monsieur Ibrahima Kassory Fofana laissent place à d’autres points de vue.
Depuis un certain temps, les dissensions ont éclaté au grand jour entre le premier ministre et certains membres du gouvernement.
Le premier cas nous renvoie après la démission du ministre Yéro Baldé. Lorsque le ministre Yéro Baldé a quitté ses fonctions de ministre en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, une bataille s’était engagée entre le premier ministre et le ministre conseiller spécial en l’occurrence Tibou Kamara, chacun souhaitant placer son poulain. A l’époque, le premier ministre avait fini par s’imposer en réussissant à faire de Kader Yacine Barry qui était son conseiller comme ministre de l’enseignement supérieur. Mais ce n’était que partie remise.
Ensuite en fin avril, Madame Mama Kanny Diallo, ministre du plan et du développement économique se rebella et provoqua un malaise dans l’équipe gouvernementale. Une note qui aurait fuitée de l’entourage du PM montrait le manque de solidarité gouvernementale, car Madame Kanny Diallo, avait désapprouvé le plan de lutte contre la COVID-19 qu’aurait concocté l’équipe du premier ministre. Elle aurait même adressé une lettre au Président de la République directement, bien que la norme administrative voudrait qu’elle s’adresse à son chef de Gouvernement d’abord. Dans la foulée, le Ministre d’Etat, Ministre Conseiller Spécial du Président aurait proposé ses services de médiateur. Et pour ne rien arranger, la Banque Mondiale, dénonce une surfacturation au niveau du volet électricité. Cette remarque provoqua du coup un autre désaccord entre le patron du palais de la Colombe et son ministre du « courant » Cheick Taliby Sylla.
Le 19 juin passé, un nouveau gouvernement a été mis en place. Mais voilà, le premier ministre est nommé sur le même acte que les membres de son gouvernement. Pourtant le premier ministre devrait être nommé par un décret distinct. Mais dans ce cas présent, nous sommes dans une situation qui laisse croire que le premier ministre se serait désigné lui-même quand bien même le décret a précisé que c’est sur proposition du premier ministre.
Dans cet acte du président de la République, d’autres faits à souligner, l’entrée au gouvernement du Pr Alpha Amadou Bano Barry au compte du ministère de l’éducation nationale. C’était lui le choix du ministre d’Etat, Conseiller Spécial du Président de la République, Tibou Kamara quand il s’agissait de remplacer Yéro Baldé au ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Même si ce dernier est entré au gouvernement en occupant un autre ministère, la réalité est que Kader est parti du gouvernement et Bano est entré. N’est ce pas une victoire pour le ministre conseiller spécial de président ? Sacrée revanche non pour Tibou Kamara !
Robert Kamano
