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Lamou Martin Kolié, jeune entrepreneur agricole : « l’agriculture me permet de vivre décemment »

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Détenteur d’un master en marketing, communication commerciale et stratégie, Lamou Martin Kolié est un jeune passionné de l’agriculture. Il consacre son temps à l’enseignement à l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC) de Kountia à l’agriculture.

Cet entrepreneur agricole est convaincu que le développement de l’Afrique notamment de la Guinée doit forcément passer par le développement de l’agriculture. Depuis quelques temps, il a entrepris d’innombrables projets agricoles. Verite224 est allé à sa rencontre. L’entretien s’est essentiellement porté sur ses projets. De la communication à l’agriculture, à la découverte de Martin Kolié, jeune entrepreneur agricole [Entretien].

Lisez.

Verite224.com : vous êtes Communicant de formation, un produit de l’ISIC, pourquoi vous avez rejoint le monde de l’agriculture ?

Lamou Martin Kolié : je suis communicant et marketeur. À la fin de mon cycle de licence à l’ISIC de Kountia, je suis allé au Bénin pour le master ou je me suis spécialisé en Administration des affaires, option : marketing, communication commerciale et stratégie. J’ai fait mes études supérieures au sein d’une université entrepreneuriale. C’est là que j’ai reçu mes premières notions d’entrepreneuriat en particulier dans le agricole. J’ai effectué un stage de 2 semaines au  Centre de valorisation de l’agriculture écologique, des sciences et techniques endogènes (CEVASTE) en 2014. J’ai également travaillé avec l’ONG Osez Innover sur un projet agricole financé par le PNUD à Kindia. Avec la COVID-19 et, toutes les prédictions de famine qui se disait sur nos pays et notre continent, je me suis dit que cela devrait être l’occasion ultime pour moi de me lancer. Je me suis dit que chacun à son niveau pouvait faire quelque chose pour déjouer toutes ces prédictions de malheur sur notre continent à travers une prise de responsabilité collective. C’est donc pour contribuer à réduire l’insécurité alimentaire post-covid 19 que je me suis lancé.

Comment vous évoluez dans le domaine agricole ? Comment ça se passe ?

Je suis pour le moment un petit exploitant avec de grandes ambitions. Donc ce que nous faisons c’est de louer des terrains cultivables sur 3 à 5 ans où nous exerçons notre activité. Concrètement après l’acquisition de la terre, nous le défrichons, ensuite le nivelons avant de le labourer et de le parceller. Après le parcellement, nous préparons les pépinières que nous transplantons une fois mature. À la suite la transplantation nous restons sur les activités d’entretien jusqu’à la récolte.

 

Martin Kolié, souriant dans son champ
Martin Kolié, souriant dans son champ

Quelque temps après de vous être lancé. L’agriculture a-t-elle commencé à changer votre vie ?

Je ne dirais pas qu’il a changé totalement ma vie mais, je peux dire que combiné à mes autres activités elle me permet de vivre décemment. elle est une source de revenu constant et durable.

Vous avez sans doute rentré des difficultés. Quelles sont ces difficultés ?

Les plus grandes difficultés rencontrées cette année étaient de deux ordres :

  • le prix des intrants agricoles notamment les semences, les produits phytosanitaires et les engrais qui a littéralement doublé avec la crise de la Covid 19.
  • Les difficultés liées au transport avec l’état de la route de Kindia que vous connaissez surement. Cela rend très difficile le transport en bon état des légumes à Conakry et accroît les pertes post-récolte.
  • Il y’a aussi des difficultés d’accès aux investissements dans le secteur, celles-ci limites la capacité de production des producteurs. Dans mon cas spécial, je souhaiterais bien installer un petit système d’irrigation pour me permettre de passer à 4 récoltes annuelles au lieu de 2 actuellement.

L’Etat guinéen s’est engagé à accompagner les entrepreneurs. Est-ce que vous avez bénéficié un accompagnement ?

Je n’ai bénéficié pour le moment d’aucun accompagnement de la part de l’état. J’ai aménagé un hectare dans le maraîchage entièrement sous fond propre. Si un jour je bénéficie de l’accompagnement de l’état cela me fera beaucoup de bien dans le cadre du développement de cette activité. Par contre, j’ai bénéficié du soutien de certains amis, et des sponsors en terme matériel et financier que vous me permettrez de  remercier chaleureusement  ici.

– Vous avez une petite expérience dans le domaine de l’entrepreneuriat, quels conseils vous pouvez à ces jeunes qui voudraient se lancer dans l’entrepreneuriat.

  1. Commencé petit et grandir au fur et à mesure. Cela se traduit dans le domaine agricole par le fait que je déconseille souvent à ceux qui veulent se lancer de ne jamais commencer par 10 hectares d’exploitation, mais de commencer par 1 hectare, 2 au plus et de grandir petit à petit. Je déconseille également de commencer avec plus de 5 culture à la fois. Commencer toujours avec 2 cultures au maximum l’effet d’expérience que vous allez acquérir à partir de ça vous sera très utile pour la suite de votre parcours entrepreneurial.
  2. Faire très attention avec l’argent des banques qui empruntent avec des modalités de remboursement souvent complexes et, des taux d’intérêts très élevés des fois.
  3. Ne jamais se lancer quand on n’a pas du temps matériel à consacré à son business. L’agriculture est une activité extrêmement chronophage et donc il te faut du temps à lui consacrer pour ta réussite.
  4. Le dernier conseil : ne jamais créer son business et le confier à quelqu’un pour l’administrer à distance. Un business, surtout agricole est comme votre bébé, personne ne saura mieux en prendre soin que vous-même.
Martin Kolié dans son champ
Martin Kolié dans son champ

 Quelles sont vos perspectives ?

En termes de perspective, je souhaite acquérir des partenaires prêts à m’accompagner dans l’installation d’un système d’irrigation sur mon exploitation pour me permettre de produire à plein temps.

Ma deuxième perspective sera la mise en place d’une unité de transformation de tomates en purée pour réduire les pertes post-récolte.

Votre mot de la fin

L’avenir de l’Afrique repose à mon humble avis sur deux piliers :

L’éducation et l’agriculture. Il faut se former et aussi se décomplexer pour la pratique de l’agriculture. Beaucoup de jeunes considèrent la pratique de cette activité comme un signe de non réussite et c’est ce complexe qu’il faudra tuer en eux. Il faut également mettre en place des mesures qui incitent les jeunes à s’investir massivement dans ce domaine pour arriver un jour à nous nourrir nous-même.

Au niveau de l’éducation il faut aussi des reformes sérieuses pour adapter les formations aux réalités endogènes. Pour une zone comme Kindia, enseigner à l’université des matières en relation avec le potentiel économique de la zone c’est-à-dire l’agro business et toute la chaîne de valeur agricole (Production, transformation et commercialisation) en lieu et place des filières littéraires qui ne répondent pas forcement à la question de l’employabilité et de l’insertion durable des jeunes diplômé.

Entretien réalisé par Alpha Oumar Diallo

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