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L’urbanisation de Conakry et la sauvegarde du mont Kakoulima, un défi d’une fermeté solennelle

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L’iconographie de Conakry est depuis plusieurs années affligée par l’urbanisation sauvage, un phénomène qui se traduit par une croissance anarchique et dangereuse des villes avec comme conséquence la mise en péril de la libre circulation des véhicules, des piétons et le drainage pluvial.

Aussi et comme dit Daniel Pennac je cite : « La prévention de la criminalité commence par une réflexion humaniste sur l’urbanisme. »

En dépit de l’engagement de son excellence, le Président de la république depuis son arrivée au pouvoir en faveur du processus de modernisation de Conakry, il faut absolument souligner par acquit de conscience, la complicité regrettable et obstinante de certains citoyens à l’échelle de l’administration, voire des autorités communales  dans la pérennisation de ces tares en urbanisation.

Pour rappel, à une certaine époque de la 2ème république, en dépit de la volonté d’engager une réforme urbaine à Conakry de l’ancien Ministre en l’occurrence Bana Sidibé, histoire de redonner à la ville, sa nostalgique iconographie d’autrefois, le formalisme absurde aux arguments fantaisistes avait malheureusement supplanté l’évènement et le projet fut enterré.

Les conflits d’intérêt, l’obstination déraisonnable sont, entre autres, les maillons de cette chaine de la rétrogression urbaine.

Aujourd’hui et plus que jamais nous l’espérons, la bataille est engagée, il faut la gagner !

Brièvement deux situations sous  projecteur :

1-La Feuille de route sur la refonte urbaine à Conakry engagée par le Ministre de la Ville

Cette feuille de route résolument impérative et qui se concentre sur la viabilisation de la ville de Conakry, est l’un des grands chantiers phares du Président de la république.

Son récent discours ayant comme emblème le  « gouverner autrement » doit servir d’antichambre à la mise à jour intelligente des aptitudes  et libérer les consciences pour redonner plus de sens à la réussite de ce projet, à la fois indispensable et fastidieux.

Fastidieux bien évidemment parce qu’il faut casser, déguerpir pour rebâtir les routes et  redonner ainsi vie à la voie publique.

Rationnellement, le bon schéma était de prévenir, et donc empêcher toute occupation préalable anarchique de l’espace public.

Son exécution nécessite une mise à jour de la conscience collective car, la Guinée est bien le pays de la vermine de la déformation de l’information et des fausses rumeurs.

Oui Mr le Ministre, cette mission assignée est un grand défi, celui de redonner de la couleur à Conakry, cette ville miroir dont l’iconographie reste avant tout, un critère  sine qua non  de jugement de la Guinée.

Oui Mr le Ministre, Conakry, notre capitale a besoin de ces travaux d’envergure et de reconquête de l’espace public pour libérer enfin les emprises, en otage par la complicité des uns et l’obstination égocentrique des autres.

Oui Mr le Ministre, c’est maintenant ou jamais le marquage en lettre d’or de votre passage comme Ministre de la république.

Un avenir certain est un passé qui n’a pas failli à ses obligations.

Les embouteillages ne sont que la partie émergée de l’iceberg !

Imaginez une seule seconde, la mission presque impossible d’un sapeur-pompier à Conakry, qui doit venir  à bout d’un incendie dans un quartier à croissance immobilière anarchique où les rues sont complètement prises par les constructions insouciantes !

Imaginez un cas suspect d’arrêt cardiaque, à secourir par l’équipe médicale qui doit se déplacer d’un centre hospitalier vers le quartier de la victime comme à Yattaya pour ne citer que cet exemple !

Malheureusement dans beaucoup de cas, c’est le Médecin après la mort.

Les accès sont compliqués par la construction débordant sur la voie publique, perte de temps et donc inévitablement accroissement du taux de mortalité.

Imaginez les inondations à répétition à Conakry avec, fréquemment, de nombreux cas de décès par noyade comme ce fut le cas lors de la dernière saison des pluies. J’étais à Conakry pour la convention du parti.

En cause, l’obstruction des voies de drainage des eaux pluviales  par les constructions anarchiques : habitations,  écoles privées à tout vent,  kiosques etc.

Les accidents réguliers de la voie publique parce que piétons et conducteurs de véhicules sont en vraie guerre des rapaces sur la même rue évidemment réduite à sa plus petite expression.

«Le dégagement sans réserve de toutes les emprises aussi bien sur les voies rapides que sur les nombreuses rues qui colonisent les quartiers, est un absolu impératif. ».

Ne jamais faire le syndrome du goût d’inachevé ou de l’inertie dans l’action : déguerpir et laisser les gens se réinstaller quelques temps après.

Savoir également que les grandes villes ayant un gros risque de bouchon sont sujet à de la pollution produite par les véhicules, souvent des épaves.

Je précise également qu’une étude récente avait montré une augmentation inquiétante des cas de cancer du poumon dans les grandes villes africaines à cause justement en grande partie, des polluants rejetés par les véhicules.

Je salue au passage avec honneur et respect le décret d’interdiction de l’importation des véhicules de plus de 8 ans promulgué par le Président de la république, et, avec le nouveau vent de  « gouverner autrement », j’ose, sans aucun doute garder espoir que cette interdiction soit appliquée dans sa rigueur absolue.

Bien évidemment, le citoyen qui résume la nation guinéenne à l’expression de son petit espace d’intérêt quotidien personnel, dira toujours sauf prise de conscience, que ce chantier de libération des espaces publics est une nuisance, une chasse aux sorcières.

Absolument non !

Ce grand chantier d’urbanisation à plus-value économique, sanitaire, sociale etc., est un acte inscrit dans la légende du bien être de notre pays.

Une morale se dégage à l’échelle des communes villageoises : « Ne jamais laisser les chantiers de lotissement des communes villageoises au bon vouloir de la population, le risque de désordre est grand. ».

2-La préservation de l’écosystème du mont Kakoulima

Mieux vaut prévenir que Guérir !

Le mont kakoulima, ce majestueux écosystème de la faune et la flore, dressé comme une sentinelle ange gardien, est un rempart entre Conakry et Coyah, le barycentre de la pluviométrie la plus dense de la Guinée.

Semble-t-il, les signes avant-coureurs de menace sur ce patrimoine naturel, le baromètre de la pluviométrie, se font sentir en raison de la vitesse de prolifération anarchique des domaines immobiliers au voisinage dudit site.

Toutes les mesures doivent être prises si ce n’est pas encore fait, pour éviter toute intrusion dangereuse dans cet écosystème.

Le risque est grave par la dégradation du couvert végétal, grave par les éboulements mortifères.

Entre l’obstination déraisonnable des citoyens et la complicité enracinée dans l’administration, il y a un couloir qui risque de franchir le Rubicon.

J’ai de grands espoirs que dans cette nouvelle donne détaillée par le Président, dans un discours aussi profond que retentissant et qui se symbolise par « gouverner autrement », rien ne sera laissé au hasard dorénavant.

Au Ministre de la ville, bon courage.

Docteur Solian Konaté

Praticien Hospitalier des hôpitaux de France

 

 

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