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Mamadou C. Savané : ‘’Mediaguinee c’est comme cet enfant turbulent qui échappe au contrôle de tout le monde’’

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Il y a quelques années, un jeune journaliste posa la première pierre d’un gratte-ciel. Il en est au dixième étage. Et déjà la consécration ! Le gratte-ciel, c’est le site Mediaguinee. Et le jeune journaliste, c’est Mamadou Ciré Savané dont un seul mot définit le caractère: Opiniâtreté.

En quatre mots, Mediaguinee a dix ans ! Nous avons profité de l’occasion pour faire parler son fondateur qui parle rarement dans un média différent du sien. Et qui est obsédé –dans le sens noble du terme- par un métier qui hélas perd des couleurs. Interview.

Guinee7.com : Mediaguinee a dix ans aujourd’hui. Et vous changez de look. Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Mamadou C. Savané : 10 ans ça se fête. En 10 ans, un enfant devient adolescent s’il n’est pas passé à l’âge adulte. Nous venons de très loin. Nous avons estimé qu’après dix ans d’exercice, on doit s’arrêter pour faire le bilan. Pour nous, c’est le moment de faire l’état des lieux. Avons-nous atteint notre objectif d’informer les citoyens ? La question se pose. Aujourd’hui, beaucoup nous apprécient, comme d’autres aussi nous envoient des critiquent peu favorables. Nous les comprenons tous. Pour nous, l’essentiel c’est d’avancer, la tête sur les épaules. C’est le moment de remercier tous ceux qui travaillent sans relâche pour faire de Mediaguinee.com un site incontournable dans le paysage médiatique guinéen et de la sous-région ouest-africaine. Nous gardons les pieds sur terre : le chemin est encore très long.

En 10 ans, Mediaguinee s’est imposé sur l’échiquier médiatique de la Guinée. Vous tenez dans un environnement peu propice au développement d’une entreprise médiatique. Avec une quasi-absence de la publicité.  Comment vous y êtes parvenus ?

C’est exact, l’environnement n’est pas du tout favorable. On dit souvent qu’à cœur vaillant rien d’impossible. Nous sommes à ce niveau parce que nous avons cru en nous-mêmes. C’est comme le cas d’autres sites qui n’ont pas eu assez de difficulté pour s’imposer. Il y avait là un grand vide à combler dans le domaine de l’information. Dans notre parcours fait de hauts et de bas, nous avons rassuré les collaborateurs, les partenaires qui ont fini par croire en nous. Bien que beaucoup d’autres hésitent encore. Avec le temps et le travail, nous parviendrons sûrement à les convaincre à travailler avec nous. Concrètement, n’oubliez pas que ces dernières années nous avons initié des enquêtes rigoureuses et produit des articles d’investigation de qualité remarquable qui ont permis au public d’éclairer sa lanterne sur des dossiers sensibles. Je pense que cela a joué en notre faveur. L’autre pan qu’il faut signaler c’est que l’Etat aussi ne fait pas grand-chose pour les médias. Dans de nombreux pays, les dirigeants encouragent les structures à communiquer régulièrement dans les médias pour leur permettre de souffler. Il y a eu beaucoup de promesses dans ce sens. On attend toujours leur concrétisation. Et ça dure depuis des années. La subvention que l’Etat donne annuellement à la presse est loin de combler -même si ce n’est pas son rôle fondamental- tout ce dont elle a besoin pour jouer pleinement son rôle de 4è pouvoir.

Vous ne recevez pas que des critiques favorables. Certains vous taxent d’être à la solde du pouvoir. Que répondez-vous à cela ?

On ne gère pas les humeurs ni les émotions partisanes. Si on nous critique c’est parce qu’on intéresse. « C’est la rançon de la visibilité », nous lançait un jour un lecteur. On dit souvent que dans la presse, si tu écris pour plaire à tout le monde jette ta plume, si tu écris pour ne déranger personne, jette ta plume. Notre choix à nous est de garder notre plume…

On fait ce qu’on croit être bon pour le pays et pour les Guinéens. Aucun média n’est à l’abri des critiques partisanes. En général, ceux qui les émettent n’ont pas assez de recul pour analyser la qualité des informations données par la presse. A Mediaguinee, nous les consommons même si nous ne les partageons pas tous. On croit comme beaucoup qu’il faut laisser les gens apprécier. Cela non plus ne donne pas un blanc-seing à ceux qui nous critiquent ou estiment qu’on ne fait pas -comme eux ils le souhaitent- notre boulot avec des œillères qui écornent l’intérêt du public. Mediaguinee, sans aucun risque de se faire démentir, peut dire qu’il n’obéit à aucun groupe de pression. C’est ça notre identité dans un monde de requins. Nous évoluons donc en fonction de la ligne qu’on s’est tracée. En Guinée, le contexte a fait que chacun aimerait avoir les médias sous sa botte. Malheureusement, Mediaguinee c’est comme cet enfant turbulent qui échappe au contrôle de tout le monde.

Quel regard portez-vous sur la presse en Guinée actuellement ?

L’espoir est là. Mais à dire vrai cette presse commence à dévier de sa trajectoire et est même en passe de devenir un fourre-tout où n’importe qui sait tenir un micro, faire un direct sur les réseaux sociaux ou appuyer sur une plume peut se réclamer journaliste. Alors que le journalisme est un métier exaltant qui appelle à la responsabilité. Je le dis souvent à mes collaborateurs. De l’autre côté, cette presse, il faut le reconnaître, manque également de moyens et souffre d’un déficit de formation. En Guinée, c’est une activité qui n’attire pas de gros financiers. D’ailleurs c’est ce qui fait que certains groupes de pression tentent souvent de la contrôler pour orienter l’information.

Après ce changement de design, doit-on s’attendre à quoi d’autres les jours à venir ? 

Le meilleur est à venir. Dieu est Justice !

Interview réalisée par Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

 

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