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Réformes de l’armée : la montagne a accouché une souris

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Dès l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir en 2010, il s’est fixé comme objectif, la réforme des services de sécurité et de défense.  Vu l’urgence de la situation, le gouvernement avait sollicité  l’assistance  des  partenaires comme le PNUD, les USA, l’Union Européenne, …

Tout à bien commencer, les rencontres avec les partenaires, les ateliers, les séminaires. L’espoir de voir un nouveau visage des services de sécurité et de défense était grand, quand on connait les actes que ces services ont posés entre 2000 et 2009 : pillages, vols des biens de citoyen, viols sur les femmes, bastonnades, tueries pendant les manifestations politiques et sociales.

La réalité de la réforme : Dès les premiers jours du programme de réforme, les actes ont été posés, la retraite de plus 4 200 officiers supérieurs et subalternes  qui avaient plus de 35 ans de service dans l’armée, l’interdiction du port des armes par les militaires qui ne sont pas en services, l’intensification des formations dans les centres de formation de Conakry, de Kindia, Kankan, Kissidougou, Labé…, l’équipement de quelques unités de gendarmerie, le retour de l’armée dans les missions onusiennes comme la MUNISMA.

Les ratés: Certes les  choses ont bien commencé, les réformes étaient visibles et la satisfaction chez les populations se faisait sentir.   Seulement le côté caché de cette réforme reste important.

La corruption : Le dernier rapport de Afro baromètre  est un l’exemple frappant de ce phénomène au sein des services de sécurité et de défense.
Les commissariats et  les gendarmeries sont devenus des tribunaux de première instance, les opj jouent le rôle des procureurs. La concussion fonctionne comme une norme, personne pour arrêter ça. Au niveau de la police routière et de la gendarmerie mobile, les pénalités sont réclamées sur la voie publique, et l’agent qui encaisse cette somme l’empoche directement à son con compte. Au niveau des frontières, le mal est plus profond, militaires, policiers, gendarmes et douaniers se livrent à une guerre de recettes de fonds pour se partager à la fin du service journalier.  Mêmes les marchandises prohibées et  les personnes de moralités douteuses passent sans problème si les conditions financières sont réunies. Au niveau des barrages à l’intérieur du pays, ce sont les militaires qui dictent les lois, ils contrôlent  les pièces d’identité, sévissent contre ceux qui n’ont pas les pièces d’identité, inexplicable non ?

Le manque de formation à la police : Si les formations s’intensifiaient au sein de l’armée, la police qui est le maillon fort de la sécurité manque de façon criarde de formation. Disons les choses telles qu’elles sont. A l’école de police, à part une partie des 4015 fonctionnaires de police recrutés   en 2014 qui ont bénéficié de la formation initiale, les autres fonctionnaires n’ont eu aucune chance de formation. Beaucoup d’entre eux ne savent plus où se trouvent l’école de police, les CMIS (Compagnie Mobile d’Intervention et de Sécurité) sont transformées en centre de formation. Les séminaires sont pratiquement à la portée de ceux de Conakry et environs.

Les recrutements : Les recrutements au sein de nos services de défense et de sécurité  n’ont rien de normale. Généralement, ils se font en cachette, et les heureux bénéficiaires sont les proches des officiers, les recommandés, les plus offrants. Les gens capables sont souvent écartés pour prendre ceux qui sont manipulables à souhait. Quelque fois  parmi les personnes recrutées on retrouve des  éléments dont les casiers judiciaires sont douteux. Il faut réellement repenser les méthodes de recrutement pour accéder à l’armée et à la police.

Les disparités entre militaires, gendarmes, douaniers et policiers. C’est un secret de polichinelle, des disparités profondes existent entre ces différents corps qui constituent la matrice de nos services de défense et de sécurité. Ces disparités provoquent l’inefficacité dans les interventions, créées des conflits internes et ne rassurent pas  la population.

Le manque de respect aux lois du pays : nos services de défense et de sécurité sont les premiers à manquer de respect à nos lois. Ils piétinent sur les règles élémentaires des normes sociales. Ils se croient au dessus des autres citoyens. Tenez, les véhicules des corps habillés en Guinée ne payent pas les vignettes, parfois même les cartes grise du véhicule, donc c’est un refus de payer les impôts. Dès qu’un d’entre eux se trouve dans un véhicule, ce véhicule échappera au contrôle de tous les barrages du pays même si ce véhicule transporte des produits à risque.  Nos services de défense et  de sécurité sont parfois même cités   dans les cas de braquages, de coupeurs de routes, de  vole de biens.

Le manque de travail : Les réformes ont été faites, mais malheureusement, elles n’ont pas été courageuses, il fallait des décisions courageuses. Il fallait diminuer drastiquement des effectifs de l’armée soit pour les transformer en gendarmes ou en policier, donc comme agent de sécurité. Nous ne sommes pas en guerre pour défendre notre pays, mais nous avons besoin de la sécurité des citoyens. Mais si le nombre de militaires est très élevé, il n’y a rien à faire, comment ne pas voir un chef d’équipe transporter le sac d’un citoyen n’ayant aucune fonction officielle dans la république, les militaires, policiers et gendarmes assurent la sécurité dans les stations d’essence, dans les boutiques des libanais, dans les concessions privées pour des gens  qui ne sont plus importants que leurs poches.  Le nombre de militaire est à mes yeux très élevés pour un pays comme la Guinée.

La question des grades : Trop d’officiers  subalternes et supérieurs. Les grades se donnent comme des galettes, ce qui semble abusif. J’ai même vu un chauffeur qui au grade colonel de l’armée. Un autre de grade commissaire qui conduisait un ancien ministre conseiller. Il y’a des commandants de grade qui font les gardes de nuit. IL faut la question des grades au sein de nos services de sécurité et de défense soit remise sur la table, sinon nous aurons une armée mexicaine, tout le monde est officier.

La politisation des services de défense et de sécurité : Nos services de défense et de sécurité sont politiques, bien que les textes réglementaires leur en défendent. L’ancien Directeur général de la police, Bangaly Kourouma a été le premier a affirmé :« Tant que le Pr Alpha Condé sera en vie, il restera au pouvoir ». D’autres  officiers supérieurs occupent des postes politiques  et administratifs au sommet de l’Etat.

Ainsi, lorsque nous tirons une conclusion  rapide,  il se dégage un bilan mitigé  sur ce programme de réforme. Il y a eu trop de bruits pour très peu d’actions. Dans les discours, la réformes ont porté fruit, mais la réalité est toute autre sur le terrain. Les gardes de Fatou Gnélloy ne diront pas le contraire.

Robert Kamano

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