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Une approche de la problématique du régime autoritaire en cette période de crise sanitaire dû au coronavirus (Covid-19)

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Les régimes autoritaires partout où ils sont installés représentent une réelle menace pour la vie des citoyens. Comparativement à la démocratie qui donne et garantie un certain nombre de libertés aux citoyens, le régime autoritaire astreint et limite les droits des uns et des autres. Le virus du covid-19 peut-il cacher celui de l’autoritarisme ? Ma réponse est non! Dans les régimes autoritaires africains, la riposte au coronavirus est un moyen pour l’État de restreindre les libertés des citoyens en bâillonnant toute forme d’opposition. Le cas le plus emblématique de ces dérives est celui de la Guinée où le Président a ordonné aux forces de l’ordre de réprimer toute violation des mesures édictées. Les questions qu’on se pose aujourd’hui sont les suivantes : – Derrière ce projet de riposte ne se cache-t-il pas des dérives autoritaires ? – Les limites de ce régime ne sont-elles pas exposées face à cette crise sanitaire ? Pour répondre à ces interrogations, nous allons nous penser au primo sur le danger d’un tel système politique et secundo sur ses limites dans la gestion de cette crise sanitaire.

1 – Une dangerosité exprimée par une répression sur la population à tous les niveaux.

Le gouvernement de Monsieur Condé a profité de la crise pour étoffer son système de surveillance et que l’accès aux soins de santé et à  la nourriture de certains citoyens vulnérables s’est vu limité.

Les gouvernants voulant imposer leurs volontés sont déterminés à exercer toute sorte de pression, de violence sur le peuple en vue de le contraindre à la soumission et à l’obéissance. Les forces de l’ordre peuvent ainsi s’attaquer aux poches de résistance dans la société civile pour éliminer, parfois en usant de violences policières contre toute forme de contestation « ces mesures pour endiguer la propagation du virus vont entrainer à long terme une érosion des libertés et une répression accrue de la population ». Le confinement les permet d’imposer des mesures limitant les libertés et une surveillance généralisée des populations. Ainsi, les partis politiques sont mis à la touche et les médias sont contrôlés. L’utilisation opportuniste de la crise pour renforcer le régime ou le permettre de marquer des points à l’extérieur. La proclamation des résultats des élections législatives et référendaires du 22 Mars dernier, la mise en place de l’Assemblée Nationale et ses organes consultatifs en sont des exemples concrets. Tout déplacement vers l’intérieur du pays est interdit sauf pour des missions gouvernementales. Ces mesures limitant considérablement les libertés des citoyens peuvent être prolongées indéfiniment par un simple décret royal au delà du délai initialement prévus dans le seul souci de consolider le pouvoir de Sekhoutoureya. Les syndicats, les organisations de la société civile, les partis politiques et les associations des droits de l’homme s’inquiètent de ces démarches. Si on sait que ce régime est depuis des années marqué par de nombreuses violations des droits humains et des attaques récurrentes contre la démocratie. Mais aussi la corruption endémique qui prouve suffisamment ses limites.

 2 – Une limite exposée face à la crise sanitaire

La gestion d’une épidémie de grande ampleur comme le coronavirus qui a réussi à dévaster de grandes nations ne devait pas être confiée à une Agence comme l’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire (ANSS) composée au début de 39 médecins. Une structure qui n’avait aucune représentation digne de nom à l’intérieur du pays. À la place de cette Agence, le pays devait penser dès les premières annonces de cette pandémie en Chine en Décembre 2019 de mettre en place un grand Comité Consultatif composé de plus de 1000 médecins, des agents de force de l’ordre, des représentants territoriaux, mais aussi des hommes de médias et des scientifiques dûment formés pour intervenir dès l’apparition du premier cas en Guinée le 12 Mars 2020. Ce Comité devait être élargi à tout le pays pour éviter toute propagation de la maladie. Les centres de traitement devaient être préparés dans toutes les 33 préfectures du pays et Conakry seul devait abriter 10 étant la zone la plus peuplée du pays. Mais ces centres sont inexistants dans la plus part des préfectures du pays. Les hôpitaux régionaux comme celui de Kindia préparé pour répondre à ce besoin présente un manque criard de matériels médicaux qualifiés et adéquats. Si on sait que dans cet hôpital il n’y a pas plus de 5 expirateurs pour 500 à 1 million de personnes si on tient compte des populations des autres préfectures (Coyah, Dubreka, Forecariah et Telimele) qui composent la région administrative. Un pays comme la Guinée devait en principe se plaindre de tout sauf ces infrastructures de premières nécessités telles que : les écoles et les hôpitaux. Pourtant dans ces derniers, on a assisté à une floraison d’hôtels de luxe dans le pays. Ce qui laisse à comprendre que la Guinée ne manque pas de ressources mais elles sont mal orientées. Peu de guinéens fréquentent les hôtels, mais tous ont besoin d’écoles et d’hôpitaux.                        La cacophonie et l’antagonisme entre l’ANSS et son département de tutelle (Ministère de la Santé) ont contribué à impacter la crise. N’ayons pas connaissance de cet adage africain qui dit » lorsque deux éléphants se battent, ce sont les herbes qui périssent « , ce qui traduit que ce clivage a porté un coup dur à la population qui a connu un nombre important de contamination au covid-19. Le manque de transparence dans la gestion de cette crise empêche et empêchera à la Guinée de dompter en temps réel cette maladie qui ne fait que gagner du terrain, car avec un seul cas le 12 Mars passé, nous sommes à plus de 2000 cas aujourd’hui. Pourtant, un pays comme la Guinée qui a connu l’épidémie d’Ebola entre 2014-2015 devait être exemplaire dans la gestion de cette crise sanitaire si elle avait réellement tiré des leçons de son passé, car un bon ancien combattant doit avoir tous les secrets pour neutraliser un nouvel adversaire. Qu’en est-il du plan de riposte présenté par le gouvernement ? S’il est important, il ne semble pas l’affaire de tous les guinéens. Les problèmes majeurs de la plus part des guinéens résident dans la nourriture et le logement. Les guinéens démunis comme les mendiants, mais aussi ceux vivant dans les zones rurales ne connaissent ni le courant électrique, ni l’eau du robinet. Tout leur problème est lié au manger. Faire une assistance en matière de denrées alimentaires en cette période de crise à ces millions de personnes serait très salutaire. Il en est de même pour les chauffeurs de magbana, de taxis, de taxismotos, des vendeurs de rue, des éboueurs qui doivent continuer à travailler pour vivre avec un risque important d’exposition par la promiscuité. Ils sont toujours nombreux à occuper un même espace rendant impossible toute distanciation physique. Ce qui témoigne que la majeure partie des guinéens vivent du quotidien. « Ce qu’ils cherchent aujourd’hui, est ce qu’ils mangent demain ». Une situation dramatique. Avec cette crise, beaucoup de travailleurs du secteur privé se retrouvent au chômage sans aucune compensation de l’État, c’est le cas des enseignants des écoles privées et d’autres. Dans la plus part de ces ménages les femmes ont pris les relèves, comme souvent, en première ligne. Elles sont obligées de sortir tous les jours faire le petit commerce pour le bien-être économique de leurs familles. Elles sont à cet effet exposées à un risque accru de contamination. On se demande comment sont gérés ces milliards affectés à la gestion de cette crise? Si on sait que les malades et même les médecins soignants se plaignent de leurs conditions de vie.

Pour clore on se demandera si le choc de la crise va ébranler ou au contraire conforter les régimes autoritaires ? En toute hypothèse disons que l’espoir réside avec la démocratie.

Réalisé par Abdoulaye Salim CAMARA, Directeur d’école privée et Salifou SOUMAH, Juriste

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