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Abdoul Malick Diallo, journaliste : « Aujourd’hui, c’est Amadou Diouldé, demain ça sera un autre »

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« La liberté de la presse est de plus en plus violée en Guinée », c’est ce qu’a dit Abdoul Malick Diallo, membre du Collectif pour le soutien à Amadou Diouldé Diallo. Ce journaliste sportif et historien a été kidnappé, inculpé pour « offense au chef de l’Etat » avant d’être place il y a dix jours sous mandat de dépôt.

Le journaliste est depuis à la Maison centrale de Coronthie. Au cours d’un entretien accordé à Verite224.com, le journaliste Abdoul Malick Diallo a fustigé la détention de notre confrère qui violerait les dispositifs de la loi L002 relative à la liberté de la presse en Guinée. Abdoul Malick Diallo invite les journalistes à la solidarité pour se mobiliser dans le but d’obtenir la libération d’Amadou Diouldé Diallo. Lisez.

Quelle est votre réaction après l’interpellation suivie de la mise sous mandat de dépôt du journaliste sportif et historien Amadou Diouldé Diallo ?

Notre confrère et doyen Amadou Diouldé Diallo a été arrêté, samedi 27 février 2021 puis conduit à la direction centrale de la police judiciaire. Il est resté en garde à vue jusqu’à lundi avant d’être inculpé pour « Offense au chef de l’État » et placé en détention à la Maison centrale. Il y a déjà passé plus 10 jours. Au regard de ce qu’on lui reproche, M. Diallo ne devrait pas séjourner un seul instant en détention. Il suffit de regarder les articles 98 et 105 de la loi L02 portant sur la liberté de la presse en Guinée. Il ne devrait être privé de liberté puisqu’il est poursuivi pour un délit de presse. Quelle que soit l’issue du procès, si les faits sont établis, il ne risque qu’une peine pécuniaire et non privative de liberté. C’est pourquoi, nous avons pris l’initiative de le défendre pour dénoncer l’atteinte à la liberté de la presse que constitue sa détention.

Vous avez lancé un mouvement de soutien en faveur de notre confrère. Qu’est-ce qui vous a motivé à lancer une telle démarche ?

Nous avons lancé le Collectif de soutien à Amadou Diouldé Diallo (COSADD) parce que depuis qu’il a été arrêté aucune association de presse en Guinée n’a dénoncé son arrestation. C’est ainsi, nous journalistes, individuellement pris, nous sommes concertés et avons décidé d’apporter notre soutien au journaliste. Aujourd’hui, c’est Amadou Diouldé, mais demain ce sera un autre si les journalistes ne lèvent pas pour dénoncer la violation de la liberté de la presse en Guinée. Nous avons déjà fait des publications sur les réseaux pour attirer l’attention de tout le monde, mais aussi pour interpeller les médias en les invitant à se bouger. La charge d’éthique mondiale des journalistes adoptée en 2019 nous enseigne que « Le/la journaliste fera preuve de confraternité et de solidarité à l’égard de ses consœurs et de ses confrères, sans renoncer pour la cause à sa liberté d’investigation, d’information, de critique, de commentaire, de satire et de choix éditorial». Nous invitons donc tous les journalistes à exprimer leur solidarité et confraternité à l’égard du doyen Amadou Djoulde Diallo.

Quelles sont vos perspectives ?

Nous avons lancé officiellement le mouvement, ce mercredi 10 mars 2021 à la Maison de presse à 15 heures. Dans un premier temps, nous envisageons de rencontrer les patrons de presse et les différentes associations de presse ainsi que la Haute autorité de la communication. Nous allons leur demander de s’impliquer et de soutenir l’initiative qui a conduit à la mise en place du COSADD.

De plus en plus de journalistes sont poursuivis ou condamnés. Quel regard portez-vous sur la liberté de la presse en Guinée ?

Notre confrère Habib Marouane a été ce mercredi, devant le tribunal de Kaloum dans l’affaire l’opposant au ministre Bantama Sow. La poursuite contre les journalistes ayant révélé l’affaire dite Nabayagate qui est toujours pendante devant le tribunal de Kaloum. Récemment, on a assisté à la condamnation des journalistes de Nostalgie sur la base du Code pénal alors qu’ils devraient être jugés sur la base de la L02 sur la liberté de la presse. Un autre journaliste a été récemment condamné à 6 mois de prison ferme. Au regard de ces faits, on peut affirmer que la liberté de la presse est de plus en plus violée en Guinée. Cela ne s’arrêtera pas tant que les journalistes ne se lèveront pas ensemble pour dire ça suffit.

Entretien réalisé par Alpha Oumar Diallo

 

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