Lettre de Grand-mère venant de Guéckédou

Mon cher petit fils, Tamba
Je t’écris pour prendre de tes nouvelles et surtout te donner des conseils pour t’en sortir de cette période tumultueuse.
Nous avons appris les derniers développements de la situation à Conakry. Je ne me réjouis pas du tout, au contraire ; mais je dois te dire que quand le tam-tam de la mort sonne, les oreilles des vivants ne l’entendent pas ! Cette situation est le résultat de votre entêtement à Conakry. Vous n’avez jamais compris que le Guinéen d’hier et différent du Guinéen d’aujourd’hui. Passons à autre chose.
Mon petit-fils, ne vous réjouissez pas ! Car vous ne savez pas ce que ces gens nous réservent. Sont-ils de bonne foi ? Que vont-ils faire ? Vont-ils ramener les vieux tissus pour associer aux nouveaux tissus pour espérer avoir du nouveau ? Pour l’instant, rien ne nous garantit qu’ils seront différents des premiers.
Si je devrais dire quelque chose aux jeunes et combattants pour la démocratie en Guinée, je dirai ceci :
1. Ne vous mettez plus à dépenser d’autres sommes pour rédiger une nouvelle constitution, lutter pour que celle de 2010 soit rétablit, cela évitera des dépenses inutiles à l’Etat
2. Battez-vous pour que tous ceux qui de près ou de loin se sont investis pour modifier la constitution de 2010 soient privés de droits civiques pendant une période d’au moins 15 ans cela servira de leçon à ceux qui voudront tenter la même chose dans le futur.
3. Battez-vous pour récupérer tous les biens de l’État que les gens ont détourné frauduleusement pour satisfaire leur ambition d’enrichissement illicite. Des hauts cadres de l’État en passant par des commerçants qui bénéficient de la faveur de certains malhonnêtes, des chefs d’entreprises, des fondateurs d’écoles ; bref, tous ceux qui sucent la Guinée.
Si vous manquez cela, la Guinée sera encore à la case départ au départ des militaires.
4. Battez-vous pour la naissance d’une société civile apolitique, d’une administration dépolitisée et incorruptible, exempte de concussion …
5. Battez –vous pour les valeurs républicaines, et non pour l’ethnie, la région, la religion.
6. Proposez un agenda très clair à la junte, avec un premier ministre issu du milieu politique, qui gérera la transition et organisera les élections en commençant par valider le référendum, les élections locales, législatives et présidentielles.
Nous pensons que la prudence vous aidera cette fois-ci et vous pourriez nous proposer quelque chose de bon.
Par Robert Kamano
C’est une vérité, mais ça reste d’autres élements, vraiment.