Toutes les infos en direct sur la Guinée

Boko Haram à Labé : Et si l’ex-préfet avait raison?

0

J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt la réaction des journalistes dans les émissions MIRADOR et GRANDES GUEULES de ce mercredi et de certains auditeurs aux propos tenus par l’ex-préfet de Labé à la délégation gouvernementale conduite par le premier ministre Mohamed Béavogui, propos relatifs à la menace terroriste qui planerait sur la région de Labé. Les commentateurs qui en sont suivis, sont allés dans tous les sens, toute chose très normale dans le contexte actuel.

J’ai donc décidé, en tant que ressortissant de ladite région et militant islamique depuis 1992 d’apporter ma contribution au débat autour de cette autre actualité qui hante la région depuis plus de trois décennies.

A Labé, d’où je suis originaire – plus précisément, de la sous-préfecture de Tountouroun – des musulmans d’obédience dite sunnite, se sont heurtés à partir des années 90 à Elhadj Abdourahmane Bah – Qu’Allah l’agrée –  à l’époque premier responsable de la ligue islamique régionale – et ses collaborateurs, d’obédience tidjanite. Depuis, une profonde dissension s’est installée entre les adeptes des deux courants de pensée islamique.

Cela, je l’ai compris en 2002 lorsque je me suis rendu à Labé pour rencontrer les autorités religieuses et administratives pour les préparatifs préliminaires de notre camp national de formation islamique (CANAFI, en abrégé). A l’Inspection Régionale de l’Education (IRE) – puisque mon association y relève –, première étape de ma mission, il m’a été demandé d’aller au prime abord à la rencontre de l’inspection régionale de la ligue islamique pour avoir leur aval.

Et, en ces temps-là, c’était le très respecté Elhadj Abdourahmane Bah – Qu’Allah l’agrée – qui m’a reçu à son domicile en compagnie de certains de ses collaborateurs. Lui ayant exposé le motif de ma présence, sa première réaction à mon endroit fut de savoir si nous ne sommes pas de connivence avec ces jeunes dits sunnites. Après moult échanges, je finis par avoir son autorisation.

Cette situation délétère a perduré jusqu’à l’arrestation d’un certain Aboubacar se réclamant de ces jeunes dits sunnites suite au tollé occasionné par l’organisation de la prière du vendredi dans une mosquée leur appartenant alors qu’ils n’avaient pas reçu  d’accord préalable des autorités du secrétariat régional aux affaires religieuses, selon ce que j’ai pu lire sur des sites en ligne. Cet homme, pour se dédouaner des accusations portées contre lui, aurait dit à son audition qu’il aurait été contacté par un élément de Boko Haram et qu’il aurait décliné les propositions de collaboration qui lui avaient été faites.

Par ailleurs, quelques mois après l’avènement du CNRD, nous avons aussi lu sur des sites en ligne un courrier que l’un des responsables de ce mouvement dit sunnite, aurait adressé aux nouvelles autorités pour porter à leur connaissance les griefs et récriminations qu’ils ont à l’encontre de l’inspection régionale des affaires religieuses et, par ricochet, la famille d’Elhadj Abdourahmane Bah – Qu’Allah l’agrée.

Partant de ces faits, l’inquiétude de l’ex-préfet, qui est lui aussi fils d’Elhadj Abdourahmane Bah – Qu’Allah l’agrée – se comprend et se justifie, pour qui sait ce que la famille – depuis leur grand père Thierno Aliou Bhoubha Ndiyan – a toujours représenté dans la sphère islamique dans la région de Labé et du Fouta, en général.

Pour ma part, après une profonde analyse et au vu des précédents fâcheux, je voudrais que nous nuancions les propos de l’ex-préfet pour dire que son appel à l’endroit du gouvernement, s’inscrit dans un cadre strictement préventif, parce que qui dit Boko Haram, se fait l’image des atrocités commises au nom d’un certain islam. Et, ceux-là – pas tous – qui se réclament de l’islam de l’obédience sunnite – qui est toujours en désaccord profond avec les vieux –  ont pour la plupart des comportements qui ne sont pas de nature à aller dans le sens de rassurer et d’apaiser.

Je dis ceci en toute connaissance de cause parce que vivant moi aussi la même réalité dans ma sous-préfecture de Tountouroun située à une dizaine de kilomètres de Labé sur la route nationale Labé- Mali. Ce n’est que grâce à la vigilance et à la promptitude des autorités sous-préfectorales et de certains sages de la localité que nous parvenions, tant bien que mal, à éviter le pire, et ce, durant près d’une décennie.  Nous sommes donc constamment sur le qui-vive. Car, par le fait de ses jeunes se réclamant de l’islam dit sunnite, le climat social a été fortement pollué.

Et, fort malheureusement, la sortie de crise n’est pas pour demain aussi bien pour les habitants de Labé que ceux de ma sous-préfecture.

MAMADOU DJOULDE SOW

IMAM ET MILITANT ISLAMIQUE

SIMBAYA – RATOMA – CONAKRY

622 24 84 33

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite

Politique de confidentialité et de cookies
Partager