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N’zérekoré : les jeunes de la Guinée forestière demandent le départ du gouverneur Mohamed Gharé

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Dans un long courrier transmis au Président de la République dont Verite224 détient une copie, la Jeunesse de la Guinée forestière fustige la missive « discriminatoire » rédigé par certains jeunes qui se réclament de la communauté Konia. La jeunesse forestière a fait d’importantes recommandations dans lesquelles figure le limogeage du gouverneur Mohamed Gharé.

Lisez l’intégralité de la lettre. 

Objet : Réaction au courrier adressé par certains individus au nom de la « Jeunesse Communauté Konia de la Guinée forestière/N’zérékoré »

Excellence Monsieur le Président

Nous sommes médusés du courrier signé par les sieurs Bangaly Bayo (628 01 85 52) et Yacouba Camara (622 95 12 69) au nom de la jeunesse de la communauté Konia vivant en Guinée forestière, qui vous a été adressé le 27 juillet 2020 et dont la copie est enregistrée au Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), le 11 Aout 2020, sous le numéro 2287. Ce courrier a pour objet : « Contribution de la jeunesse Konia à la Consolidation de la paix et au renforcement du RPG/AEC en milieu Konia ». Il vous est adressé, via le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, par le Gouverneur de la Région administrative de N’zérékoré.

Dans sa lettre de transmission, notre Gouverneur fait bien de s’arroger de l’honneur qu’il a à vous transmettre ce mémorandum dont il a certainement vérifié sa légalité et la légitimité des expéditeurs et précise que la jeunesse Konia «…propose des solutions pour le renforcement des assises du RPG/AEC dans la Région forestière» alors que nous avons une coordination du RPG à N’zérékoré qui pouvait transmettre cette lettre. Par une telle indication, nous n’avons plus d’illusion. Monsieur le Gouverneur, supposé être le garant de la paix, de la neutralité (article 33 de la Constitution 2020), de la quiétude dans sa zone d’administration, affiche clairement qu’un groupe de jeunes Konia a des solutions pour le rayonnement du RPG/AEC en Guinée forestière avec des accusations portées dans le courrier qu’il transmet. Pourtant, il sait bien que « depuis des décennies, la préfecture de Nzérékoré est devenue le théâtre de conflits à répétition suite auxquels le tissu social est fragilisé, entraînant un manque total de cohésion entre les communautés, notamment les Kpélè et les Konia. Même si les conflits qui affectent généralement cette préfecture sont de raisons diverses, les plus désastreux et cycliques sont principalement dûs aux incompréhensions entre les Kpélè et les Konia, or l’incompréhension est un indicateur de conflit en état latent, car l’on dit souvent que les incompréhensions d’aujourd’hui sont les sources de conflits de demain. Cette situation suscite autant de méfiance, d’indifférence et de repli identitaire.»[1] Cela peut s’expliquer par les analyses de la majorité des citoyens et des associations de jeunes.

Nous sommes avertis et un homme averti en vaut autant. Restons avec le courrier de ceux qui se réclament être la jeunesse Konia. Mais avant, nous tenons à remercier la coordination Konia pour sa déclaration et sa dissociation d’un tel mémorandum qui affiche clairement la haine et l’esprit belliqueux de ses auteurs.

Excellence Monsieur le Président.   

La Guinée forestière est souvent sujette de conflits inter communautaires, depuis le tournant décisif de Juin 1991. Les principaux protagonistes sont les Konia d’un côté et les peuples autochtones de la guinée forestière de l’autre côté.

Dans ce passé récent, les exemples des préfectures de Macenta et N’zérékoré font légions. Nous sommes alors à mesure de nous demander pourquoi toujours des conflits avec les Konia alors qu’ils ne sont pas les seuls allochtones ou allogènes  dans la région. En tout cas, si tout le monde reproche la même chose à une seule personne, le discernement ne tardera pas à l’a mettre en cause. C’est un proverbe Kpèlè qui nous l’apprend.

Dans la lettre dite de la jeunesse Konia, nous lissons et comprenons :

 

  • La victimisation du peuple Konia par les auteurs:

Les signataires du mémorandum expliquent que la communauté konia est victime des évènements du mois de mars 2020, « tout comme les affrontement meurtriers de 1991 d’origine politique qui ont fait près de cinq cent (500) morts et des dégâts matériels énormes du côté Konia». Nous sommes habitués à ces personnes victimes de tout et de rien, celles qui se dédouanent constamment et qui n’assument jamais grand-chose. Dans un conflit, elles n’ont pas leur part de responsabilité, ce n’est même jamais leur faute.  Cette méthode archaïque de vouloir la bienfaisance du chef se confirme encore aujourd’hui. Les auteurs dudit mémorandum affirment que le Konia est même victime du RPG/AEC. Nous ne sommes pas alors étonnés. Nous savons que « l’homme est le rêve de sa pensée …et… le vrai mal est de connaitre le bien et de l’ignorer » (Olivier Lockert, 2001)

Les sieurs Bangaly Bayo et Yacouba Camara, au nom d’une jeunesse Konia qu’eux seuls connaissance son existence, vont jusqu’à trouver les auteurs des évènements malheureux survenus à N’zérékoré en pointant des doigts des activistes qu’ils citent dans le document. Nous ne sommes pas dupes. Nous sommes maintenant conscients que le jugement de nos frères qui sont en prison est déjà fait sans même que la procédure judiciaire normale ne soit conduite. Nous avions crus au principe sacrosaint de la présomption d’innocence et de l’impartialité de l’appareil judiciaire en Guinée. Aujourd’hui, nous avons compris que c’est un règlement de compte ethnique. Ils doivent alors être condamnés par ce qu’ils ne sont pas Konia ou du moins, dans l’esprit des auteurs dudit mémorandum. Ils sont d’ailleurs qualifiés de « principaux commanditaires des odieux évènements de mars 2020 » par ces jugent Konia qui viennent de terminer leurs ‘‘enquêtes’’. Cela nous interpelle tous car, « quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille. On parle de vous » (Frantz Fanon, 1979).

Nous trouvons cette démarche de discriminatoire du peuple autochtone de la Guinée forestière, contrairement à l’idée de l’article 9 de la Constitution de 2020.

  • L’expression notre pouvoir Commun

Excellence Monsieur le Président de la République

Nous comprenons pourquoi la démarche de Monsieur Sékou Souapé pour faciliter l’adhésion de certaines personnes au RPG dans la région forestière est vue comme malsaine. Nous n’avions jamais crus que le RPG était le résultat d’une expression ethnique. Nous avions tous crus et suivis votre programme de développement. Nous venons d’être informés que nous nous trompions, par le premier vice-maire de N’zérékoré, allé de l’UFR à l’UFDG, puis au RPG et ensuite issu du rang du Rassemblement pour la Renaissance et le Développement (RRD) pour la Mairie, qu’il a d’ailleurs quitté lors des élections législatives pour le Parti Démocratique Conservateur (PDC). Il est donc clair que cela ne va pas nous décourager à croire à une Guinée radieuse qui connaitra la participation de tous les guinéens. Mais un tel courrier nous permet de comprendre l’esprit qui prévaut chez nos neveux Konia pour mieux construire la stabilité de la région.

En effet, par le mémorandum de ces jeunes, nous sommes informés que certaines personnes de l’ethnie Konia excluent déjà une frange importante du peuple de la Guinée forestière du pouvoir, « suite à vos instructions » disent-ils. Pourtant, du Mouvement National Démocratique, au Rassemblement du Peuple de Guinée en passant par  l’Unité, Justice, Patrie, le Rassemblement des Patriotes de Guinée, votre souci a toujours été  d’unir les guinéens autour de la même vision. Une telle démarche ne peut donc se faire avec des individus qui créent et entretiennent des méthodes sataniques pour diviser le peuple et salir votre vision.

  • Des Comportements de Monsieur Sékou Souapé

Nous ne voulons pas tarder sur ce sujet car, nombreux sont plutôt nos parents qui sont victimes des démarches de leurs fils Sékou Souapé pour aller au RPG.

En effet, venu en mission pour la paix à N’zérékoré, Monsieur Sékou Souapé a passé tout son temps entre les villages et les cases pour convaincre les populations à croire à votre programme et à vous accompagner pour le bien de la région. Si cela est considéré et chanté comme le mal du RPG, nous ne pouvons que prendre acte. C’était la même méthode qui fut employée contre le Colonel Claude Pivi lors de son dernier séjour à N’zérékoré.

Cependant, pour la cohésion sociale, nous avons gardé notre silence face à certaines atrocités et menaces proférés par le Colonel Moussa Tiegboro Camara à Nyampala, Gbuo, Koulé, Koyama, etc. Un rapport séparé est en cours de préparation par les personnes concernées et vous sera transmis à temps opportun.

Excellence Monsieur le Président

Sans hypocrisie, s’il y a une personne à féliciter par vous, c’est bien Monsieur Sékou Souapé. En effet, il est vrai qu’il est aujourd’hui chanté comme la personne voulant forcer la main à certaines personnes pour le RPG, mais c’est plutôt pour le RPG qu’il le fait. Dans tous les cas, nous prenons acte du mémorandum et désormais, nous savons comment faire.

  • De l’esprit de division ethnique et communautaire

Excellence Monsieur le Président de la République

Depuis longtemps, les peuples de la Guinée forestière cohabitaient pacifiquement. L’expression kpèlè « mon konia » était une maxime qui symbolisait l’hospitalité du peuple de la Guinée forestière. Aujourd’hui, les signataires du mémorandum au nom des Konia, non avantagés par la paix dans cette région, optent pour la division entre les Konia et les Kpèlè. Dans leur mémorandum ces infanticides demandent un directoire pour les Konia et un autre pour les kpèlè. Cet esprit malsain vient afficher mieux la nature des auteurs du mémorandum et leur état d’esprit. Nous n’avons plus besoins de chercher les sources des troubles à N’zérékoré. Elles se sont présentées à visage découvert. Elles se nomment Bangaly Bayo, Yacouba Camara et leur encadreur, Monsieur le Gouverneur de la région administrative de N’zérékoré (Mohamed Gharé). Heureusement que les Konia et nous avons déjà compris que « nous devons apprendre à vivre ensemble comme frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots » (Martin Luther King).

  • Tout acte de frustration des Konia dans le contexte actuel est susceptible… de fragiliser la paix. 

Excellence Monsieur le Président

Notre région est aujourd’hui menacée d’attaque par des personnes identifiées. L’intégrité d’une partie du territoire national, la sécurité et l’unité nationale dont l’article 36 de la Constitution guinéenne de 2020 fait de vous le garant, sont alertées. La vie de la population de la Guinée forestière est en danger.

 

Nous vous prenons alors en témoins. Cette déclaration de guerre est pour nous une provocation sociale de toutes les Communautés vivant en Guinée forestière. Et comme nous venons de lire dans le mémorandum que ceux qui se réclament Konia sont actuellement frustrés et même inquiets, nous pouvons déjà connaitre la suite. Nous avons alors besoins de votre assistance comme prévu à l’article 6 de notre Constitution 2020.

  • De la liste des 23 jeunes Konia

Nous ne savions pas que les postes se négociaient par l’engagement politique et belliqueux. Nous avons toujours cru à votre volonté de rassembler/unir tous les guinéens et de construire une administration basée sur les compétences et les valeurs intrinsèques de chacun.  Nous avons des milliers de jeunes kpèlè, loma, kissi, könö, Manon, peulh, malinké, Konia, Soussou, etc. qui ont terminé les études et de grandes études, mais qui sont en chômage.  Pourtant, l’Etat doit « garantir l’égal accès aux emplois publics » (Article 30 – Constitution 2020)

Par ailleurs, par le mémorandum dit de la Jeunesse Konia, les auteurs stigmatisent nos frères et sœurs Konia en nous faisant comprendre qu’ils ont tellement été servis par les postes de manière qu’il ne reste que 23 diplômés qui n’ont pas d’emploi. Si cette hypothèse est fausse, il va falloir considérer alors que les jeunes konia ne sont pas nombreux dans l’arène intellectuelle à N’zérékoré pour n’avoir que 23 personnes sur la liste. Cette manière décourage les jeunes à étudier pour s’adonner à des pratiques de mendicité qui fait naitre l’esprit de violence.

  • L’impact d’un tel écrit sur la paix 

Excellence Monsieur le Président

Malgré les tentatives de réconciliation et d’instauration de la paix en Guinée forestière, nous venons de découvrir aujourd’hui qu’il y a toujours des personnes qui veulent pécher dans l’eau trouble. Au-delà des rumeurs qui ont souvent circulé autour de Monsieur Bangaly Bayo comme entretenant un groupe d’ex rebelles de l’UNIMO, un regard purement sociologique qui ait la prétention d’embrasser toute la réalité avec sa méthodologie d’une façon hypothétiquement neutre et aseptisée, nous permet de comprendre qu’il n’est pas prêt à la paix. Nous ne pouvons pas accepter que la vie de toute une région soit prise en otage par un seul individu.

Le style discriminatoire et haineux du Mémorandum qu’il a cosigné avec Yacouba Camara et transit par le Gouverneur de la Région administrative de N’zérékoré, fragilise plutôt la paix à N’zérékoré. Un tel mémorandum aggrave le clivage social dans une région où nous peinons à réconcilier les cœurs.

Recommandations

  • La démission de Monsieur Bangaly Bayo de ses fonctions de premier Vice-Maire, de conseiller communal de N’zérékoré et chef de quartier de Dorota pour faute lourde.
  • La traduction des Sieurs Bangaly Bayo et Yacouba Camara devant les juridictions compétentes pour incitation à la haine et à la violence.
  • Le départ immédiat de Monsieur le Gouverneur de la région administrative de N’zérékoré pour sa partialité dans l’appréciation des faits

 

Veillez recevoir, Excellence Monsieur le Président, l’expression de notre dévouement pour la paix et l’unité en région forestière de Guinée.

 

N’zérékoré, le 31 Aout 2020

 

Pour la Jeunesse de la Guinée forestière

Dr Antoine Monemou                                               Eugene Loua

622 91 00 92                                                             624 23 60 20

[1] Déclaration finale à l’occasion de la cérémonie de réconciliation à la place des Martyrs à N’zérékoré

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