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Quelle était la situation économique sous Sékou Touré ?

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La gestion économique de Sékou Touré était tel que vers la fin des années de 1970 il était obligé de solliciter l’assistance des institutions de Bretton Woods et il fit aussi en 1979 une demande d’adhésion à la Société financière internationale qui fut acceptée.

C’est ainsi qu’à la demande du gouvernement guinéen, en 1979 la Banque Mondiale envoya des experts sur le terrain pour évaluer la situation économique de notre pays. À la suite de leur évaluation, ils redigèrent un mémorandum que le gouvernement de Sékou Touré avait analysé avant qu’il ne soit publié en 1981. Ce document est disponible dans les archives de la Banque Mondiale.

Selon ce document de la Banque Mondiale publié en Juillet 1981, la dette extérieure de la Guinée s’élevait à 1,2 milliards de dollars américains. (Oui je sais qu’il y a beaucoup qui nous font croire aujourd’hui qu’à la mort de Sekou Touré, le pays n’était pas endetté).

En plus, malgré les exploitations et les exportations minières surtout de la Bauxite dont la Guinée était le premier pays exportateur du monde, la balance des paiements était négative car la Guinée importait plus qu’elle n’exportait et le pays rencontrait d’énormes difficultés pour combler ce déficit. D’ailleurs si pendant la colonisation, notre pays était un net exportateur de produits agricoles, à partir de 1960 soit 2 ans seulement après l’arrivée de Sékou Touré au pouvoir, le pays était devenu un importateur de produits agricoles.

Par ailleurs, seulement 5% de la population avait accès à l’électricité. Il y avait qu’un seul médecin ou infirmier pour plus de 16600 habitants et seulement un ménage sur 10 avait accès à l’eau potable. Le taux d’analphabétisme était de 80% et seulement 1/3 des enfants ayant l’âge d’aller à l’école étaient scolarisés.

Le pays comptait plus de 180 entreprises publiques. Malheureusement, la productivité de ces entreprises était faible par rapport à leur capacité. Elles dépendaient essentiellement des infusions de cash de la part de l’Etat pour combler leurs déficits financiers. Ces entreprises étaient aussi confrontées au manque de personnel qualifié, d’électricité et de routes,  à l’insuffisance de matières premières mais aussi et surtout au manque de pièces de rechange et de devises dû à l’isolement du pays.

Pour faire face aux dépenses d’investissements publics et pour soutenir ces entreprises publiques, l’Etat était obligé de recourir à la planche à billets. C’est ce qui en retour avait exacerbé l’inflation. La masse monétaire en circulation avait atteint les 44% du PIB dans la première moitié des années 70 alors que celle-ci n’atteignait même pas les 25% dans les pays voisins. Pour endiguer ce problème et revaloriser la monnaie locale, le régime de Sékou Touré va procéder au changement de monnaie en 1972. Du Franc qui avait été introduit en 1960, le pays va passer à une nouvelle monnaie dénommée le Syli. Cependant cela ne mit pas fin aux difficultés économiques et financières du pays.

En 1973, le niveau d’endettement atteignait les 75% du PIB et un déficit budgétaire qui avoisinait les 18% du PIB. Entre 1960 et 1975, l’économie n’avait enregistré qu’une croissance de 2% par an. Ce qui était nettement inférieur au taux de croissance de la population pendant cette même période qui était de 2,8%. N’eut été l’émigration massive des guinéens vers les pays limitrophes (Sénégal, Liberia, Sierra Leone et Côte d’Ivoire), le pays aurait connu des remous sociaux plus graves que ceux de 1977 car les problèmes économiques allaient se ressentir par la population de façon plus dramatique.

Les données de la BM en images. Vous pouvez tirez votre propre conclusion…

Abdoulaye J Barry

 

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