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Ebola en Guinée : violences et discrimination, le calvaire quotidien des victimes d’Ebola 

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Visage assombri avec une petite voix, en pleure, Isabelle Camara semble être résignée. Pourtant, elle avait voulu résister avant de tomber dans ce fatalisme sournois. En sanglot, cette mère célibataire de trois enfants raconte à un journaliste de Verite224.com, les difficultés qu’elle affronte quotidiennement. Des calvaires qui mènent sa vie en enfer, à N’gné, un quartier de N’zérékoré.

Entre menaces, discriminations et parfois violences physiques, la trentaine rescapée du virus mortel d’Ebola il y a sept ans est une exclue de la société. « Je vis presque seule avec mes enfants. On m’accuse de tous les péchés d’Israël. On m’accuse d’être sorcière. Mon ex-copain et ses parents m’ont abandonné. Pour mon ex-copain, c’est récemment vu les énormes pressions de la part de sa famille, qu’il a été obligé de m’abandonner« , explique Isabelle Camara.

Amalgame entre Ebola et sorcellerie

Visiblement amaigri par les soucis, cette rescapée raconte sa mésaventure du jeudi 24 Octobre dernier quand un groupe des jeunes l’a encerclé pour tenter de la lyncher. « Je revenais du marché, je m’apprêtais à rentrer. Au cours du chemin, 4 jeunes ont fait irruption sur moi en m’accusant d’être sorcière. Il y a un jeune qui m’a accusé d’avoir rendu sa petite sœur malade. Il m’a dit comment est-ce que j’ai pu vivre avec l’Ebola alors qu’il y a beaucoup de morts dans le quartier de suite du virus. Il a dit que c’est parce que je suis sorcière. J’ai dit non ce n’est pas vrai, du coup, les jeunes ont commencé à me frapper à me rouer de coups. Le sang coulait partout sur moi, ils sont partis et m’ont laissé pour morte« , témoigne la jeune femme.

Violence et intimidation

Devant sa maisonnette, les deux enfants de Césaire Kpogomou sont traumatisés.  Il y a deux semaines, au village de Womey, ils ont été témoins de l’attaque dans la nuit d’un groupe des jeunes villageois sur leur maison. « Ils ont encerclé mon papa, chacun lui donnait des coups. Ils disent qu’au Congo, l’Ebola est revenu et que le virus arrive au village, ils vont le tuer », raconte l’adolescent Odilon Kpogomou. Césaire avait été hospitalisé pendant cinq jours avant de regagner son village. « Pour tout problème on nous accuse. Mon ami, Illias a été obligé de quitter le village pour aller en Côte d’Ivoire. Je crois que je finirais par faire comme lui, m’en aller avec ma famille« , souligne-t-il.

Au mois de septembre 2014, une équipe composée de 10 personnes dont des médecins, de prêtre et des journalistes avaient été découpée à la machette par les habitants du village de  Womey qui les accusent de vouloir introduire le virus Ebola dans leur localité. Confrontés à des stigmatisations et des violences sans fin, les rescapés d’Ebola poursuivent leur calvaire après avoir échappé quelques années plutôt au virus mortel.

En Guinée, malgré la recrudescence des violences et stigmatisations contre les rescapés du virus mortel d’Ebola, les autorités locales et sanitaires sont silencieuses. Du coup les survivants sont exposés régulièrement à des violences récurrentes. Ces violents incidents se sont multipliés depuis la réapparition du virus Ebola en République démocratique du Congo. En attendant, certains survivants sont obligés de s’exiler pour fuir les violences et les discriminations.

Fatoumata Binta Diallo

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