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La problématique des élections dans le processus démocratique en Guinée

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Les élections qui sont en temps réel la pierre angulaire de la démocratie, puisque que c’est à travers elles que le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple se manifeste aisément, sont malheureusement depuis l’avènement du multipartisme vers les années 90 source de conflit en Guinée. Les élections entraînent souvent des affrontements meurtriers avec un spectacle très triste mettant à mal l’évolution démocratique.

Cette situation n’est malheureusement pas propre à la Guinée, et c’est presque partout pareil en Afrique, car dans la plupart des pays africains et surtout francophones, la tenue des élections est synonyme de conflit, d’affrontements meurtrier, un fait cauchemardesque pour la population guinéenne et africaine qui désabusées commencent à regretter l’époque du monopartisme, du parti-État où de tels conflits ne pouvaient pas paraître puisque le vainqueur des élections étaient connu d’avance et qu’il n’y avait qu’un seul parti qui participait aux élections.

En effet dans le cas guinéen, on avait cru qu’avec l’arrivée de l’opposant historique à la tête de l’État guinéen, la Guinée n’allait plus faire face à de tels conflits puisque lui même en a été victime de par le passé et qu’il fût opposant politique pour permettre à la Guinée de consolider son processus de démocratisation enclenché en 1990 mais bloqué depuis lors.

Malheureusement tel n’est pas le cas aujourd’hui, puisque l’arrivée en 2010 de l’opposant historique M. Alpha Condé plonge la Guinée depuis dans une situation conflictuelle, une crise électorale, inquiètante et récurrente.

Et pourtant les élections étant cet instrument à travers lequel le peuple doit librement exprimer son choix ne doit pas être source de conflit, car elles sont forcément très fréquentes en plein processus démocratique. Mais malheureusement le constat est très amer en Guinée, car la classe politique guinéenne passe par tous les moyens pour faire du processus électoral, une source de division, de haine, d’affrontements meurtriers et cela depuis 1990.

Ce qui pousse à se demander, pourquoi les élections qui sont censées favoriser un cadre nouveau, sont sources de violences ?

Pourquoi les élections au lieu de stabiliser, déstabilisent le plus souvent en Guinée ?

Au fait les causes de cette situation crisogène liée à l’organisation des élections en Guinée sont surtout variées et propres à la Guinée et beaucoup de pays africains et elles font partie de ce qu`on appelle la violence politique, qui est une forme de conflits anarchiques et destructives, destinés à atteindre
un but politique, comme paramètre de la stratégie ». Elle vise le contrôle du pouvoir politique en passant par la force.
Cette violence politique voulue et entretenue par le pouvoir est due au manque de culture politique, citoyenne des guinéens, à l’appétit du pouvoir chez les leaders politiques et les tenants du pouvoir, la lutte du contrôle des structures en charge d’organisation des élections telle que la CENI en Guinée.

Le manque de culture
politique démocratique des guinéens est l’une des causes principales de ces crises électorales émaillées d’affrontements meurtriers et constitue un frein à l’enracinement du pluralisme en Guinée. Et il se traduit par le manque d`éducation démocratique de la population guinéenne qui a malheureusement une méconnaissance des règles démocratiques telles que : la liberté de presse et de l’information, l’existence de l’alternance véritable
du pouvoir, le respect de la Constitution, l’existence de plusieurs partis politiques
aux idéologies différentes et qui luttent sainement pour la conquête du pouvoir, la séparation réelle des pouvoirs , le respect de la dignité humaine, la liberté de travail etc…

Plus pathétique encore est le fait que cette méconnaissance des règles de la démocratie soit observée même chez les intellectuels notamment les leaders politiques, une situation qui complique donc l’émergence d’une société démocratique en Guinée. Car la classe politique guinéenne caractérisée d’ores et déjà par une déficience morale et intellectuelle , font une très mauvaise appréciation du jeu démocratique, et leur appréciation est souvent
liée à la satisfaction de leurs intérêts égoïstes et égotiques. Étant d’ailleurs toujours de mauvaise foi, ils nagent dans le dilatoire, oubliant qu`ils sont d’abord des formateurs et des exemples et feignant de comprendre qu’ils sont en face d’une population à presque 80% d’analphabète, privilégiant ainsi leurs ambitions et droits par rapport à leurs devoir.

L’autre facteur encourageant cette violence électorale est lié à l’appétit du pouvoir du guinéen. La plupart des hommes politiques guinéens ont des comportements despotiques et autoritaires. Le pouvoir rien que le pouvoir sans conviction aucune, sans un idéal semble être le leitmotiv du politicien guinéen. Tellement ils sont obnubilés par le pouvoir d’État, ils oublient tout autour d’eux et perdent le sens même de leur humanisme.

L’État étant la seule source de revenus intarissable et le seul moyen d`enrichissement rapide, chacun se transforme donc en politicien et pense avoir la capacité de la gestion des services publics. Car ils savent q’une fois avoir occupé un poste ou devenu Président de la République , ils seront libres de dilapider les ressources de l’État sans être inquiètés. Car en Guinée lorsqu’on est président de la République ou ministre outre le budget officiel qui permet le fonctionnement du pays, on dispose facilement d`un budget spécial qui
échappe à tout contrôle fiscal, c`est une caisse noire qui leur permet d`acheter une clientèle politique. Ensuite, être au pouvoir est un moyen de placer dans l`administration publique tous ses proche. Encourageant ainsi le népotisme, le clientélisme et cela se passe même dans les partis politiques. Ainsi le pouvoir confère honneur et prestige à son détenteur.

Et c’est pourquoi les chefs leaders se battent pour être la clé de voûte de leur société et, leur clan non pour être un chef d’état. Et dans cette perspective les élections deviennent forcément un champ d`affrontement.

Un autre facteur qui est à la base de ces crises électorales en Guinée et cela depuis l’avènement du multipartisme en Guinée est lié au contrôle des structures ayant en charge les élections telle que le cas de la la CENI aujourd’hui en Guinée, qui demeure tant au niveau des opposants que du pouvoir un aspect de leur « programme de gouvernement ». En effet, le contrôle de ces structures focalise leur attention, créant ainsi la suspicion et la méfiance entre eux. Même si l’opposition guinéenne fidèle à elle même brille ici par son incohérence, car tantôt elle dénonce le processus électoral à cause duquel ces militants continuent entre autres de mourir depuis 2010 et tantôt elle accompagne le gouvernement guinéen dans sa forfaiture en participant aux plénières de la CENI et aux élections sans gêne . Et dans cette bataille fausse ou vraie que livre l’opposition et chaque partie voulant vaille que vaille avoir une mainmise sur le dispositif électoral, la tension devient extrême et insoutenable depuis 9 ans pour la population guinéenne .
Dans ce bras de fer si bras de fer y’en a ,on aboutit le plus souvent à une absence de dialogue, chaque
partie campant sur ses positions. S`appuyant alors sur les forces régaliennes, le pouvoir impose ses points de vue en accaparant tout le déroulement du processus
électoral. Et ce qui explique d’ailleurs la présence des membres de l’opposition dans les plénières de la CENI.

Certes dans une telle situation crisogène, il existe outre ces facteurs cités ci-dessus, d’autres qui sont exogènes tels que le rôle de la communauté internationale qui manque de tact et de transparence dans la gestion de telle crise, mais aussi et surtout le rôle de la presse internationale qui ayant des objectifs inavoués tentent souvent de travestir les informations selon une vision dictée par leur gouvernement et envenimant ainsi la tension. Nonobstant cet état de fait les facteurs endogènes cités ci-dessus sont plus déterminants dans la naissance d’une telle crise.

En somme, face aux insuffisances des systèmes électoraux en Guinée avec pour conséquence une crise électorale sans fin, puisque chaque camp cherche à faire que du marchandage politique en encourageant la violence politique, une violence qui devient étouffante et insupportable pour la population guinéenne puisqu’elle est soldée par des pertes de vie humaine sans justice, la subvention par l’Etat, des Organisations de la Société Civile, l’engagement des jeunes à assumer plus de responsabilité, la formation de la population par la société civile et les partis politiques en vue d’une culture politique citoyenne sont d’une impérieuse nécessité.

Le gouvernement guinéen, les leaders politiques surtout les jeunes leaders doivent s’engager à œuvrer pour des élections inclusives, apaisées et participatives en Guinée, pour emmener les autorités guinéennes à institutionnaliser le dialogue politique, dans le respect des règles du jeu démocratique, pour éviter qu’à chaque fois qu’un conflit électoral se pose, qu’il ne soit remplacé par un accord comme c’est fût le cas à Kindia. Encourager surtout l’alternance au sein des partis politiques, pour empêcher la pérennisation des présidents de partis politiques. Car en Guinée une fois président de parti politique, toujours président. Travailler aussi sur la formation et la comprehension du fonctionnement des systèmes électoraux des leaders politiques, et des citoyens guinéens en général, car ils en manquent profondément.

Par ailleurs, les autorités guinéennes doivent mettre en place un mécanisme juridique de lutte contre la fraude électorale, notamment par l’élaboration de codes électoraux consensuels. Tout en renforçant l’indépendance de la CENI. Sinon la problématique des élections dans le processus démocratique en Guinée,continuera à empêcher l’enracinement de la démocratie dans ce pays.

Bon week-end

Aissatou Chérif Baldé

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