Les propos du Ministre Bogola HABA ont-ils été sortis de leur contexte ?

Sur le terrain sociopolitique aussi bien en Guinée que sous d’autres cieux, il est courant que les propos des personnalités publiques soient relayés par des medias, tout en tirant une ou plusieurs phrases, qui font sortir ces propos hors du contexte dont l’auteur n’envisageait pas. Tout ceci est parfois de bonne guerre, car le journaliste nourrit sa plume de ce qui attire ses lecteurs. Sauf que parfois pour des questions sensibles, cette caricature peut jeter de l’effroi dans l’opinion publique ou porter préjudice à la personne dont les propos ont été détournés.
Restons dans le factuel : s’adressant à la jeunesse à N’Zérékoré à l’occasion de l’immersion gouvernementale, selon quelques medias, le ministre de la jeunesse aurait sciemment voulu jeter du discrédit sur les jeunes filles de la région forestière en affirmant que ‘’dans les villages vous ne pouvez plus trouver des filles de 18 ans qui sont vierges’’. Repris comme cela, cette assertion du ministre en charge de la jeunesse et des sports peut prêter à confusion.
Cependant, si nous essayons de lire entre les lignes de son discours avec objectivité, les propos de Keamou Bogola HABA qui précèdent cette phrase, étaient empreints d’une volonté manifeste de sensibiliser sur une problématique qui est l’une des causes de la précarisation des filles et des femmes dans nos sociétés. Selon le Ministre de la jeunesse et des sports, cette problématique est plus accentuée dans la région de la Guinée Forestière, dont il est lui-même originaire et qu’il connait très bien. ‘’Notre région est l’une des régions où nous avons moins de femmes au haut niveau. Et ce n’est pas parce qu’elles n’étudient pas bien. Mais c’est parce que les filles se marient tôt. Dans les villages vous ne pouvez plus trouver des filles de 18 ans qui sont vierges’’ a-t-il déclaré.
Il est tout de même normale et opportun que face à sa cible principale qui est la jeunesse, le ministre se livre à cœur ouvert et sans langue de bois, surtout sur des questions de société aussi importantes comme la précarité des jeunes femmes, l’abandon scolaire et les mariages précoces. Loin de mettre un accent sur la virginité des jeunes filles, comme beaucoup ont voulu le faire croire, ce sont les mariages précoces qui freinent l’accès à l’enseignement supérieur de celles-ci, que le Ministre a voulu mettre en exergue.
D’ailleurs c’est ce ton plein d’émotions et d’aspiration de voir la jeunesse de la région forestière, notamment les jeunes femmes, s’affirmer d’avantage sur le plan économique, que bon nombres d’observateurs ont sentis chez Keamou Bogola HABA.
C’est d’ailleurs sur cet élan qu’il a continué, en appellant plus loin, les jeunes filles non pas à mettre aux oubliettes leurs projets de mariage, mais à donner la priorité à leur formation comme dans les autres regions contrées du pays. ‘’Il faut que les femmes travaillent pour aller à l’université. Il faut qu’elles apprennent avant le mariage. Sinon, on met déjà des charges sur vous. Dès 18 ans, 16 ans, dans les villages, vous avez déjà 2-3 enfants sur vous. Vous ne savez même plus vous concentrer. Alors que dans les autres régions, les filles vont jusqu’à 25 ans sans se marier. Elles sont concentrées sur ce qu’il faut faire’’, a-t-il interpellé.
Ibrahima Sory Barry
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