Pourquoi un « Ministère du Travail » en Guinée ? [Par Alseny GaliManguê Soumah]

D’abord déterminer les objectifs prioritaires de l’État, ensuite fixer les orientations détaillées pour chaque ministère avant d’établir l’armature gouvernementale en cohérence, définir les profils des postes de ministres, en fin rechercher les personnes qui conviennent afin d’animer une dynamique globale, pertinente et défendable devant toute opinion. Ceci est une démarche traditionnelle pour tout groupe en recherche de performance si tenté que le CNRD souhaite s’y risquer puisqu’ils disent vouloir proposer aux citoyens une « refondation » globale à l’issue de la Transition afin de mettre la Guinée sur de bons rails. Grande ambition qui est encore possible à atteindre si les actes sont grands.

De tout temps et pour tout régime, former un deuxième gouvernement est plus difficile que d’en former un premier. Former son second gouvernement démontre toujours l’envie et la capacité d’un Président à réussir ses grandes orientations. C’est un exercice qui s’impose au Chef de l’État, au Premier Ministre à leurs conseillers de tenir compte « avec sérieux » les résultats spécifiques de chaque département et de chaque ministre du premier gouvernement. Ce premier point qui est une exigence consiste à faire une sérieuse évaluation du gouvernement sortant et de ne retenir essentiellement dans les rangs du second que ceux qui ont réellement « performé ». La seconde exigence est de tenir compte de toutes les bonnes propositions essaimées çà et là dans le pays par les citoyens comme étant des solutions à leurs préoccupations quotidiennes.

Une réalité est actuellement préoccupante en Guinée – c’est même un fléau – tant le constat est alarmant. C’est le manque de travail dans notre pays. Les jeunes sortent « diplômés » dans des filières universitaires parfois non adaptées au marché guinéen du travail à plus forte raison au marché sous-régional africain et international. Le manque d’une « politique du Travail » ambitieuse est l’une des causes du départ massif des guinéens pour l’immigration.

Il faut urgemment dans notre pays – un Ministère du Travail – qui va s’occuper de :
• faire un diagnostic « complet » de toutes les politiques d’emploi en République de Guinée, ce depuis l’indépendance pour avoir un état des lieux précis. Ceci est précieux pour nous projeter et proposer des reformes sectorielles pertinentes dans le cadre de la « refondation » ;
• établir une habitude prospective dans notre « administration » pour anticiper les évolutions du marché de l’emploi, adapter les filières universitaires aux exigences du marché, rendre concurrentiels les diplômés guinéens pour tout type de segment d’emploi dans le monde.
• proposer des méthodes, plateformes et outils de recherche d’emploi adaptés à 3 niveaux par exemple : jeunes diplômés, junior (avec quelques expériences) et senior (longues expériences).
• créer des espaces innovants sous forme de « hub » à la fois physiques et digitalisés dont certains seront spécialisés en fonction des métiers en tension en Guinée ;
• initier des évènements périodiques de recrutement et de conseil sur toute l’entendue du territoire national en mobilisant les entreprises privées, les universités et écoles professionnelles, l’administration publique ;
• proposer des « méthodes de recherche active » centrées sur l’emploi ou la création d’entreprise à la fin de chaque filière universitaire et formation professionnelle pour aider les jeunes à appréhender le marché de l’emploi et les rendre autonomes dans leur recherche d’opportunités.
• Etcétéra
Un gouvernement doit s’imposer une culture de performance pour s’imposer dans l’opinion par ses résultats atteints et évaluables. Par conséquent, la troisième exigence pour le CNRD est d’aller débusquer des profils rares de réformateurs, performeurs et managers expérimentés afin de réussir à les faire rejoindre cette seconde phase de la transition qui va être ardue à tout point de vue.
Il faut sortir complètement de la tentation de reproduire systématiquement le « pré-carré de son village » pour mener « la chose nationale ».

« L’erreur », c’est de reproduire les mêmes erreurs …