TRIBUNE : la Guinée s’effondre et meurt lentement dans l’indifférence de ses dirigeants
Le pays de Samory Touré, de Bocar Biro Barry, de Kissi Kaba, de Dinah Salifou, de Sékou Touré, de Louis Lansana Béavogui, de Keita Fodéba, de Camara Laye, première puissance bauxitique mondiale, territoire à l’origine de beaucoup de grands Etats d’avant colonisation (Fouta Théocratique, l’empire du Mali, Wassoulou, pays de la belle civilisation Loma ( monnaie et écriture), la Guinée, longtemps considérée comme havre de paix, de stabilité et de cohésion, voit aujourd’hui ces aspects s’effriter. Pays aux quatre régions naturelles, indépendante en 1958 sous la direction de Sékou Touré, remplacé en 1984 par Lansana Conté après sa mort. En 2010, au terme d’une transition militaire et d’un processus électoral laborieux, le Pr Alpha Condé prit le pouvoir. Aujourd’hui, ce pays est sur le point de s’effondrer sous la gouvernance de celui qui a passé 40 ans de lutte politique, il s’agit du professeur de Droit. La Guinée s’effrite et se meurt lentement, sous les agissements, l’indifférence, la complicité de ceux qui se réclament héritiers de nos devanciers
La pirogue Guinée tangue, elle est même sur le point de chavirer car tous ses compartiments ont pris de l’eau et le capitaine qui le conduit est ivre. Jamais une crise n’a atteint une telle dimension, celle qui touche tous les secteurs socio-économiques. Cette crise, consécutive à la mal gouvernance instaurée depuis 2010, a connu son point culminant suite au putsch constitutionnel du mois de mars 2020. Lesquelles élections ont fini par convaincre plus d’un, que le régime actuel ne pourra que mener ce pays à la division.
Depuis l’arrivée du professeur Alpha CONDE au pouvoir, l’opposition conteste la méthode CONDE sur toute la ligne, pendant que le guide lui continue de tirer son cheval. Quand on sait certains opposants sont tués dans les manifestations et d’autres emprisonnés, des élections aux résultats connus d’avance, la constitution taillée sur mesure, la corruption bat son plein, les contrats de gré à gré, les promotions à des hautes responsabilités basées sur des questions d’appartenance, des recrutements à la fonction publique effectués dans une opacité totale, les cadres de l’administration publique plus préoccupés par la politique que de servir le peuple.
La méthode Condé n’unit pas, ne rassure pas aussi. Et pourquoi ? Elle n’unit pas parce que la justice n’est pas pour tout le monde. Les patrons des tribunaux sont prompts à caser dans les maisons d’incarcération des opposants, alors que les mêmes actes sont posés par les partisans du pouvoir, sont-ils des supers citoyens qui ne doivent être face à la loi ? Les tueries de Zogota, de l’AXE, les victimes des mouvements sociaux ? Où est la justice ? Les biens publics utilisés par des particuliers, mais la justice est incapable de faire quelque chose.
Les fausses promesses. Elles sont incalculables comme les étoiles au ciel ; tant le peuple est débordé par les belles paroles qu’on lui mijote aux oreilles à chaque occasion. Mais malheureusement aucune parole n’est tenue.
Les mines enrichissent les proches du clan au détriment des ayants droits. Que bénéficie la zone spéciale de Boké dans l’exploitation minière en Guinée ?
La méthode Condé ne rassure pas, car dix ans après, les routes sont inexistantes, aucun centre hospitalo-universitaire n’est construit dans le pays, aucune université n’est construite, le secteur de l’éducation est en souffrance plus qu’il ne l’a été par le passé, la sécurité se meurt petit à petit pour devenir une milice au service d’un système, la liberté de la presse phagocytée. L’unité nationale en péril, l’administration en déclin, la corruption en forte hausse, la pauvreté gagne de plus en plus des guinéens.
Cette méthode ne rassure pas parce que les nouveaux bourgeois deviennent si arrogants au point de se moquer de l’intelligence du guinéen.
Que faire pour sortir de là ?
Par Robert Kamano
