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Détention d’Amadou Diouldé Diallo : Nouhou Baldé de Guineematin dénonce les dérives du régime Alpha Condé

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Le célèbre journaliste sportif et historien a été kidnappé le samedi dernier 27 février par des agents de la Direction centrale de la police judiciaire. Amadou Diouldé Diallo a été conduit et mis en garde à vue à la DPJ. A l’issue d’une audition au parquet du Tribunal de première instance de Dixinn, notre confrère a été placé sous mandat de dépôt et conduit sur le champ à la maison centrale de Coronthie, dans la presqu’île de Kaloum.

Interrogé par Verite224.com, Nouhou Baldé, fondateur et administrateur du site d’informations www.guineematin.com dénonce la manière dont le vice-président de l’Association Internationale de la Presse Sportive (AIPS) a été interpelé et fustige par la même occasion les violations des lois de la République, notamment la Loi L002 relative à la liberté de la presse en Guinée. Lisez l’entretien

Verite224.com : des journalistes ont été condamnés, certains sont même en prison. Le dernier cas en date est Amadou Diouldé Diallo, journaliste sportif et historien. C’est une arrestation qui a choqué l’opinion. Quel regard portez-vous sur cette arrestation ?

Nouhou Baldé : je suis très déçu de constater que les lois de la République sont constamment violées dans notre pays. Vous avez suivi la manière par laquelle le doyen Amadou Diouldé Diallo a été interpellé. Il a été arrêté alors qu’il faisait le sport non loin de sa maison. Nous comprenons par là qu’il n’a pas reçu de convocation. Donc, les règles élémentaires d’une interpellation n’ont pas été respectées. Il a été conduit en détention provisoire alors que l’infraction qu’on lui reproche ne prévoit pas de peines privatives de liberté. D’abord, c’est un journaliste ; ensuite, il est allé dans un média donner son opinion. Ce qui est tout à fait normal dans un pays de droit. Il a donné son opinion et on le poursuit pour cela. Il est important de savoir que quelle que soit la peine à lui infliger, elle ne prévoit pas une privation de liberté. Donc, c’est en totale violation de la Loi L002 portant Liberté de la presse en République de Guinée qu’on l’a arrêté et mis en prison. C’est vraiment anormal et inacceptable.

Craignez-vous que nous nous dirigions vers des dérives dictatoriales en Guinée ?

C’est clair que nous sommes pleins dedans. On n’est pas en phase d’y aller, on y est déjà, puisqu’on sait qu’avant le doyen Amadou Diouldé Diallo, il y a eu Lansana Camara [Directeur de publication du site Conakrylive] qui avait été arrêté et mis en prison pour un délit de presse. On sait que trois journalistes de la radio Nostalgie ont été condamnés à des peines de prison ; ce qui est illégal. A ce moment-là, les journalistes s’étaient mobilisés et le ministre de la justice en personne avait dénoncé le verdict du Tribunal de première instance de Kaloum qui avait condamné ces trois journalistes. Et, aujourd’hui, c’est le doyen Diouldé qu’on prend et qu’on met en prison, alors que comme je le disais tantôt l’infraction qu’on lui reproche ne prévoit pas de peines privatives de liberté.

Dans la soirée du 18 octobre, le jour de l’élection présidentielle, votre site d’information Guineematin.com a été bloqué par la Haute autorité de la communication. Pendant plusieurs semaines votre site était inaccessible. Les autorités voulaient certainement vous faire taire mais depuis, vous êtes revenu avec force. Vous avez non seulement maintenu votre cap mais aussi le niveau de votre site a évolué sur le plan médiatique national et international. Quel est votre secret ?

Je pense que ce que nous essayons de faire c’est de lire, interpréter et essayer de comprendre ce que veulent nos lecteurs. Évidemment, nous avons été illégalement et injustement suspendu le 18 octobre comme vous le rappeliez. Nous n’avons jamais cessé de dénoncer la volonté d’une poignée de personnes d’empêcher les Guinéens d’exercer leurs droits et leurs libertés. Heureusement, les lecteurs et certains confrères nous ont compris. Malheureusement, dans les médias, il y a ces confrères qui pensent que ce qui vous arrive ne peut arriver qu’à vous. Donc, la solidarité manque et nous voyons aujourd’hui de façon éclatante avec le cas du doyen Amadou Diouldé Diallo. Vous voyez des confrères s’ériger en procureurs contre un journaliste, oubliant que le précédant qu’on est en train de contribuer à la création peut-être une jurisprudence qui peut leur être opposée demain. C’est incompréhensible. Je pense que de l’autre côté, il faut déplorer l’attitude de certains gouvernants qui, sans doute, sont en train de piloter ça, de nous ramener en arrière parce qu’on sait que la Guinée avait fait un bond en avant avec tous les textes que nous avons ; malheureusement, la pratique est toute autre et c’est très dommage.

Votre mot de la fin pour clore cet entretien

C’est de vous remercier d’abord, vous féliciter. Vous parliez tantôt des efforts que nous faisons au niveau de Guineematin, nous nous pouvons que rester admiratifs de ce que vous avez fait depuis la création du site Verite224. On vous connaissait quand vous étiez à Aminata.com mais on ne savait pas qu’en si peu de temps Verite224 allait nous secouer comme vous le faites aujourd’hui, alors que le terrain nous-mêmes on essaie de consolider notre position. Nous ne pouvons que vous féliciter et surtout vous encourager dans l’élan que vous avez de ne pas tenir compte juste de la personnalité des journalistes mis en cause mais de défendre votre profession comme vous le faites chaque fois que besoin est. On ne peut que le saluer et vous encourager.

Merci et félicitations pour la performance de Verite224.

Entretien réalisé par Alpha Oumar Diallo

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