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Homme et Femme : Équité ou égalité, qu’est-ce qui serait mieux pour tous ?

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La question de la situation des femmes est d’actualité à tel point que nous voyons apparaitre, un peu partout dans le monde, des mouvements ou groupements féministes, qui tentent d’améliorer la condition des femmes. Ce combat est noble ; nous ne saurions dire le contraire. Mais en quoi consiste-t-il vraiment ? Ne devrait-il pas revoir son objectif ? Eh bien, c’est là que se situe la réelle problématique.

Selon le Centre national de ressources textuelles et lexicales, en abrégé CNRTL, le féminisme est un « mouvement social qui a pour objet l’émancipation de la femme, l’extension de ses droits en vue d’égaliser son statut avec celui de l’homme, en particulier dans le domaine juridique, politique, économique. » On comprend que le but de ce mouvement, c’est l’acquisition de l’égalité entre homme et femme. Ici, se posent donc les questions d’opportunité et de pertinence d’une telle égalité.

D’emblée, nous commençons par rappeler que la Déclaration universelle des droits de l’homme prévoit que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Cette disposition — du moins en ce qui concerne l’égalité des droits — est une pure fiction juridique, en ce sens que dans la pratique nous constatons des inégalités manifestes, dont on pourrait citer une multitude d’exemples. Si l’égalité, en soi, est une fiction, une irréalité, sa quête relève donc du rêve, de l’utopie. C’est l’inférence même, car comment pourrions-nous obtenir quelque chose qui n’existe pas ?

Par souci de cette égalité consacrée par notre loi fondamentale, le législateur a, à travers la réforme de notre Droit de la famille, institué l’égalité des époux face aux dettes du ménage, de sorte que tous deux, aujourd’hui, sont dans l’obligation de contribuer. Dans la pratique, que constate-t-on, le plus souvent ? Le contraire, bien évidemment. Car c’est l’homme qui supporte tout seul les charges du ménage — ou du moins la plus grande portion. L’homme qui demande à son épouse de contribuer est regardé de travers par son épouse elle-même. C’est un secret de Polichinelle !

Dans une Afrique où les femmes sont en grande majorité femme au foyer, donc n’ayant quasiment pas de revenu, une telle disposition ne leur est aucunement favorable. En clair, l’égalité — en tout cas dans certaines hypothèses — ne constitue pas un avantage pour elles.

Quid alors de l’équité ?

L’équité est définie dans la 25e édition du Lexique des termes juridiques comme étant « la réalisation suprême de la justice, allant parfois au-delà de ce que prescrit la loi. »

Appliquons cela à la question des dettes du ménage. Rappelons que le principe fondamental voudrait que les époux soient égaux, en la matière ; c’est-à-dire que tous deux contribuent. Mais si l’on devait appliquer l’égalité de façon stricte, chaque époux devrait apporter l’équivalent de ce que son conjoint a apporté. Cependant, conscient que cette stricte application du principe de l’égalité pourrait porter préjudice à l’un ou l’autre, le législateur a, plus loin, institué la contribution selon les facultés de chacun. C’est l’équité. On ne saurait imposer à une personne de contribuer au-delà de ses moyens.

On comprend donc que, à certains égards, l’égalité, lorsqu’elle est strictement appliquée, peut nous être préjudiciable. Le mieux serait donc d’aller à la recherche de l’équité, qui nous est toujours favorable.

Cheick Oumar Diakité – Juriste et écrivain.

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