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Le mal guinéen : je suis la victime, l’autre, le coupable

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Fermer l’œil sur la douleur dont souffre le pays, c’est contribuer aux malheurs qui couvrent notre quotidien. Comme dirait l’autre : « mal nommer les choses, c’est contribuer à la douleur du monde ». Le mal guinéen, c’est le guinéen tout court.

Ici, le malheur de chacun est le fait de l’autre. La tristesse, la souffrance, la précarité de l’un, c’est parce que l’autre l’a voulu. On est toujours victime de quelqu’un et coupable en rien. On accuse, on culpabilise, on condamne l’autre. On croit que notre malheur n’a pour origine que l’autre. On se dédouane en blâmant son prochain. Si on est comme ça, c’est par la méchanceté de l’autre. C’est lui mon malheur. L’autre, c’est le Satan, le démon, le diable, l’enfoiré, le crasseux et la fripouille.

On est prompt à condamner et à donner des leçons à l’autre, mais « Je, moi » n’en a point besoin. On dit tout des autres. On s’érige en tribunal populaire pour proclamer des sentences sur émotions, sur passions dépourvues de raison et couvertes de populisme. Alors que mon vrai problème, ce n’est pas l’autre, c’est moi-même. Non, je refuse de croire toujours que je ne suis qu’une victime et que l’autre en soit le coupable.

Quand chacun comprendra que l’autre est plutôt la victime et que je suis le coupable, on aura trouvé le grand remède à nos maux.
L’hypocrisie ambiante dans laquelle on baigne tous, sans exception et sans modération explique le retard personnel de chacun et de tous. Personne ne voit le mal chez lui, mais chacun est prêt à gambader sur la moindre occasion pour tancer, lyncher, frapper à coup de bâtons son prochain. Alors qu’il est pire que ce dernier.

Et si chacun apprenait à balayer devant sa porte ?
Et si chacun refusait de tenir l’autre pour unique responsable de nos propres malheurs ?
Qu’un militant reconverti en activiste ne cherche pas le pou à écraser chez le politique transhumant.

Que ce Ministre de la République parle moins de ce journaliste corrompu.
Que ce juge sous ordres ne tacle pas en public ce député soumis.
Que cet ancien Ministre devenu opposant parle peu de la corruption des membres du gouvernement.
Que chacun sache qu’il traine des casseroles et que nul n’est bon saint.
Bref, que personne ne jette la pierre dans le jardin, si personne ne veut changer et si chacun ne voit que l’autre comme source de nos déambulations.

Apprenons à changer d’abord !

Par Habib Marouane Camara, Journaliste-Chroniqueur politique.

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