Toutes les infos en direct sur la Guinée

Les descendants d’ Africains, les métis Allemands, Victimes de la période du Troisième Reich.

0

Bruxelles. Le Parlement Européen a commémoré la libération des camps de concentration en présence du président de l’État d’Israël, Monsieur Isaac Herzog, la présidente du Parlement Européen, Mme Roberta Metsola, les députés et les membres de la société civile.

Le 27 janvier 1945 marque la libération, le début de la fin d’une souffrance incommensurable.

Ce jour-là, le camp de concentration d’Auschwitz, dans lequel plus d’un million de personnes avaient été tuées rien qu’entre 1940 et 1945, a été libéré.

Les Nations-Unies ont proclamé le 27 janvier «Journée Internationale de Commémoration des Victimes de l’Holocauste.» Quelques années auparavant, le Conseil de l’Europe avait déjà déclaré le 27 janvier comme la «Journée Européenne de la Mémoire de l’Holocauste et de la Prévention des Crimes contre l’Humanité. » Parmi ces victimes, il y a le groupe des personnes d’ascendance africaine, les Africains, les métis Allemands, dont le calvaire est encore peu connu.

Les personnes d’ascendance Africaine, les métis Allemands qui vivaient en Allemagne à l’époque du National-Socialisme ont été victimes de la barbarie nazie. Ils ont été discriminés et, dans de nombreux cas, ils ont perdu leur travail et la nationalité allemande. Mais pire encore, ils ont été de plus en plus menacés de stérilisation, d’emprisonnement et d’assassinat. Dans le cadre du programme d’euthanasie, ils ont été utilisés comme cobayes pour des expériences médicales.

La confrontation directe avec la mémoire de l’Holocauste rappelle   l’ampleur de la cruauté du régime nazi. Lorsque j’ai commencé, il y a une vingtaine d’années, à visiter les camps de concentration et leurs archives respectives, j’étais sidérée par ce que je voyais et lisais. Auschwitz, Dachau, Buchenwald, Mauthausen, Neuengamme, Sachsenhausen, Bergen-Belsen. L’horreur de ces lieux m’est entrée dans la peau et ne m’a plus jamais quitté. Cela m’a incité à réagir contre toute expression de mépris, de négation et de racisme à l’égard de l’autre. Car c’est ainsi que les ignominies débutent. Nous le savons tous.

L’histoire de l’holocauste n’a pas pris en compte les meurtres des personnes d’ascendance africaine. Que cela reflète-t-il de notre société ? Qu’en est-il de notre conscience collective?

Il ne s’agit pas ici de faire des comparaisons entre les groupes de victimes. Les souffrances des victimes des Nazis sont une douleur humaine. Elles ne   peuvent se transformer en une « concurrence des victimes » et encore moins servir à occuper le « champ médiatique » (Le Monde 20.3.2005); car il n’existe pas de degré dans la souffrance, mais une douleur humaine unique. On estime à environ entre 2000 à 3000 le nombre de Noirs ou de personnes d’ascendance Africaine   qui ont perdu la vie à cause des lois de Nuremberg de 1935 sur l’infamie raciale!

Le racisme anti-noir est encore méconnu et refoulé en de nombreux endroits. Les enfants et les jeunes d’ascendance Africaine méritent un avenir libre d’attaques à caractère raciste.

Il est important   de réfléchir à l’enseignement   de l’ histoire et ses rapports avec le racisme. Il est donc essentiel de mettre à jour, l’histoire   de la Seconde Guerre mondiale en ce qui concerne les destins des personnes d’ascendance Africaine, et les métis allemands.

Au début de mes recherches sur les destins des Afro-Descendants durant le national-socialisme, je n’ai trouvé que quelques pièces d’un puzzle, qui petit à petit s’est assemblé pour former une mosaïque effrayante.

Parmi les survivants, dont l’existence a été refoulée dans un vide mémoriel, je tiens à vous présenter feu Gert Schramm, né à Erfurt en Allemagne (1928-2016) interné à Buchenwald à l’âge de 15 ans, auteur d’une biographie en allemand et militant de l’éducation anti-raciste.

Ma rencontre avec lui a fait naître en moi, il y a de nombreuses années, la volonté de donner un nom aux « oubliés de l’histoire » et de mettre en place une culture du souvenir, du devoir de mémoire.  C’est ainsi, que j’ai créé en 2015 à Erlangen en Allemagne les « Black History Weeks » (Les Semaines de l’Histoire des Noirs) dans le cadre de la Décennie des personnes d’ascendance Africaine, (2015-2024) proclamée par l’ONU. Lors de la première manifestation de lancement, des Semaines de l’Histoire des Noirs » 3 témoins, métis Allemands, victimes du régime nazi, y ont pris part. Ces survivants sont:  Gert Schramm, Marie Nejar, Theodor Wonja Michael (Le livre de Theodor Michael est traduit en français. «Allemand et Noir en plus ».

Dans une lettre que j’avais adressée à la chancelière, Madame Angela Merkel, je lui avais demandé, en mars 2015 de rendre hommage au groupe de détenus d’ascendance Africaine, des non Européens incarcérés dans les camps de concentration. Lors de son discours à l’occasion du 70ème anniversaire de la libération du camp de Dachau, le 4 mai 2015. Mme Merkel a considéré ma demande et a dit littéralement :

« Il s’agissait d’hommes, de femmes et d’enfants. Ils venaient de toute l’Europe. Ils venaient en outre de nombreuses autres parties du monde, d’Asie, mais aussi – ce qui est encore peu connu du public – de certaines parties d’Afrique, du Congo, du Sénégal et d’Érythrée. Nous rendons hommage aux quelques 41 500 personnes qui n’ont pas survécu à cet enfer ».

Merci Madame la chancelière, Angela Merkel pour ce témoignage.

Plus nous témoignerons des atrocités commises par les Nazis, plus nous comprendrons pleinement ce que l’idéologie nazie a provoqué, et mieux nous pourrons continuer à nous préparer, ensemble à un avenir de paix. Et cela est plus que nécessaire au vu de la croissance des partis d’extrême-droite dans de nombreuses régions d’Europe et du monde.

En mémoire des victimes de l’Holocauste, nous ne devons laisser personne de côté, nous ne devons négliger aucun destin sans verser des larmes.

Le 27 janvier de chaque année, il est temps de prendre conscience de l’ampleur des exactions commises au peuple juif, des cicatrices laissées au peuple juif.

La journée de commémoration donne le temps et l’espace pour faire notre devoir de mémoire. Nous sommes tristes, sidérés et convaincus. Convaincus de renouveler notre vigilance face aux tendances de droite marqué par le mépris de l’être humain. Sidérés et convaincus face à une forme de cruauté presque inimaginable qui a coûté la vie à des millions de personnes : Les Juifs et les Juives, les Sinti et les Roms, les personnes vivant avec un handicap, Les lesbiennes et les homosexuels, les communistes et les sociaux-démocrates, les jésuites et les prêtres, les témoins de Jéhovah, les soi-disant asociaux, les objecteurs de conscience, les résistants et également les personnes Noires ou d’ascendance africaine, les métis Allemands, les Antillais  et de nombreuses autres minorités.

Puissions-nous vivre ensemble dans un esprit de tolérance et traiter toujours avec respect les personnes de toutes les religions, de toutes les couleurs de peau quel que soit leur vision du monde !

Sources

Pierrette Herzberger-Fofana. « Dominique Amigou Mendy (1909-2003), rescapé du camp de concentration de Neuengamme.» www.grioo.com/info5094.html 23.7.2005

Pierrette Herzberger-Fofana. « Standing Ovation pour Gert Schramm, l’unique survivant du camp de concentration de Buchenwald.» www.grioo.com/ar,standing_ovation_pour_gert_schramm_l_unique_survivant_noir_du_camp_de_concentration_de_buchenwald_,22398.html 15.4.2012

Pierrette Herzberger-Fofana. «El Hadj Ousmane Alioune Gadio, Doyen des Anciens combattants, déporté en Allemagne (1920-2008)» www.grioo.com/ar,el_hadj_ousmane_alioune_gadio_doyen_des_anciens_combattants_deporte_en_allemagne_1920-2008_,15694.html 19.11.2008

Pierrette Herzberger-Fofana. « Une rose pour les Africains et leurs descendants, les victimes oubliées du camp de concentration de Buchenwald. » africpost.com/une-rose-pour-les-africains-et-leurs-decendants-oublies-du-camp-de-concentration-de-buchenwald.12.5.2015 ;

Pierrette Herzberger-Fofana. « Les victimes oubliées du camp de concentration de Buchenwald. » diasporaenligne.net/allemagne-les-victimes-oubliees-du-camp-de-concentration-de-buchenwald-par-dr-pierrette-herzberger-fofana/ Mai 2015 ; www.camer.be/42172/1:6/contact.html 16 Mai 2015

Pierrette Herzberger-Fofana. «The Only Black Survivor of the Concentration Camp of Buchenwald is dead: In Memoriam of Gert Schramm (1928-2016) » www.africanheritagemagazine.de/the-only-black-survivor-of-the-concentration-camp-of-buchenwald-is-dead-in-memoriam-of-gert-schramm-1928-2016/ 10 Juin 2016

Pierrette Herzberger-Fofana. «KZ Buchenwald: Gert Schramm – ein Afro-Deutscher überlebte » http://www.m-media.or.at/welt/europa/kz-buchenwald-gert-schramm-ein-afro-deutscher-uberlebte/2012/05/08/index.html. 08 Mai 2012

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite

Politique de confidentialité et de cookies
Partager