Mamady Doumbouya, chef d’une junte inexpérimentée et assoiffée de pouvoir [Par Mouctar Barry]
La Guinée était dirigée depuis 2010 par Alpha Condé qui, après son second et dernier mandat en 2020 a décidé de tripatouiller la constitution pour s’octroyer un troisième mandat malgré toutes les contestations, il a réussi à tuer plus de deux cents jeunes guinéens et enfermer plusieurs leaders d’opinions qui ont planifié et conduit les manifestations contre son troisième mandat, l’ancien dictateur guinéen avait muselé toutes les forces politiques et sociales et dirigeait tranquillement jusqu’en septembre 2021.
C’est dans la matinée du 05 septembre 2021 que le groupement des forces spéciales dirigé par Mamady Doumbouya a attaqué le palais Sékoutourya (siège de la présidence de la république sous Alpha Condé) et a réussi a capturé l’ancien président autoproclamé de la Guinée, Mamady Doumbouya dans une courte vidéo publiée sur les réseaux sociaux annonce la suspension de la constitution, la dissolution du gouvernement et des institutions de la république, la fermeture des frontières terrestres et aériennes mais aussi la création du comité national du rassemblement et du développement (CNRD) pour diriger les destinés de la Guinée durant la transition.
Le nouvel homme fort de Conakry a bénéficié du soutien populaire, il a dans son premier discours prononcé à la télévision nationale rassuré le peuple de Guinée de son engagement à diriger avec tous les guinéens sans aucune exclusion, il s’est engagé à mettre un terme aux pratiques du passé mais aussi à rendre le pouvoir dans un délai raisonnable et consensuel.
Le président du CNRD a profité de cette période d’euphorie pour imposer aux guinéens une charte de la transition taillée sur mesure, il a dans la logique de se maintenir au pouvoir nommer Dansa Kourouma (un soutien inconditionnel du troisième mandat de monsieur Alpha Condé) à la tête du CNT (organe législatif de la transition), il est resté neuf mois au pouvoir avant de proposer une transition de 39 mois de façon arrogante et unilatérale, une proposition rejetée par la classe politique guinéenne, qui a exigé à son tour au chef des putschistes, un dialogue inclusif et ouvert à toutes les parties prenantes de la transition pour discuter de la durée de la transition.
La junte assoiffée de pouvoir ne voulant pas céder a décidé de prendre un communiqué interdisant toute manifestation sur l’ensemble du territoire national, elle a aussi à travers le ministère de l’intérieur pris un acte de dissolution du FNDC (Front National de Défense de la Constitution), mouvement porte-flambeau de lutte contre le troisième mandat en 2020.
Le FNDC malgré cette soi-disant dissolution a pu organiser des manifestations pour exiger une organisation rapide d’élection avec le slogan « Transition manda mara », la junte a réprimé les manifestations, tué plusieurs jeunes sur l’axe de la démocratie et a arrêté les dirigeants du mouvement notamment son président Oumar Sylla Fonike Mengue et son chargé d’opérations Ibrahima Diallo.
La junte a réussi à faire taire toutes les voix contestatrices, à maintenir les leaders des grands partis politique en exil, mais aussi à mettre en prison plusieurs leaders d’opinion. Après 15 mois au pouvoir, les guinéens ne savent toujours pas la durée de la transition malgré l’implication de la CEDEAO, toutes les forces vives doivent exiger à cette junte une transition ne dépassant pas 24 mois à partir du 05 septembre 2021 pour nous éviter les erreurs du passé comme l’avait promis le chef de la junte lors de la prise du pouvoir.
Mamadou Mouctar Barry
mouctardarabarri@gmail.com