Menace de grève, crise politique, vie chère, inflation ça va chauffer pour Alpha Condé en 2020
Le pays vit mal, mais ça ne dérange pas le régime. Les problèmes sont multiples :
Les fonctionnaires : C’est un secret de polichinelle, le fonctionnaire guinéen est mal payé, il vit très mal. A peine que le fonctionnaire le mieux payé peut toucher un salaire mensuel de 400$. Ce qui fait de lui un mendiant naturel. D’ailleurs la plus part d’entre ne sont pas réguliers au service, au risque de consacrer le salaire mensuel au transport pour rejoindre le service. Ceux qui vont régulièrement sont pour la plus part des fonctionnaires qui sont à des postes lucratifs, ils peuvent faire des « affaires » comme on le dit. Les autres consacrent leur précieux temps à jouer aux jeux du hasard. Pendant que les fonctionnaires tirent le diable par la queue, le gouvernement se montre dépensier dans l’organisation d’un référendum, dans l’achat des consciences des citoyens.
Les enseignants : Depuis deux ans les enseignants sont à couteau tiré avec le gouvernement. Ils réclament un salaire minimum de huit millions. Le gouvernement dit ne pas avoir les moyens pour répondre à une telle demande sociale. Les responsables du SLECG viennent d’annoncer qu’ils appelleront à une grève générale et illimitée si leurs préoccupations ne sont pas prises en charge. Ce que le gouvernement ne semble pas prendre au sérieux. Pourront-ils reprendre leur mouvement ? Quelles pourront être les conséquences de cette nouvelle grève qu’envisage le personnel enseignant ?
L’inflation : S’il y a un domaine auquel la gouvernance Alpha s’était attaquée dès le début, c’est la lutte contre l’inflation qui rendait la monnaie locale faible, l’augmentation des prix sur le marché de façon exponentielle, la baisse du pouvoir d’achat, mais aujourd’hui l’inflation est redevenue plus forte en témoignent le taux de change.
Les prix sur les marchés : Les prix ne font qu’augmenter sur les marchés et ceux malgré la stagnation des salaires des travailleurs, le gouvernement de Monsieur Kassory reste impuissant face cette situation. Le sac de riz local est de 300 000 voire plus, quand on sait que c’est l’aliment de base. Les loyers augmentent de mois en mois dans les quartiers, l’Etat n’ayant pas de logements sociaux et aussi incapable de légiférer sur les loyers, les propriétaires de logements font leurs lois. Même le prix du charbon de bois est presque multiplié par deux. Les Guinéens n’ont que leurs yeux pour pleurer.
Le palais n’est pas aussi calme : comme les derniers jours du feu président Conté étaient émaillés de crises au palais, ce pouvoir n’en fait pas mieux : les décrets et contre décrets( le cas récent des préfets de Boké, Boffa et Koundara), les guerres de succession entre les proches du président, les coups bas entre les ténors ( l’exclusion de Damaro du comité de dialogue au compte du parti au pouvoir), la batailles que se livrent les militants à la base pour les candidatures au poste de députés , les promotions au grade supérieur des militaires( deux fois en une année), l’opposition de certains militants à l’idée d’une nouvelle constitution qui pourrait détruire le RPG comme ses prédécesseurs ( PDG et PUP), sont autant d’éléments qui étayent la panique au palais sèkhoutouréya.
La nouvelle constitution et les opposants : Le pouvoir veut faire passer une nouvelle constitution, car il juge l’actuelle constitution trop insuffisante pour permettre le développement du pays. C’est pourquoi la nouvelle constitution est en promotion dans les rangs de la mouvance, mais elle rencontre une forte opposition de la part d’une partie des opposants politiques et de la société civile, tous réunis au sein du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC). Les opposants à la nouvelle constitution estiment qu’une fois la nouvelle constitution en place, le président Alpha Condé pourrait se représenter sans problème, donc il faut l’en empêcher, c’est pourquoi ils jurent de lui rendre la vie difficile tant qu’il parlera de nouvelle constitution, mais les partisans de la nouvelle constitution refusent d’abandonner, malheur aux perdants.
Le recensement et le fichier électoral : Le recensement est fini, mais il y a eu beaucoup de contestations, la communication qui a tourné autour était mal ficelée. Les précisions importantes ont manqué à la CENI, aux partis politiques, le véritable motif du recensement n’a pas été expliqué, était- ce les nouveaux électeurs ? Est-ce ceux qui venaient d’atteindre l’âge de la majorité ? Les personnes qui ont changé d’adresse ? Etait ce un recensement général de la population en âge de voter ? Un des commissaires a récemment déclaré que le fichier actuel ne produira que la catastrophe car pleins d’anomalies. D’ailleurs le Président de cette CENI ne fait plus l’unanimité, il est désormais une personnalité clivant, 1/3 des commissaires ont quitté le processus électoral, la responsable du fichier au sein de la CENI reconnait des mésententes avec le président de l’institution. Tous les signaux sont au top pour une élection bâclée.
La corruption : Comme pendant la gouvernance de Conté, aucun exemple de lutte contre la corruption n’est à mettre à l’actif de la gouvernance Alpha, au contraire les actes de corruption sont dénoncés à longueur de journée, mais la répression fait défaut : les policiers arnaquent dans les rues de Conakry et d’autres grandes villes du pays, les gendarmes jugent et condamnent les usagers des routes interurbaines, les hauts cadres du système sont accusés de malversations financières sans que des poursuites judiciaires sérieuses ne soient engagées contre eux : Nous avons les cas de l’OGP, OGC, LONAGUI, les détournement des 13 milliards à la BCRG, les contrats de gré à gré signés par les hauts commis de l’Etat, les surfacturations dans l’exécution des projets. Les contrats miniers qui laissent plus d’un guinéen perplexe.
Les mensonges publics : Comme toujours, l’Etat, représenté par ses hauts commis, utilise le mensonge pour continuer d’embobiner les guinéens. Dès que les élections approchent les recrutements à la fonction publique fusent de partout, jouant sur le fait que beaucoup de guinéens ne travaillent pas. Présentement plusieurs départements ministériels sont en instance de recrutement : MENA : 11000 enseignants en attente d’être recrutés, l’élevage : 1700 fonctionnaires attendent leurs recrutement, Sécurité : 3000 nouvelles recrues attendent, la défense : ils seront 3000 aussi,….. c’est aussi la gouvernance dans le mensonge. Pendant ce temps les jeunes acquis à la cause du parti au pouvoir sont recrutés dans une opacité totale sans concours comme le prévoient les textes en la matière, le plus récent recrutement de 92 fonctionnaires au ministère de l’hydrocarbure est illustratif.
Les services sociaux de base : les millions de dollars américains ont été investis dans la construction des routes, l’électricité, l’eau, mais malheureusement les résultats sont peu visibles. Certes il y a amélioration de la déserte en courant à Conakry et environnants, les coupures de longues durées sont régulières, les villes de l’intérieur se demandent à quand elles auront ce petit privilège. L’eau, elle contredit totalement la version coloniale qui dit que la « Guinée est le château d’eau d’Afrique de l’ouest », car beaucoup de quartiers ont oublié la dernière fois qu’ils ont eu ce privilège.
A cela il faut ajouter le calvaire qu’endurent les usagers des voiries interurbaines sur les routes du pays. La saison pluvieuse est d’ailleurs l’instrument de mesure de la qualité de nos routes. La route Labé-Mali, Guéckédou -Macenta, Nzérékoré-Yomou, Kankan-Kérouané sont des exemples parfaits du calvaire des guinéens sur les routes nationales.
Tous ces faits rendent les choses plus difficiles pour les guinéens qui comptaient beaucoup sur le régime du Pr Alpha Condé.
Par Robert Kamano