Plus de 3 millions d’électeurs fictifs…
Selon les projections de l’Institut National de la Statistique (INS) basées sur le recensement général de la population de 2014, la population guinéenne serait de 12.218.357 en 2019. Selon ces mêmes données de l’INS, le pourcentage de la population âgé de moins de 18 ans, c’est à dire n’ayant pas l’âge de voter, est de 51% en 2019. Par conséquent, la population ayant l’âge de voter ne serait que de 49% ou 5.964.313 sur une population de 12,2 millions d’habitants en 2019.
Donc selon une analyse faite sur la base des données de notre gouvernement même, la Guinée ne devrait qu’avoir un peu moins de 6 millions d’électeurs en 2019. Cependant, il est clair qu’on ne peut jamais avoir 100% d’enrôlement sur le fichier électoral, car pour des raisons diverses (déplacement, maladies, exigences professionnelles, accès aux agents, etc.), ce ne sont pas tous ceux qui ont l’âge de voter qui se font enregistrer.
En se basant sur la moyenne du taux d’ enrôlement chez nos voisins (Sénégal, Côte d’Ivoire, etc.) qui est de 42%, la Guinée devrait avoir un fichier composé d’environ 5,1 millions d’électeurs. Alors d’où la CENI aurait-elle tiré les 8.330.688 électeurs contenus dans son fichier ? Comment la Guinée peut-elle avoir une proportion d’inscription de 68% qui avoisine celle de la France qui a pourtant une population beaucoup plus vieille. En France par exemple, le pourcentage de la population âgée de 0 à 14 ans est de 18.5% alors qu’en Guinée ce pourcentage est de 45%. Pourtant en France, le taux d’inscription sur la liste électorale est de 70%.
Il est donc inconcevable qu’avec une population très jeune et à majorité rurale, qu’on ait plus de 8,3 millions d’électeurs sur une population de seulement 12,2 millions d’habitants. Par comparaison, aux dernières élections présidentielles de 2019, le Sénégal avec une population de plus de 16 millions d’habitants, le nombre d’inscrits n’était que de 6,68 millions.
Il apparaît clairement que le recensement des électeurs est faux, et que le fichier électoral a été conçu uniquement pour perpétrer de la fraude. Ce fichier électoral contient actuellement plus de 3,2 millions d’électeurs fictifs. Tout parti politique qui se hasarderait à participer à une élection basée sur ce fichier n’aurait servi qu’à valider une mascarade électorale et se fera laminer par la machine à fraude du pouvoir. La majorité de ces électeurs fictifs a été enregistrée dans les fiefs du pouvoir qui ont connu une croissance soudaine et massive de leur population électorale. La région de Kankan par exemple a enregistré plus de 103% d’augmentation de son électorat entre 2013 et 2019.
Si la démocratie est la voix du peuple par le peuple, il est inadmissible qu’une partie du peuple soit privée de ses droits de représentation. La Nation Guinéenne ne pourra se construire dans l’injustice, l’exclusion et le mensonge.
Abdoulaye J Barry
ajbarry@live.com
N’Zerekore, Guinea