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Quand le manque d’entretien tue une Nation

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Avec les rails, les routes et les autres voies de communication, on aurait pu construire une nation.

Ailleurs dans les pays sérieux, s’ils ont un bien aujourd’hui, ils font tout pour en avoir deux ou plusieurs autres demain. Lorsqu’ils construisent une infrastructure, ils s’investissent aussi à son entretien pour en tirer le maximum d’utilités. Cependant, en Guinée, c’est tout le contraire surtout dans le domaine des transports.

Avant, la Guinée possédait un chemin de fer qui reliait Conakry à Kankan.  Celui-ci avait contribué à l’émergence et à l’épanouissement de centres urbains ou semi-urbains tout au long de son trajet. Au lieu de continuer ce chemin de fer jusqu’à la frontière avec le Mali, la Côte d’Ivoire et vers le Liberia en passant par N’Zérékoré, aujourd’hui même les rails qui existaient ont disparu. Donc au lieu d’ajouter à ce que le colon avait construit, on a simplement détruit une infrastructure qui était pourtant d’une importance capitale pour le développement socioéconomique de la Guinée.

Imaginez l’impact économique et social qu’un tel réseau ferroviaire aurait pu avoir sur la Guinée. Il aurait facilité la mobilité sociale et par ricochet l’entente et la cohésion entre les différentes composantes sociales du pays. Par exemple, la présence d’une forte communauté Malinke à Dounet et Mamou s’explique d’une part par la construction de ce chemin de fer. Aujourd’hui cette communauté est parfaitement intégrée et vit en harmonie avec les autochtones peuls qu’ils y ont trouvé. En plus, ce chemin de fer apportait du dynamisme dans le secteur du commerce et de l’agriculture car l’évacuation de la production et des marchandises était plus facile.

Très tôt, les américains avaient compris l’importance des voies de transport dans le développement économique et dans l’intégration des peuples composant leur nation. Dès le début du 19ème siècle, ils ont commencé à investir dans le chemin de fer. En 1862 ils ont commissioné le Transcontinental Railroad qui a en 7 ans seulement avait permis de joindre la côte Ouest de l’Amérique à sa côte Est reliant ainsi la Californie à New York malgré les moyens techniques très limités de l’époque. La Chine ayant compris cette leçon américaine est entrain d’investir massivement dans leur réseau ferroviaire. Aujourd’hui, les trains les plus rapides du monde sont en service ou en développement en Chine. Aujourd’hui, la Chine possède le plus vaste réseau ferroviaire du monde.

La Guinée devrait procéder à la reconstruction de nos voies ferrées et à leur extension pour relier toutes les régions du pays. Ceci combiné avec une bonne politique d’urbanisation et des programmes d’amélioration des infrastructures urbaines des villes de l’intérieur permettront le désengorgement de Conakry qui aujourd’hui ne remplit plus les critères d’une ville normale. Ceci encouragerait la mobilité de nos citoyens et l’intégration entre les différents groupes ethniques favorisant ainsi la naissance d’un nouveau citoyen guinéen.

Tant que chacun restera cloîtré dans sa région d’origine, le développement d’un citoyen nouveau qui s’identifie plus à la nation qu’à son ethnie sera difficile.

Par ailleurs, en 1985, on avait assisté à la mise en service de 60 autobus à travers la société mixte SOGETRAG. Dix ans plus tard, en 1995, la compagnie ne comptera qu’une vingtaine de bus. Celle-ci disparaitra quelques années plus tard.  D’autres initiatives de transport avaient suivi. Mais le constat est qu’aujourd’hui, le transport public urbain est quasi inexistant. C’est pourquoi se déplacer à Conakry est devenu un véritable calvaire. En plus, la concentration des services publics dans la commune de Kaloum et le manque de routes pour relier cette commune exacerbent ce problème. Combien de milliards sont-ils perdus chaque année dans ces embouteillages qui immobilisent Conakry aux heures de pointe ? Je suis curieux de le savoir.

Qu’en est-il de la Compagnie Air Guinée qui desservait les villes de l’intérieur ? Aujourd’hui la compagnie n’existe plus ainsi que les avions que comptait la flotte aérienne d’Air Guinée. Pourtant, avant on pouvait relier N’Zérékoré en moins de deux heures. Ce qui est important pour les affaires et les évacuations sanitaires d’urgence.

Même la fourniture en eau potable était plus régulière dans les années 1990 qu’aujourd’hui.

Ces problèmes sont tous dûs à la mauvaise gestion qui se manifestent par l’absence totale d’entretien, la corruption, le manque de vision de la part des dirigeants ainsi que de l’égoïsme qui caractérise leur perception de la gestion de la chose publique. Il est vraiment honteux de constater que même les infrastructures construites  par l’administration coloniale n’ont pas survécu à leur départ.

Un changement radical s’impose non seulement dans la perception que nous avons des problèmes auxquels nous sommes confrontés mais aussi dans la façon de gérer ainsi que des personnes que nous choisissons pour diriger notre pays.

Abdoulaye Barry

N’Zerekore, Guinée

ajbarry@live.com

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