Violation de l’Etat de droit : le colonel Balla Samoura sur les traces du commissaire Fabou
Jamais un haut commandant de la gendarmerie et de la direction de la justice militaire n’a fait autant parlé de lui que le colonel Balla Samoura parachuté à ce poste il y a un peu plus de deux mois. Deux mois ont suffi à cet colosse officier à s’illustrer négativement dans l’exercice de ces fonctions qu’elle avait pourtant convoitées par le passé.
L’invitation suivie de la séquestration des deux cadres du secteur minier a mis sur la place publique les méthodes musclées du colonel Balla Samoura. Tout d’abord, Sadou Nimaga, secrétaire général du ministère des mines fraîchement débarqué de ses fonctions reçoit un appel téléphonique du colonel Samoura qui l’invite à lui rendre visite à bureau. Une fois arrivé dans les locaux du Haut commandement, on l’installe dans une pièce où il est séquestré pendant plusieurs heures.
On l’annonce sur le champ qu’il est convoqué dans une affaire d’escroquerie. On l’interroge, Sadou Nimaga refuse d’obtempérer sans le respect de la forme d’une convocation et de la présence de son avocat. Malgré l’insistance de ses interrogateurs, il refuse de brocher un mot.
Une semaine plus tard, le même scenario se répète avec l’ancien ministre Ahmed Kanté dans la même affaire de la société minière AGB2A. C’est son épouse Dame Kanté Kadiatou Doumbouya qui a alerté la presse sur le calvaire qu’elle a enduré suite à la séquestration de son mari. D’après ce qu’elle a expliqué, le colonel Balla Samoura aurait indiqué que « nous sommes en période d’exception, on respecte la loi quand on veut et on la viole quand on veut ».
Une pratique violente qui rappelle les Guinéens la récente période sombre de la lutte contre le 3e mandat quand le commissaire Fabou Camara, alors puissant directeur général de la DPJ kidnappé les opposants au régime. Plusieurs opposants avaient été violemment interpellés sans aucune convocation et jetés en prison pour des accusations montées de toute pièce. A cette allure, le colonel Balla Samoura est en train de marcher sur les pas du controversé commissaire à la retraite Fabou Camara.
Moussa Traoré
