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Cour constitutionnelle de Guinée : vers l’éviction de Mohamed Lamine Bangoura ?

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De sources concordantes, sept juges et leur personnel d’appui se préparent à évincer leur président, accusé d’une gestion financière malhonnête, scandaleuse et chaotique. Enquête au cœur de la justice constitutionnelle guinéenne, gérée comme une entreprise unipersonnelle.

Me Kèlèfa Sall a été écarté de la présidence constitutionnelle à cause d’une gestion jugée calamiteuse par ses pairs, lesquels ont, par la suite, élu Mohamed Lamine Bangoura comme nouveau président. Fort malheureusement, la même situation perdure après l’arrivée de ce dernier, au grand dam des autres juges constitutionnels et du personnel d’appui de cette institution.

Le principal pêché reproché à Mohamed Lamine Bangoura reste la gestion opaque des fonds alloués à la Cour constitutionnelle, une institution qu’il pilote comme une entreprise individuelle. Sinon, à quoi sert le budget annuel de 20 milliards dont est dotée cette juridiction ? Même pas pour mettre ses collaborateurs dans des conditions de travail optimales.

À la Cour constitutionnelle, il y a les Privilégiés et les Pénalisés. D’un côté, le président garde un avantage de 145 millions de FG comme salaire mensuel, avec les autres émoluments et la bonification venant de Sekhoutoureya. Grassement payé, Lamine Bangoura dépasse chacun des juges du Conseil Constitutionnel Français (13 000 euros à peine).

Dans son sillage, le directeur de cabinet et le secrétaire général ont chacun une enveloppe de plus de 40 millions de FG. En dehors du président, les autres juges peinent à avoir 60 millions par moi tandis que les juges assistants, sur l’épaule desquels repose tout le travail de la Cour, se contentent de 4 millions.

De l’autre, les travailleurs administratifs triment avec une misère de 5 millions en moyenne par moi. Pis encore, les cadres supérieurs de ce personnel d’appui perçoivent les mêmes salaires que les secrétaires de direction ou les réceptionnistes. C’est cette discrimination qui est à la base du mécontentement qui continue de se généraliser dans cette juridiction censée observer les droits sociaux.

La crise d’éthique salariale est tellement importante là-bas que les gens sont payés comme des gardes-magasins : sans grille salariale, ni bulletins de paie et de contrats de travail, contrairement à l’ordonnance portant recrutement du personnel de la CC, laquelle détermine en son article 2 qu’un contrat sera dûment établi entre la Cour et le personnel. Cette ordonnance n’a jamais été mise en application depuis l’installation de la Cour depuis six ans.

Comparant le personnel de la Cour à celui des autres institutions comme l’Assemblée Nationale, en matière de sécurité sociale, à date aucun travailleur de la Cour constitutionnelle n’est affilié à une caisse de prévoyance sociale après six (6) années de travail. Au regard du régime salarial du personnel de la Cour des comptes, par exemple, on traitera le « gérant » de la Cour constitutionnelle guinéenne de criminel !

Au niveau de la cour des comptes, on a procédé à deux recrutements. Ses dernières recrues touchent près de 15 millions de FG par mois alors que, du côté de la Cour constitutionnelle, les juges assistants touchent à peine 4 millions de FG par moi.

La Cour constitutionnelle avait pourtant fait une retraite à Kindia afin d’élaborer son plan stratégique de développement institutionnel il y a de cela trois (3) ans ; le président peine à faire la mise en œuvre de la quintessence de cette retraite, cet outil fondamental pour le bon fonctionnement de cette institution, raison de plus qui fait que la Cour navigue à vue.

L’un des talons d’Achille de Mohamed Lamine Bangoura reste encore le véto mis sur la Loi organique portant organisation, attribution et fonctionnement de la cour qui prône une gestion collégiale des fonds de la Cour par les huit (8) juges constitutionnels. Pourtant ces éminents juristes sont appelés les sages à cause de leur capacité de réflexion à résoudre les problèmes fondamentaux de la nation guinéenne. Que dire d’une situation où le président des sages a perdu de sa sagesse, étant le premier à ignorer les lois de la République ?

Une autre corde sensible dans cette « arrière-cour », le manque criard de formation. Selon mes sources, son administration n’a bénéficié d’aucune journée de formation professionnelle adéquate pour son fonctionnement efficient.

En un mot comme en mille, les juges, les cadres supérieurs et l’écrasante majorité du personnel de la Cour remercient mieux le défunt Kèlèfa Sall qu’ils regrettent déjà, vu le comportement unanimement déploré de la présidence actuelle. Alors, se dirige-t-on vers une sortie déshonorable pour Mohamed Lamine Bangoura ? Rien de plus sûr.

Par Sambegou Diallo

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