Décrets et contre-décrets : Alpha Condé sur les traces de Lansana Conté
Ces derniers jours les Guinéens ont été témoins d’un fait officiel quasiment inhabituel. Des décrets et des contre-décrets. Le samedi 14 décembre, dans des décrets lus sur les médias d’Etat, Alpha Condé procède à des permutations entre les préfets de Boké, Boffa et Koundara. Le préfet de Boké, Aboubacar M’Bop Camara est muté à Boffa.
Le lieutenant-colonel Abdourahmane Keita précédemment préfet de Boffa est affecté à Koundara. Hassane Sanoussy qui était à Koundara est muté à Boké. Deux jours plus tard, Alpha Condé est revenu sur un de décrets. Cette fois-ici, au lieu de Koundara, Aboubacar M’Bop Camara est affecté à Boffa comme préfet. Une décision présidentielle qui provoqué l’ire des jeunes habitants de Boké qui ont barricadé la route pour manifester leur colère. Cette pratique du Président de la république Alpha Condé rappelle des vieux souvenirs enfouis dans la mémoire des Guinéens.
Aux dernières années de son règne, affaibli par la maladie, Lansana Conté ne contrôlait plus rien. Ses proches collaborateurs menaient une lutte de succession sans merci. A l’époque des clans qui gravitaient autour du Chef de l’Etat malade s’écartaient les uns après les autres à travers des décrets et des contre décrets. Le fait le plus marquant a eu lieu en 2006, dans la soirée du 5 avril, un décret nomme la composition d’un nouveau gouvernement dirigé par Cellou Dalein Diallo. Le lendemain, à 10h, le décret est annulé. A 13h30, Cellou Dalein Diallo est limogé pour « faute lourde » de la fonction de premier ministre, poste qu’il occupait depuis 2004. A l’époque, Fodé Bangoura appelé le Petit président était accusé d’être derrière ce limogeage avec fracas. Cet épisode avait mis à jour, les luttes de clans qui se menaient entre les proches de Lansana Conté. Les décrets et les contres-décrets de samedi 14 et du lundi 16 décembre 2019 montrent des clivages au sein de la présidence de la République.
Karim Soumaré