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Impasse politique en Guinée : un Juriste écrit au FNDC [LETTRE OUVERTE]

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Chères Mesdames / Chers Messieurs,

En cette période deux fois plus difficile pour le peuple de Guinée que pour le reste du monde, je me permets de vous adresser cette lettre par rapport à la grave situation politique que traverse actuellement notre cher pays.

En effet, il y a quelques semaines, à travers un poste sur mes comptes Facebook, Linkdin et Tweeter, je donnais les trois principales raisons pour lesquelles je n’ai pas été voté le 22 mars. Pour rappel, ces trois raisons étaient les suivantes :

  1. Le Président de la République, son excellence le Professeur Alpha Condé ne s’est officiellement pas encore engagé à ne pas se représenter aux prochaines présidentielles et de ne pas interférer dans l’organisation transparente et équitable de celles-ci ;
  2. Le projet de constitution qu’il voulait soumettre à notre approbation, ne prévoit pas la limitation de mandats à deux de 5 ans chacun, et donc, compromet profondément, sérieusement et durablement le principe démocratique, notamment l’alternance au pouvoir ;
  3. Et enfin, l’âge maximum pour être candidat aux présidentielles n’est raisonnablement pas fixé.

Pour ces trois raisons, ainsi que d’autres que vous connaissez et maitrisez mieux que moi, j’ai refusé de partir au double scrutin du 22 mars. Nonobstant cela, et malgré les multiples manifestations contre ce projet de nouvelle constitution et malgré la situation sanitaire extrêmement grave dans laquelle le monde entier fait actuellement face, le Président de la République n’a pas abandonné son projet de nouvelle constitution.

Nul besoin de rappeler aujourd’hui que le professeur Alpha Condé, cet homme autrefois fascinant et admirable a failli à ses responsabilités non seulement en tant que citoyen guinéen, mais aussi et surtout en tant que président de la République. Nul besoin de rappeler ici que le professeur Alpha Condé n’est au-delà de 2020, plus légitime à diriger ce pays. Je sais, après plus de quarante ans de combat, ce monsieur n’aimerait pas se faire succéder par des personnes dont les principes sont discutables. Cependant, c’est ainsi que se dispose la démocratie qu’il a tant défendu, sinon, Donald Trump n’allait en aucun succédé Barack Obama.

A présent, le raisonnement du président se trouve être sérieusement obscurci. Obscurci d’un côté par son âge très avancé et de l’autre côté par un entourage peu, voire pas du tout recommandable. Le président de la République, autrefois fervent défenseur de l’Etat de droit et des principes démocratiques constitue à ce jour un danger ; un danger non seulement pour lui-même, mais aussi et surtout pour toute la nation.

C’est pourquoi, nous devons au plus vite et maintenant lui faire barrage. Mais comment ?

Comment lui faire barrage alors que vous, membres de l’opposition républicaine, vous avez d’ores et déjà montré leurs limites ? Cellou Dalein Diallo et son staff, Sydia Touré et son staff, Docteur Faya, docteur Ousmane Kaba, maitre Abdoul Kabèlè Camara, etc., je vous le dis aujourd’hui, chers Messieurs vous nous faites perdre du temps.

J’ai en effet suivi avec beaucoup d’intérêt vos dernières interventions à la suite de la proclamation des résultats du double scrutin. J’avoue que je n’ai pas été trop étonné par votre manque d’audace ainsi que par votre manque de sagacité et de leadership politique. Alors que notre Nation est au bord de la faillite, vous, comme les Guignols de l’info, vous vous contentez de quelques petits discours sur vos terrasses de moins de deux mettre carrés. Dites-nous une bonne fois pour toutes si vous n’êtes pas en mesure de faire barrage au professeur Alpha Condé. Admettez-le si c’est vraiment le cas, car cela n’est en aucun cas un crime. N’avez-vous pas de solution ? Alors moi je vais vous en donné une !

Levez-vous dès maintenant, prenez vos militants qui sont déjà tous mobilisés et partez élire domicile au pont 8 Novembre. Comme ça le président de la République reste à Sékoutouréya avec son projet, et vous, vous siégez à la rentrée de Kaloum. Vous restez là-bas jusqu’à ce que Général Baffoe et ses Bullmastiffs viennent vous massacrer tous là-bas ou jusqu’à ce que le président de la République sorte de son orgueil, annule le scrutin du 22 mars, annonce qu’il ne se représentera pas aux prochaines présidentielles et vous convoque autour de la table de sortie de crise. C’EST LA SEULE ET UNIQUE SOLUTION !

Si vous croyez que Donald Trump viendra intervenir, vous vous trompez, car ce Monsieur calcule en Business man et non en politicien. Si vous croyez également que Macron vous sortira de cette crise, vous faites erreur car la France, en dehors de cette épidémie à laquelle elle fait face, se trouve être préoccupée et épuisée par la situation sécuritaire au Sahel. Donc à l’international, le cas guinéen est loin et très loin d’être une priorité.

Une fois encore je vous le dis, le professeur Alpha Condé n’a peur ni de vos marches et revendications, encore moins des mises en garde de la communauté internationale. La seule solution face de ce Monsieur reste et demeure la rue et nous devons l’exploiter avec intelligence. Nous ne sommes pas moins forts ou moins tenaces que les Burkinabè qui, en 2014, ont pu faire partir Blaise Compaoré à la suite de la tentative de ce dernier de procéder à la modification de la constitution, notamment l’article 37 de la loi fondamentale afin de pouvoir se représenter aux présidentielles de 2015.

L’heure n’est pas au bilan et aux petits discours. L’heure n’est pas au silence ou à la résilience mais plutôt à la résistance, voir à la désobéissance, car le président de la république, grand stratège, profite de cette histoire d’épidémie pour nous confiner et ainsi éviter toutes manifestations. Ne l’acceptons pas ! Je dis bien, ne l’acceptons pas ! S’il décrète le confinement, décrétons la désobéissance civile, car si c’était de bonne foi, le confinement aurait dû être décrété bien avant le 22 mars.

Cela dit, bien que cette épidémie nous guette dangereusement en ce moment, je vous dis de ne pas réfléchir par deux fois pour répondre le président de la République par la rue, car le projet dont il est porteur est bien plus dangereux que le Corona virus et de loin.

La République est gravement en danger. Notre avenir, l’avenir de notre nation est plus que jamais mis en question. Vous devez assumer votre responsabilité d’opposant en faisant barrage, pas en la personne du président de la république, le professeur Alpha Condé, une personne légendaire je vous le rappelle, mais plutôt en son projet qui n’honore ni notre Nation, ni nos partenaires économiques et financiers, encore moins la mémoire de nos précurseurs.

Donc je le répète pour une dernière fois : Cellou Dalein, Sydia Touré, Bah Oury, Docteur Faya, Aliou Bah, Lansana Kouyaté, docteur Ousmane Kaba, maitre Abdoul Kabèlè Camara, Eli Kamano, etc., prenez vos militants et sympathisants, partez et installer vous au pont 8 Novembre et ne quittez pas là-bas. Que ni les kalachnikovs encore moins les gaz lacrymogènes de Baffoe ne vous fassent y reculer d’un iota. Venez-s’il le faut avec vos épouses et restez-y jour et nuit, jusqu’à ce que notre bien-aimé président se rétracte et :

  1. Qu’il annule le scrutin du 22 mars,
  2. Qu’il annonce qu’il ne se représentera pas aux prochaines élections et
  3. Qu’il vous convoque autour de la table de sortie de crise.

En le faisan, vous aurez fait face à vos responsabilités et aurez ainsi sauvé cette nation. WASSALAM !

 

Alimou Diallo

Juriste Consultant

Président de The Guinean Friendship

 

1 commentaire
  1. Rafieu Bah dit

    Good words. I agree with you.

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