Lacunes du système éducatif guinéen : l’étudiant Mourana Fofana écrit au ministre de l’éducation nationale (Lettre ouverte)

MONSIEUR LE MINISTRE
Dans un contexte où on prône le culte de l’excellence, le système éducatif guinéen marche à pas de canard et s’est embourbé sous une montagne qui ont assiégé désespérément avec pessimisme et lamentations les acteurs de l’éducation. Nous sommes malheureusement inspirés de certaines politiques étrangères comme celle du passage obligé où l’élève passe du primaire au secondaire sans même pouvoir lire et écrire.

MONSIEUR LE MINISTRE
N’est-il pas un prétexte pour l’Occident d’anéantir le niveau intellectuel des élèves et étudiants africains en général et ceux de la Guinée en particulier qui a été (le niveau) longtemps l’objet d’un éloge? Oui je pense, car l’autre a très tôt compris que pour dominer un peuple, il faut mettre sa main sur ce qu’il a de plus précieux et cela c’est l’éducation; le développement d’une nation passe avant par l’éducation et de ce fait si les élèves et étudiants guinéens perdent de plus en plus le niveau, la nation guinéenne sera à une étape où il n’y aura plus d’universitaires.

MONSIEUR LE MINISTRE
Ne nous nous y sommes pas déjà? Bien sûr, on compte du bout des doigts des intellectuels qui sont agrégés.
Savez-vous que certains de vos étudiants ne savent plus quand il faut employeur l’auxiliaire être et avoir, la plupart de vos lycéens en terminale et étudiants (surtout en lettres modernes) n’ont jamais lu « Une si longue lettre de Mariama Ba « et c’est justement la raison pour laquelle ils ignorent l’importance de cette citation: << Cultivez-vous au lieu de contester. Devenez adultes, pour que vos points de vue ont du crédit, il faut qu’ils émanent d’un savoir sanctionné par des diplômes. Le diplôme (…) couronne le savoir, un labeur … >>. (chapitre 22, page 109).
Ces diplômes ont-ils pas perdu leur crédibilité du moment où les élèves du lycée, après avoir passé le brevet ne savent pas qu’est-ce que le récit, la différence entre « LE » et « LA », certains bacheliers ignorent la différence d’un verbe transitif et intransitif, ils ne peuvent pas conjuguer certains verbes aux temps composés de l’indicatif.

MONSIEUR LE MINISTRE
Cette même politique visant à encourager la quantité et non la qualité est en train de nous plonger dans une situation où les élèves, une fois au collège, ne redoutant plus le maître qui va les fouetter ne sait plus là où mettre l’accent grave et accent aigu, l’accent circonflexe qu’on appelle << accent chapeau >>, je n’en parle même pas parce que pour la plupart des mots, son emploi n’est plus à faire.

MONSIEUR LE MINISTRE
Ces élèves et étudiants guinéens sont-ils les véritables responsables de ces lacunes qu’ils ont traînées du primaire à la FAC? Ny sont-ils pas épaulés pour des enseignants et professeurs qui ont perdu le goût de la recherche, se laisser emporter par l’argent au depris de l’amour de l’enseignement qui n’est plus un sacerdoce pour la plupart de certains enseignants et professeurs?

MONSIEUR LE MINISTRE
A qui la faute? La responsabilité sera partagée parce que l’éducation doit être l’affaire de tout le monde; l’école est une institution qui exige la participation de tous. Chacun doit trouver une solution face à cette situation inquiétante et inhérente à tout système éducatif.

MONSIEUR LE MINISTRE
L’heure est à la reconstitution d’un système solide où l’excellence sera la priorité de ses acteurs, dans notre vie de tous les jours, vous devez cultiver certaines valeurs qui constituent des Vertus cardinales qui fondent et valorisent les écoles et universités guinéennes , la société guinéenne et non vouloir prendre tout de l’Occident. Les acteurs de l’éducation doivent ainsi faire preuve de discipline, de ponctualité, de rigueur, d’intégrité mais aussi et surtout d’humilité.
Humilité, oui, car, les apprenants et les enseignants de valeur sont ceux qui cultivent la modestie: l’humilité est, en effet la preuve d’une grande force caractère. TRAVAILLONS! TRAVAILLONS! TRAVAILLONS! C’est le refrain des courageux, car le monde appartient aux vaillants! TRAVAILLONS donc, parlons peu désormais, agissons plus, car si les enceintes sèment, ce sont les silencieux qui récoltent.

Sachons également, il n’y a pas de personne sans force, il n’y a que des personnes qui ne s’en servent pas, donc, retroussons nous les manches et continuons sur ce chemin avec plus de dévouement que jamais car comme je J’ai tantôt dit la réussite d’une nation passe avant par le biais de l’éducation.

MONSIEUR LE MINISTRE
Vous constaterez sûrement que bon nombre de points n’ont pas été soulignés tels que: lacunes traînées dans les autres disciplines, les grèves intempestives, les conditions des examens en Guinée, la corruption dans le choix des boursiers d’État …

MONSIEUR LE MINISTRE
Comprenez en ces propos qu’ils sont loins d’être des reproches vis-à-vis de votre personnalité, mais une remémoration venant de cet étudiant en Allemagne soucieux de l’avenir de l’éducation guinéenne et anxieux de la voir perdre sa crédibilité .

Mourana Guinée Fofana.