« Le FNDC va sauver la Constitution et mettre en déroute ses fossoyeurs de la démocratie »
Sow Boubacar coordonne l’antenne Suisse du FNDC. C’est un sociologue, un citoyen franc et direct, habitué au modèle suisse de la politique. Il décortique les actes posés en 9 ans par Alpha Condé et lui montre la porte de la retraite. Bonne lecture !
Le Populaire: Bonjour, Monsieur Sow. Nous allons commencer cette entrevue par vous demander se porte le Front ici en Suisse ?
Sow Boubacar: Bonjour, M. Diallo. Tout d’abord, permettez-moi de vous dire merci pour cette opportunité que vous m’offrez de m’exprimer dans les colonnes de votre hebdomadaire Le Populaire. Un hebdomadaire qui porte bien son nom et qui se distingue par son ouverture, sa qualité et la diversité des thèmes qu’il aborde, mais également par le professionnalisme de son équipe rédactionnelle. En effet, le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) à travers son antenne suisse, se porte bien grâce au patriotisme sans faille de mes compatriotes vivant en Suisse. Les activités du Front ont été, en effet, lancées en le 29 juin 2019 par la convocation d’une assemblée générale constitutive à Bern. À l’occasion de cette assemblée, un comité de coordination fédérale a été élu pour coordonner les activités au niveau de la Confédération. Des responsables au niveau cantonal, ont été choisis par les délégués des différents Cantons présents à l’occasion de cette assemblée constitutive.
Ces responsables ont été mandatés par l’assemblée de créer des cellules au niveau de leurs Cantons respectifs sous la supervision et l’appui des membres du comité de coordination fédérale. À ce jour, l’antenne suisse du Fndc dispose des cellules de démembrement dans les Cantons suivants : Genève, Lausanne, Fribourg, Berne, Bienne, Neuchâtel et Zürich. À ces Cantons s’ajoute Annemasse, une ville française frontalière avec la Suisse. Dès le début, nous avons privilégié l’organisation, la structuration et l’implantation de notre antenne en vue de favoriser sa meilleure opérationnalisation sur le terrain. Actuellement, nous revendiquons l’organisation d’une grandiose manifestation tenue le 26 septembre 2019 devant l’esplanade du Palais des nations à Genève. Cette manifestation est restée dans les mémoires de la communauté guinéenne comme étant la plus grandiose jamais organisée par la communauté en Suisse.
Après cette manifestation qui a véritablement lancé nos activités, nous avons initiés une série des rencontres avec les instructions internationales basées en suisse. C’est dans ce cadre que nous avons élaboré un mémorandum portant sur la situation sociale et politique de notre pays en collaboration avec la Coordination nationale du Fndc. Ce mémorandum a été adressé à diverses personnalités et organisations relevant du Système des nations unies basées à Genève dont Mme Michelle Bachelet, Hautcommissaire pour les Droits de l’Homme des nations unies, Mme Saman Zia-Zarifi, Secrétaire générale à la Commission internationale des juristes, M.Adama Dieng, Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies sur la prévention du Génocide, M.Alan Doss, président de la Fondation Kofi Annan (KAF), M.Scott Weber, Président Interpeace, M.Coly Seck, Président du Conseil des Droits de l’Homme, ainsi qu’aux représentants de la Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et Human Rights Watch (HRW).
Les retours sont-ils satisfaisants ?
Bien sûr que oui. C’est suite à la transmission de ce mémorandum que nous avons été conviés en septembre 2019 à la session du Conseil des Droits de l’Homme où nous avons profité de l’occasion pour rencontrer des délégués venus des différents pays membres du conseil pour leur expliquer, les informer, et les interpeler sur la crise sociale et politique en développement en Guinée suite au projet de changement constitutionnel qui cache une volonté pour M.Alpha Condé de s’octroyer un 3e mandat. Notre antenne a également, dans le cadre de sa collaboration et la recherche de synergie avec les autres antennes, a pris part en janvier de cette année, à la manifestation organisée par le Fndc- France devant le siège du Parlement européen à Strasbourg. Et pas plus tard que ce 5 février 2020, notre antenne a rencontré la Fondation Kofi Annan (KAF) pour échanger sur le dernier développement de la situation sociale et politique de notre pays. Nous avons profité de l’occasion pour encourager la KAF à s’investir davantage sur la situation guinéenne afin de désamorcer la crise actuelle dans notre pays avant qu’elle ne dégénère.
Parallèlement à toutes ces activités, nous venons d’initier un programme de contribution financière volontaire de nos membres et sympathisants afin de répondre favorablement à l’appel de la Coordination nationale du Fndc, invitant tous les citoyens guinéens où qu’ils se trouvent à soutenir le combat qu’il mène sur le terrain pour empêcher une nouvelle dictature de s’installer dans notre pays sous la houlette de M. Alpha Condé et du clan mafieux qui l’entoure. C’est donc, vous dire que le Fndc à travers son antenne, se porte très bien en Suisse. Nos compatriotes se montrent à chaque occasion, résolument engagés aux cotés de leurs compatriotes en Guinée pour mener la lutte jus-qu’à débarrasser notre pays de tous ces vautours qui s’activent au sommet de l’État pour tenter d’arrêter la marche démocratique de notre pays.
Ici, vous êtes des habitués des élections, donc de l’alternance au pouvoir par les urnes. Mais est-ce pour cela seulement que la Suisse est devenue un modèle en Europe et dans le monde ?
Le système politique suisse est mondialement reconnu, envié et apprécié. Le pays a toujours été un havre de paix, de justice et de liberté. En Suisse, on n’aime pas les têtes qui dépassent. C’est un système politique de milice, l’élitisme à la française n’existe pas. L’alternance est de mise. Le pays est géré par un collège de 7 sages appelés conseillers fédéraux élus pour un mandat de quatre an renouvelable. La présidence est tournante, ainsi, chaque année, un conseiller fédéral est élu Président de la confédération par ses paires.
Le Président élu ne dispose que d’un rôle purement honorifique et représente la Suisse à l’étranger. Après une année de mandat, il passe la main en redevenant de nouveau conseiller fédéral ou simple retraité politique de la Confédération. Ainsi, la Suisse se distingue en étant le pays qui compte le plus grand nombre d’anciens présidents de la République en vie. Pour un Guinéen que je suis, la démocratie helvétique fait tout simplement rêver. C’est un pays où on vote le plus dans le monde. On ne gouverne pas par décret. Toutes les grandes décisions liées au présent et au futur du pays font l’objet de votation populaire. Les citoyens sont consultés sur tous les sujets d’intérêt local, régional ou national. Grâce à leurs votes, ils font et défont les politiques avec une grande attention à tout ce qui touche l’intérêt général. C’est le pays par excellence du compromis, du dialogue et du consensus.
Vous faites aussi de la diversité une source intarissable du Vivre-ensemble.
Bien sûr! En Suisse, la diversité est perçue et exploitée non pas comme une entrave, mais bien comme un atout. C’est ainsi que toutes les communautés linguistiques germanophones, francophones, italophones et d’autres minorités forment une seule communauté de destin et font de leur pays, un des plus prospères au monde. Pour un pays qui se cherche comme le notre, le système suisse à tout égard pouvait bien nous inspirer. Malheureusement, les Guinéens se battent à chaque fois, pour changer des têtes et des visages sans que cela ne puisse induire ou entraîner un changement du système. Les hommes politiques arrivent, profitent du système, le renforcent et passent. Ainsi, les Guinéens sont devenus des abonnés au désenchantement. Mais grâce à la dynamique en cours sous l’impulsion du Fndc, j’ai fort espoir qu’après M. Alpha Condé, plus rien ne sera comme avant.
C’est-à-dire ?
Je dis plus rien ne sera comme avant, parce que le Guinéen commence à ouvrir les yeux et comprend de plus en plus que la démocratie ne consiste pas à aller choisir ses maîtres et retourner dans la servitude. Le contrôle de l’action politique et des politiques à la tête de notre pays incombe à tous les citoyens. Le temps de potentats régnant sans partage avec un droit de vie ou de mort sur les citoyens est révolu.
Vous êtes un guinéo-optimiste franc et direct moulé au contrôle de l’action publique.
Je dois cela à mon expérience suisse. Ici, le citoyen est au coeur de l’action publique. Franchement, j’ai foi en la jeunesse guinéenne qui chaque jour, montre son niveau d’engagement d’une gouvernance plus horizontale où le citoyen a un droit de regard sur l’action politique qu’il peut sanctionner positivement ou négativement dans les urnes. C’est ce qui se fait en Suisse et c’est ce que je rêve pour mon pays après la bouillabaisse politique actuelle.
Sur les réseaux sociaux, vous réagissez régulièrement à la situation sociale et politique qui prévaut en Guinée. Pour les lecteurs du Populaire, ditesnous avec quel état d’esprit vous suivez l’exercice des droits et libertés citoyens dans notre pays, à la fois par le FNDC et les pouvoir publiques ?
Par rapport à la situation sociale et politique actuelle de notre pays, tout citoyen honnête, sincère, patriote et responsable ne peut que s’en inquiéter. Depuis l’avènement de M. Alpha Condé au pouvoir, notre tissu social est déchiqueté et est quasiment en lambeaux. Chaque ethnie, car c’est de cela il s’agit, se promène avec un morceau. L’ethnostratégie à été érigée quasiment en mode de gouvernance. Le président de la République garant de l’unité nationale et de la cohésion sociale est devenu son premier fossoyeur.
C’est-à-dire ?
Je veux dire qu’à chacun de ses discours, au lieu de faire allusion à la nation guinéenne, le président de la République ne parle que d’ethnies, de régions ou d’appartenance communautaire.
Et ces discours créent plus de dégâts qu’ils n’en résolvent, selon vous ?
Cette tension sociale que ses discours provoquent, ce clivage ethnique et régionale que le président de la République a volontairement créé et entretenu pour juste rester au pouvoir, sera à mon sens, le plus lourd héritage qu’il va léguer à la Guinée en général et à son futur successeur en particulier. Pour en venir à l’aspect exercice des droits et des libertés, il faut noter la détermination affichée, réitérée et persistante des guinéens à jouir de leurs droits et de leurs libertés. Le succès du Fndc qui regroupe tous les segments de la société guinéenne, illustre parfaitement cette soif de nos compatriotes d’exercer leurs droits et libertés et ce, malgré la volonté du pouvoir en place de les confisquer au mépris de la constitution du pays qui les garantis. Aujourd’hui, on peut constater et affirmer sans risque de se tromper que le Fndc s’est imposé comme un mouvement à l’avantgarde de la promotion de l’expression des droits et libertés des citoyens face à un Etat qui au contraire, en érige des barrières. Personnellement, malgré la déviation de l’Etat en matière de protection des droits et libertés des citoyens, je reste optimiste et persuadé que la dynamique citoyenne en cours demeurera irréversible.
A votre avis, pour quelle raisons évidentes le pouvoir actuel se permet-il de mettre en péril une constitution ayant servi à son installation en 2010 ?
Pour moi, la réponse est toute simple, c’est l’ivresse du pouvoir d’un homme qui, au crépuscule de sa vie continue encore à confondre son destin avec celui de la Guinée et de son peuple. Ce projet funeste de changement constitutionnel initié à quelques mois de la fin de son second et dernier mandat constitutionnel n’a d’autres justifications, d’autres motivations que de contenter un homme qui souhaite mourir au pouvoir au mépris des lourds sacrifices consentis par le peuple de Guinée. Sacrifices grâces auxquels lui-même a été porté au pouvoir entant que premier président démocratiquement élu de l’histoire politique de notre pays. C’est incompressible, intolérable et inacceptable cette tentative cavalière de vouloir obstinément de remettre en cause les acquis démocratiques de notre pays glanés au pris du sang de nos martyrs.
De quel oeil voyez-vous l’action des voisins de la Cedeao qui, depuis la conférence internationale d’octobre 2019 à Niamey sur la limitation des mandats présidentiels, a relancé le forum des anciens chefs d’Etat ?
Même si on constate à travers ses actions sur le terrain que la Cedeao demeure toujours celle des Etats avant celle des peuples des Etats, il faut noter un réel progrès en matière de prise de position sur les questions liées à la préservation de la démocratie et de l’Etat de droit dans la sous-région. De plus en plus, les chefs d’Etat réfractaires aux principes et aux contraintes de la démocratie et de la bonne gouvernance sont entrain de devenir minoritaire. La question par exemple de la limitation des mandats et de leur respect est abordée dans les instances de l’organisation. La tenue en octobre 2019 à Niamey de la conférence axée sur cet thème et où effectivement, le forum des anciens chefs d’Etat de la sous-région à été sollicité pour ramener sous l’arbre à la palabre les chefs d’Etat en exercice souhaitant mourir au pouvoir comme le nôtre à la raison, constitue un espoir et augure une belle perspective. Toutefois, par rapport au cas de la Guinée, tout comme celui du Togo, je trouve que la Cedeao est encore à ma convenance, encore très timorée. Il va falloir que cette organisation s’affirme davantage en affirmant sans trop de diplomatie sa ferme opposition à toute forme de coup d’Etat civil déguisé en changement ou modification constitutionnel dans le seul but de confisquer le pouvoir et plomber toute possibilité d’alternance démocratique.
Vous êtes donc d’accord avec le président Nicéphore Soglo qui est monté sur ses grands chevaux après avoir partagé un repas avec Alpha Condé ?
M. Soglo est un ancien président qui sait ce que c’est que les privilèges et de ses contraintes. Il avait été élu président de la République de son pays après avoir été un éminent cadre de la Banque mondiale et longtemps opposant. Après un mandat à la tête de son pays, son peuple n’a pas souhaité le reconduire à la tête de l’Etat. Il s y est plié avec honneur et élégance. Aujourd’hui, il est devenu un ancien chef d’Etat, un patriarche respecté dans la sous-région. Il est la preuve parmi tant d’autres qu’il y a belle et bien une vie après la présidence. Qu’il soit donc dépêché au chevet de la Guinée pour tenter de faire raisonner M. Alpha Condé qui doute s’il y aurait une vie après la présidence au point de tenter de s’y maintenir en faisant un forcing anticonstitutionnel, est une bonne chose à saluer et à encourager. Notre espoir est qu’il soit écouté et entendu même si pour l’heure, M. Alpha Condé ne semble pas offrir des oreilles attentives.
En plus de la limitation des mandats présidentiels à deux, la constitution en vigueur garantit le droit de manifester, mais aussi le droit de regard sur la gestion de tout régime…
Mme Corine Dufka, directrice pour l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch, rappelle que, citation : dans un contexte de débat politique acharné comme c’est le cas en Guinée actuellement, il est plus important que jamais de protéger le droit de manifester pacifiquement. Elle ajoute, citation : qu’interdire les manifestations pacifiques prive les partis politiques et les autres groupes d’un moyen légitime d’exprimer leur opposition ou leur soutien au plan et politiques du gouvernement. Dès lors que la constitution en vigueur est favorable à l’exercice d’une activité dans un pays, il n’incombe aux autorités de passer outre pour l’interdire. Son devoir, sa responsabilité, son obligation c’est de diligenter, faciliter, encadrer et sécuriser les citoyens qui estiment nécessaire dans le cadre de l’exercice de leurs droits et libertés de l’exercer. En Guinée, depuis toujours, manifestation même dite pacifique par les organisateurs sont systématiquement source de violences en tout genre.
Paradoxalement, c’est toujours l’Etat à travers ses forces de défenses et de sécurités qui sont à la base de ces violences. Les populations, les manifestants font souvent l’objet des violences qui restent sans conséquences pour les auteurs. L’injustice, l’impunité, le laisser-aller et le laisser-faire ont totalement gangrené le pays. L’Etat apparaît de plus en plus non pas comme protecteur, mais bien comme bourreau à l’encontre de ses propres citoyens dont-il a pourtant du point de vue de la loi, l’obligation de protéger. Le climat est à chaque manifestation délétère, la confiance des citoyens à l’égard des agents de forces de l’ordre est rompue d’où l’anarchie dans le semblant des dispositifs du maintien d’ordre. À chaque fois, les blessés et les morts se comptent par dizaine, des familles endeuillées par la perte de leurs enfants souvent à fleur de l’âge ne savent plus où donner de la tête ou à quel saint se vouer. La déliquescence de l’Etat est totale d’autant plus qu’il n’accomplit pas sa mission régalienne au nom et en faveur des citoyens.
Quant à ses homologues présidents Alassane Ouattara et Macky Sall, ils ont été obligés de couper court au procès d’intention.
Si un président de la République aime et respecte ses concitoyens et son pays, il doit impérativement éviter de les plonger dans le doute, entretenir la spéculation source de surenchère politique, des interrogations et d’incertitudes sociale et politique. Aucun pays n’a besoin de cela. Un président de la République doit assurer, rassurer, offrir de l’espoir, gouverner non pas avec ses humeurs mais conforment à sa mission et sur la base des lois de la République qui encadrent l’exercice du pouvoir. Malheureusement, notre président contrairement à ses pairs de la sousrégion, aime jouer avec les humeurs de son peuple. Il adore les conflits pour justifier son manque de résultats ou de ses manquements à la tête du pays. À chaque fois qu’il prend la parole, il donne l’impression qu’il vient d’arriver au pouvoir.
Depuis 9 ans, le même discours, les mêmes promesses, les mêmes accusés, les mêmes coupables. Il ne dit jamais on a fait, c’est à chaque fois, on va faire, on va faire, jusqu’à ce qu’il réalise qu’il n’a rien pu pendant plus de 9 mois à la tête du pays. Désormais, ce qu’on se demande, c’est qu’est-ce qu’il peut faire encore de potable en 9 mois qu’il n’a pas pu faire en 9 ans. Lui-même n’ayant pas la réponse, il commence à se substituer désespérément aux guinéens pour décider à leur place qui serait bon ou mauvais pour le remplacer. L’omerta de M. Alpha Condé sur sa volonté de briguer un 3e est la preuve qu’il est devenu le commandant dans un bateau ivre qu’il navigue à vue sans idée de la direction de sa destination finale. Aux Guinéens à travers le FNDC de lui montrer la direction le menant à la retraite.
N’est-ce pas là aussi une autre raison qui conduirait le régime à tenter de s’éterniser dans le but de faire stopper advitam eaternam toute action visant à trimbaler devant la justice les présumés les présumés auteurs des tueries perpétrés dans les rangs de l’opposition et des massacres de Galapaye et Zogota, et bien entendu des pillages et crimes économiques comme les recels de fonds, de détournements des domaines publics maritimes , le feu vert accordé aux sociétés écrans qui écument les secteurs miniers et les filières des BTP, le transport des caissons de devises étrangères vers les parais fiscaux ?
On n’en sait rien pour le moment. En attendant d’en savoir plus, il faut dire qu’au regard de la gravité des crimes, des violences, des injustices, de l’impunité, les bavures dont les poids lourds du pouvoir se reprochent, il sera très difficile de les voir passer la main sans tenter une opération de survie fut désespérée ou désespérante qu’elle soit. En général, les politiciens quittent le pouvoir par la manière dont-ils ont gouverné. Démocratique et paisible, ils partiront de façon démocratique et paisible, violente, ils partiront de façon violente par la violence.
Depuis 1958, notre pays fuit la justice.
Lui-même à l’époque où il cherchait le pouvoir, il avait demandé qu’on vote des lois d’amnistie en faveur des présidents en exercice afin de les inciter à favoriser l’alternance en acceptant de quitter le pouvoir.
Aurait-il besoin d’avoir ces genres de couvertures aujourd’hui?, oubien, chercherait-il derrière son silence à entendre une telle proposition venant des camps de ses adversaires en face ?
En attendant, il continue à faire la sourde oreille en refusant de voir et d’entendre les revendications populaires. Il confond maladroitement les militants réels et de circonstance avec le peuple de Guinée. Il continue à piller les ressources du pays, non pas pour vivre mais pour empêcher les autres guinéens de vivre. Ses complices construisent partout dans le pays des futurs palais du peuple Tout partira un jour comme s’était venu. Qu’ils continuent à s’enfermer dans leur bulle. Il y eu plus forts et plus puissants qu’eux que l’histoire à réduit à néant, ils subiront le même sort. L’histoire est têtue. C’est une erreur de penser que ça n’arriverait qu’aux autres. Les mêmes causes finissent toujours par produire ou reproduire les mêmes effets. Le clan et la famille de l’ancien président Angolais Dos Santos ne me diront pas le contraire. La Suisse, le pays que vous habitez, était jusqu’à une période récente, la destination privilégiée des fonds mal acquis en provenance notamment d’Afrique.
Comment jugez-vous les initiatives de la société civile ayant contraint les décideurs des banques suisses à s’en débarrasser. Vous savez, on dit souvent que tout change et d’autres ajoutent, il n’y a que les imbéciles – si vous me permettez l’expression – qui ne changent pas. Grâce, effectivement à l’action déterminante, salutaire des organisations de la société civile, la gouvernance du monde est entrain d’évoluer positivement. À cet engagement de la société s’ajoute l’influence des opinions publiques sur les dirigeants politique et économiques qui étaient très peu regardant sur tout ce qui relève de l’éthique et de la morale, particulièrement dans le domaines financiers et économique. Aujourd’hui, grâce à des actions concertées et coordonnées organisations, les prédateurs des fiances publiques ont des difficultés à placer et à recycler leurs butins. À plusieurs pressions venant de toute part, les banques suisses ont fini par accepter d’être un peu plus regardants sur les origines et les provenances des fonds qu’ils reçoivent pour garnir leurs coffres.
Grâce à cet engagement, la Suisse n’est quasiment plus sur la liste rouge des paradis fiscaux et de l’argent sale. Tout n’est cependant pas encore tout rose car, malgré cette volonté, cet engagement de part et d’autre pour assainir les places financières internationales, il y a toujours des banques et des banquiers indélicats qui tentent de contourner les dispositions mises en place pour couvrir, voire faciliter des transactions financières illicites. Le pillage des ressources du continent est une triste réalité qu’il faut déplorer et condamner. Il faut cependant noter que de la même façon que l’Afrique n’avait pas été colonisée en l’absence des africains, le pillage économique et financier dont l’Afrique est victime souvent de la part des multinationales, s’opère avec la complicité active de l’élite politique et économique du continent.
Et les Luanda papers dans tout ça ?
L’affaire dite de Luanda papers est un exemple qui corrobore ce constat. Depuis le départ du pouvoir de M. Dos Santos qui a gouverné l’Angola sans partage de 1979 à 2017, les angolais sont tenus en haleine par des révélations permanentes sur l’étendue des détournements des montant faramineux opérés par les membres de sa famille et de son clan au détriment du trésor public angolais. Les Luanda papers a révélé au grand jour toute la face cachée d’une gouvernance de plus de 38 ans d’un pays potentiellement par un clan mafieux qui a finit par confondre le trésor public du pays avec leurs poches. Des individus sans scrupule qui pillent leur pays, aident d’autres mafieux à le piller pour se retrouver des années durant, plus riches que l’Etat de leur pays. L’élite africaine ne vole pas les deniers publiques pour seulement vivre, ils pillent leurs pays respectifs pour aussi et surtout, empêcher leurs compatriotes de vivre.
C’est incompréhensible et inadmissible d’autant plus que mêmes les animaux en brousse ne profitent pas de ce que la nature leur offre comme moyen de subsistance audelà de ce qui leur en faut pour vivre. Malheureusement, aujourd’hui c’est le cas angolais qui est à la une, mais il y a croyezmoi plusieurs autres cas du même type dans d’autres pays africains qui n’attendent que d’être révélés. Le travail périlleux que font les lanceurs d’alerte est nécessaire pour vaincre la complicité, l’hypocrisie de certains gouvernements qui protègent cette bande de mafieux qui affament leurs compatriotes. Vivement que la Guinée aussi connaisse ses Conakry papers car, des dossiers lourds, il n’en manque pas depuis au temps de feu, Lansana Conté en passant par la période de la transition militaire jusqu’à la situation que nous vivons actuellement avec tous ces contrats miniers opaques. Tous les pays qualifiés de scandales géologiques sont également hélas, des pays des scandales de corruption et de détournements de deniers publics.
Quelle leçon le Fndc pourrait tirer de tous ces dossiers ?
Pour le Fndc, les choses sont claires, chaque gouvernement, chaque régime, tôt ou tard sera amené à rendre des comptes, à répondre de sa gestion de la chose public. Le Fndc ne se bat pas juste pour qu’un leader politique remplace un autre leader politique à la tête de notre pays. Le combat du Fndc c’est pour la fin d’un système, la fin d’une pratique, la fin d’une gouvernance basée sur le clanisme, le clientélisme, l’affairisme d’Etat, la médiocrité, le favoritisme au détriment de la bonne gouvernance et de ses exigences. Le FNDC dans sa lutte est également consciente que le système ne peut changer sans la mise à la touche des hommes qui l’incarnent. L’environnement politique guinéen mérite et c’est mon point de vue personnel, un véritable coup de balai, un assainissement pour permettre à la Guinée de réinventer, de redémarrer avec des nouvelles valeurs et des principes qui vont inciter les guinéens pour ne pas dire obliger les politiciens à faire autrement la politique.
La politique c’est pour servir et non pour se servir, c’est un métier noble qu’il ne faut laisser l’exercice à des simples vautours. D’ailleurs, on dit souvent que quelque fois, malheur est bon. La situation préoccupante de la Guinée d’aujourd’hui crée par M. Alpha Condé et de son clan, est entrain de pousser des guinéens qui, jusque-là avaient préférés de s’éloigner de la politique, de la gestion de la chose publique, à reconsidérer leur position, à s’engager désormais, pour apporter leur contribution dans le débat politique en cours. Il faut remercier le Fndc d’avoir favorisé ce retour en se servant de cadre pour fédérer l’action de ces nouvelles énergies positives pour notre pays.
L’Europe a beau être un exemple d’alternance au pouvoir, elle souffre elle aussi du système mafieux. Récemment, l’affaire Cahuzac a prouvé que la France est aussi un pays où les prédateurs des finances publiques sont abonnés aux banques suisses.
Les pays européens sont effectivement des exemples en matière de démocratie, de bonne gouvernance et d’alternance politique. Mais, cela ne demeure pas moins, qu’ils sont parfois eux aussi, confrontés à des situations malsaines. C’est la preuve que la démocratie reste toujours un chantier inachevé où il y a toujours des choses à voir ou à revoir. Il ne faut d’ailleurs pas s’attendre à l’existence d’une démocratie parfaite. Chaque pays, suivant le processus historique qu’il suit est souvent amené à se réinventer, à changer ou améliorer son fonctionnement pour le bien de ses citoyens. Ce travail, ce rôle, incombe en grande partie aux politiques qui ne doivent jamais dormir sur leurs lauriers comme c’est souvent le cas en Afrique. Les politiques ont les devoirs pour ne pas dire les obligations d’être permanemment en situation de réflexion et d’action afin de se doter de véritables projets de société allant dans le sens de l’amélioration du quotidien de leurs concitoyens. Pour revenir à l’affaire Cahuzac, je crois que depuis un certain temps, grâce à la vitalité de la démocratie française, toutes ces affaires ont été capitalisées par l’opinion publique française et sanctionnées par l’électorat français. Aujourd’hui, tous ces bandits à col blanc sont déjà, grâce au vote sanction des électeurs français, dans la poubelle de l’histoire. Les français ont totalement nettoyé, assaini, le milieu politique français. Une nouvelle classe dirigeante a émergé des urnes, chose inédite qui a anticipé le départ à la retraite forcée de l’ancien establishment politique. Malgré les difficultés du moment, les français à travers ce coup de balai, se sont offert un bol d’air qui leur permet de rêver et d’espérer. Dans un pays, on ne doit pas arrêter de rêver et c’est ce rêve que M. Alpha Condé souhaite à travers son propre rêve de 3e mandat, confisquer aux guinéens. A l’unisson, nous lui opposons un refus catégorique afin que le rêve d’une Guinée démocratique, unie, solidaire et prospère cesse d’être un rêve pour devenir une réalité.
Merci, Monsieur Sow de nous avoir accordé cette entrevue.
C’est moi qui vous remercie.
Par Le Populaire