Limogeage du Préfet de N’Zérékoré : les deux poids, deux mesures d’Alpha Condé
Sory Sanoh, c’est le nom du désormais ancien préfet de la plus grande ville du sud du pays, N’zerekoré. C’est cet homme qui, à la stupéfaction générale des guinéens déclarait le 28 février dernier, sans gêne :
<<Tout ce que le président dit, nous sommes engagés à appliquer à la lettre. Même si le président dit d’égorger quelqu’un, nous allons le faire. D’ailleurs, nous sommes un peu en retard sinon j’aurais cherché de gros fouets pour distribuer aux gens afin de bien fouetter ceux qui vont tenter de s’attaquer ou empêcher les élections »
Quelque temps après, les jeunes avaient réclamé le départ de l’administrateur à la tête de la préfecture. Le gouverneur de région avait même tenté une médiation. Mais peine perdue, ce 10 mars 2020, les affrontements eurent lieu entre quelques jeunes déterminés à chasser le préfet et les services sécurité. Le film a été de courte durée. Mais il a produit l’effet escompté : le départ du préfet. Monsieur Sanoh est muté à Kerouane, c’est à quelques kilomètres de son ancien royaume.
Ce départ du préfet laisse beaucoup de questions : pourquoi le président a vite répondu aux exigences des jeunes de N’zerekoré ? Quand on sait qu’ il y’a beaucoup de préfectures (Fria, Labé, Dinguiraye…), qui demandent le départ de leur premier responsable, mais ils ne l’ont jamais obtenu. Et par le passé il a fallu des mois pour que le président agisse dans le sens de la volonté du peuple si l’on se réfère aux cas de Gueckedou, de faranah….
L’autre question, le président a- t-il peur d’ouvrir un autre long chantier de crises? Il est certes vrai que la ville de N’zerekoré n’est pas totalement acquise à la cause du président, mais c’est un bastion important, alors certainement, le président a cherché à vite éteindre le feu sous le mont nimba.
Mais quelles seront les réactions dans les autres préfectures où le départ des administrateurs sont réclamés depuis un temps.
Par Robert Kamano