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Pourquoi le GNF se déprécie ? Quelles solutions pour stabiliser notre monnaie ?

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La monnaie n’est que le reflet de la production de pays, de nos jours, la convertibilité entre une monnaie et une autre se mesure d’une part par les réserves de change principalement, issue des exportations qui ramènent les devises étrangères et d’autre part, le déficit commercial est qui le différentiel entre les exportations et les importations. En fait, les importations sont des demandes de devises, et les exportations sont des recettes de devises,  et quand la demande est plus forte que l’offre, automatiquement, la valeur du GNF se déprécie. Pourquoi, malgré, une forte hausse des exportations de la bauxite, plébiscitée par le Gouvernement, la valeur du GNF baisse ? Comment expliquer en 3 mois, que l’EUR en moins de 2 mois passe de 10 000 GNF à 12 500 ? Soit une perte de 25%.

La dépréciation du GNF,  fondamentalement peut s’expliquer par les faits suivants :

  • Une offre faible de devises par rapport à une demande forte.
  • Un déficit de trop liée à la mauvaise Gouvernance.
  • L’absence d’une politique monétaire adéquate de la BCRG pour favoriser la production locale.

Par rapport à l’offre de devises, il faudrait que la BCRG nous explique, pourquoi les entreprises minières ne ramènent pas leurs exportations dans leurs comptes en Guinée ? Et encore plus, à créer des tensions de devises en faisant des règlements,  en devises à leurs fournisseurs. Pour rappel, lors de l’inauguration de la salle de marchés, le gouverneur de la BCRG avait affiché l’intention du contrôle de taux de change, nous pouvons carrément en déduire aujourd’hui que c’est un flop total.

L’objectif de la création de cette salle, était de palier à la volatilité du GNF pour avoir un marché plus formel. Il est nécessaire de le rappeler que la BCRG n’a pas un contrôle du tout sur le marché des devises, largement dominé par les banques primaires et  l’informel. C’est un marché qui tourne autour de 1 milliards 500 mille dollars annoncé par le Gouverneur de la BCRG, c’est largement faible par rapport à nos exportations en termes de matières premières, cela ne représente que 30%.

À titre d’exemple, en lisant  le bulletin des statistiques miniers, établit  lors de l’initiative pour un développement minier responsable entre Mai et Juin 2019,  la CBG, la CBK, la COBAD,  CDM CHINE, SMB, l’exportation annuelle de Bauxite  a tourné autour de 58  millions de tonnes,  avec un cours de 52 USD en moyenne,  nous sommes à 3 milliards de dollars très en dessous des 1,5 milliards sans parler de la production en or de la SMD et de la SAG qui tourne autour de 414 kilo onces  et 357 kilo once  pour l’exportation artisanale,  Quant au diamant, c’est autour de 270 kcarrat.  Pourquoi avec toutes ces entrées en devises, il y a encore des tensions sur le GNF ? Pourquoi  les entreprises minières ne ramènent pas les devises ? Sans aucun doute, une complicité avec la BCRG, pourtant avec la consommation très élevé de carburant de ces entreprises minières, qui doit être réglé en devises à travers des lettres de crédit, sans oublier notre consommation en riz et en sucre, il faut pas s’étonner de la dépréciation du GNF.

Abdourahmane Bella Bah, Président de la Jeunesse citoyenne
Abdourahmane Bella Bah, Président de la Jeunesse citoyenne

En ce qui concerne la question de la mauvaise gouvernance, un seul chiffre alerte, le déficit commercial est passé de 500 milliards en 2019 à 2000 milliards en 2020 ? Pour quelle contrepartie ? Une complicité entre les différents ministères, le ministère du budget, les finances, le trésor et la BCRG avec des autorisations de paiement plombe les finances publics. Ce déficit contribue également à créer des tensions parce que cela oblige à faire recours à des endettements dont les intérêts et le principal doivent être réglé en GNF, et des fois ce qui est plus grave, ce déficit est financé par la planche à billet.

Enfin, la BCRG qui doit œuvrer avec une politique monétaire en agissant sur l’offre et la demande de monnaie à travers le taux directeur, ne fait absolument rien de nos jours, elle est figurante et n’agit point sur l’activité économique que cela soit pour la facilité d’accès au crédit encore moins sur les coûts des transactions financières. Elle, qui doit coordonner l’activité des banques primaires, se trouve même soumis à des injonctions, on se poserait bien la question, comment une PME Guinéenne peut –elle s’en sortir avec des intérêts financiers de deux chiffres, ça tourne au tourne de 15% au plus ? Comment inciter à faire des virements au niveau des banques primaires quand ces transactions tournent autour de 1,5% du montant à virer ?   Cela favorise un marché informel très fort qui décide de la convertibilité du GNF par rapport aux devises étrangères. Les cours dictés par la BCRG ne sont pas du tout suivi, du fait qu’elle ne dispose point des devises par conséquent aucune influence réelle. Cela s’explique par les statuts de la BCRG qui ne lui confèrent pas une autonomie, la mise sous tutelle de la BCRG sous la présidence est une erreur à laquelle, il faudrait remédier afin qu’elle puisse agir à travers une politique monétaire plus saine en fonction des besoins des agents économiques.

Pour remédier à la volatilité du GNF, il faut d’abord une offre de devises, ceci à travers un mécanisme pour obliger les entreprises minières à rapatrier leurs CA pour faire face aux lettre de crédit du carburant et du riz bref de la consommation intérieure, afin qu’il y ait un certain équilibre entre l’offre et la demande de devises.  Il faudrait également, limiter le déficit, occasionné par une corruption de trop en révisant les statuts de la BCRG, par exemple l’article 28  qui dit « la Banque centrale consent des avances à l’Etat, tous concours confondus jusqu’à concurrence de vingt pour cent (20%) des recettes budgétaires constatées au cours de l’année budgétaire écoulée», une discipline budgétaire en ramenant à 10% est souhaitable. Sans également, oublier, la rigueur au niveau de la loi de finances, trop de ministère budgétivores sans aucune influence réelle.

Au-delà, la BCRG doit jouer son rôle de régulateur en soutenant l’activité économique, favoriser l’accès au crédit des PME pour soutenir la production locale en termes de biens et services. Sans une politique de production locale, pour diminuer dans le temps, notre dépendance par rapport à l’importation liée à notre consommation, la tension sur le GNF et cela affectera regulièrement le panier de la ménagère.

BAH Abdourahamane Bella

Président de la jeunesse citoyenne

abbellabah@gmail.com

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