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Honneur de ministre ou bonheur d’être ministre ?

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On vit à l’heure d’un Président qui tente l’impossible pour changer l’image du pays, réhabiliter ses élites décriées, et donner tort aux oiseaux de mauvais augure qui critiquent tout, peignent tout en noir dans le sombre dessein de briser l’élan des nouvelles espérances. Le mal, serait-il de vouloir du bien pour tout le monde ?

Le 1er mandat de la 4e République, chacun le savait, sera en tout et pour tout, différent. Il n’y a donc pas de surprise en soi, parce que le Professeur Alpha Condé n’a voulu d’un autre mandat qu’après avoir obtenu de ses partisans, de ses alliés, de ses soutiens et des populations, l’engagement solennel et irrévocable que rien ne sera plus comme avant.

Chacun s’est engagé aussi, sur son honneur, d’avoir une mentalité et un comportement qui prennent en compte l’intérêt général et favorisent l’éthique et la morale dans les choix à faire, les actes à poser.

Le candidat Alpha Condé a voulu aller au-delà des bonnes intentions et de la profession de foi propres aux campagnes électorales, pour proposer à tous un nouveau contrat politique et social gravé dans le marbre d’un document inédit, baptisé « Pacte de Candidature et de Gouvernance ». Gouverner autrement, faire la politique autrement, en sont la trame, la philosophie et la finalité.

Toutes les composantes de la majorité présidentielle, Gouvernement, élus, partis politiques amis et alliés, avec comme locomotive le RPG-ARC-EN-CIEL, ont paraphé formellement ledit document, et en toute connaissance de cause. De même que chacun a fait le serment libre, en cas de victoire du Président Alpha Condé, d’être à ses côtés pour le soutenir dans son ambition d’opérer un tournant historique dans la gouvernance politique, économique et sociale de notre Guinée à tous.

Bien entendu, l’exemple vient toujours d’en haut, du sommet de la pyramide administrative et politique. C’est pourquoi, les ministres, les personnalités de premier ordre et rang sont concernés, au premier chef, par l’opération de nettoyage des écuries d’Augias.

Comme pour tout changement, il y a un effort d’adaptation et des sacrifices à consentir, mais, personne encore n’a exprimé son mécontentement, sa désapprobation dans les rouages de l’Etat et les dédales de l’administration, ou n’a songé à rendre le tablier. Sans doute, parce que tous étaient prévenus, chacun savait à quoi s’en tenir, et aussi malgré tout, le Président Alpha Condé a fait savoir, à toutes les occasions, que le changement est bien possible nonobstant les écueils, mais qu’il est surtout irréversible.

Dès lors, il n’y a pas d’autre choix que de s’adapter, en comprenant que les temps ont changé et que le pays est confronté à d’importants défis et fait face à de nombreuses exigences.

Cependant, le Chef de l’Etat ne ferme pas complètement la porte, et laisse à chacun une option possible : se soumettre à l’obligation de servir ou se démettre dans la liberté de renoncer.

Quoi qu’il en soit, grâce à la rigueur essaimée dans l’administration publique et la sobriété qui gagne tout le monde, être ministre retrouve son lustre perdu, son sens éthique et sacerdotal qui avaient tendance à s’effilocher, à cause de l’usage que l’on en avait fait et de l’image pendant longtemps véhiculée de la fonction, dans une société prise au piège de la complaisance et de l’impunité : un homme ou une femme qui peut tout, qui a tous les pouvoirs et tous les honneurs, ne peut manquer de rien, gagne de l’argent pour lui, en a à n’en pas finir à distribuer ou redistribuer…

Cette image de « toute puissance » ne suscite pas qu’envie, convoitise et jalousie, elle peut aussi être l’alibi pour nuire, détruire et causer les plus grands torts dans un lynchage permanent et systématique de ceux qui sont considérés comme les mandarins de la République.

Voilà donc que c’est maintenant qu’il est bon d’être ministre ou d’occuper une haute fonction, parce qu’il faudrait mériter la confiance du Président et être à la hauteur de la charge. On peut ainsi prétendre à l’honneur et la dignité de la fonction, souillés avant par des pratiques honnies de tous, parfois des fantasmes à propos des avantages et des pouvoirs des promus.

La société est-elle prête à s’adapter à la « nouvelle condition » de ministre, en se gardant des sollicitations intempestives et d’exposer ainsi celui-ci à toutes les tentations malsaines pour y répondre ? Le ministre se retrouve-t-il dans une camisole de force, comme certains voudraient le faire croire, ou adhère-t-il pleinement à la mise en œuvre d’un projet de société élaboré ensemble et exécuté solidairement ?

Les réponses à ces questions vont sceller le sort de chacun et indiquer si les Guinéens ont la volonté et l’ambition, les aptitudes aussi, de s’engager dans l’ère du changement, le pari de leur Président, le salut pour tous.

D’ici là, le Président Alpha Condé, loin de brimer les ministres dans leurs droits ou de les limiter dans leurs attributions, s’est engagé à créer les meilleures conditions de confiance entre Gouvernants et Gouvernés, et s’emploie à restaurer l’autorité de l’Etat, la crédibilité des institutions menacées par les inégalités, la corruption, les détournements de deniers publics, bref, les pratiques et comportements déviants dans la République. Il sait qu’il n’y a pas de paix sociale sans justice sociale. Quand l’élite pleure, c’est le peuple qui rit, et c’est le peuple dont l’humeur détermine la trajectoire de l’histoire et le destin de tous.

Peut-on reprocher alors à un Président de vouloir le contenter, ménager sa peine et combler ses attentes ?

Craindre le peuple, c’est aimer Dieu pour le meilleur tout en conjurant le pire.

 

Tibou Kamara

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