L’armée réquisitionnée : faut-il craindre un bain de sang ?
Faut-il craindre le pire ? C’est la principale question qui taraude actuellement les esprits depuis la fuite d’un document classé confidentiel concernant la réquisition de l’armée dans la sécurisation des bureaux de vote. Les militaires guinéens dont ceux des quatre régions militaires du pays sont alerte rouge.
Les unités « doivent être disponibles pour renforcer la sécurité des bureaux de vote le 1er mars 2020 au besoin ce travail se fera sans arme, en rapport avec les autorités civiles et les charges de la sécurisation des urnes conformément aux unités de la capitale« , a instruit le chef d’Etat-major adjoint de l’armée de terre, Pépé Roger Sagno.
Depuis la sortie de ce courrier, les inquiétudes grandissent sur la journée fatidique du 1er mars, date du double scrutin législatif et référendaire. En Guinée, il faut dire que l’armée depuis l’indépendance est connue pour sa brutale répression contre les populations. Les évènements de Labé ont montré que les réformes tant ventées par le régime d’Alpha Condé n’ont rien changé concernant le comportement de l’armée. Dans cette ville de la Moyenne Guinée, les militaires se sont livrés à de vols, pillages et violences sur les populations.
A peine arrivée dans cette grande bourgade de la capitale foutanienne, les militaires ont commencé à tirer les civils. Pourtant, le cas de Labé était un test sur l’impact des réformes en faveur des services de défense et de sécurité. Un test sans doute raté par les hommes en treillis qui ont assiégé la préfecture pendant plus d’une semaine.
Les acteurs de la société civile et des leaders politiques réunis au sein du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) ont juré depuis plusieurs mois d’empêcher la tenue des élections législatives et du référendum. En réponse, les autorités ont fait sortir l’armée des casernes pour sans doute mater toute contestation.
La sortie d’Aladji Cellou Camara visant à rassurer les populations est loin de convaincre l’opinion d’autant plus que cette armée est connue pour la facilité de sa gâchette face à toute manifestation populaire. Mais certains optimistes pensent qu’il faut accorder un bénéfice de doute à l’armée. Va-t-elle réprimer toute contestation ? Parviendra-t-elle à sécuriser les élections sans commettre des bavures ? L’avenir proche nous édifiera.
Ousmane Diallo