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Alpha Condé : un président qui a banalisé la mort, désacralisé la vie

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« Le jour de l’élection, quiconque tente de saccager les urnes, frappez-le !». Lamarana-Petty Diallo décrypte cet appel lancé à Faranah le 20 février 2020 par un président qui a banalisé la mort, désacralisé la vie. Bonne lecture !

Monsieur Alpha Condé a été élu président de la République de Guinée au second tour des présidentielles de 2010 avec un chiffre tout rond de 52,52%. Depuis, il fait tourner les Guinéens en rond. Il avait promis d’être « le président du changement au bénéfice de tous, le président de la réconciliation nationale et du progrès ». Il avait poussé la promesse jusqu’à se présenter comme « Le Mandela de la Guinée ». Une Guinée de retour avec sa formule, « La Guinée is back ».

 

S’y ajoute la plus célèbre de ses déclarations : « Je prends la Guinée où Sékou Touré l’a laissée ». Quant à ses opposants, il les considère tout simplement comme des bourricots. Sa déclaration à l’adresse de son challenger en dit long : « À mon jeune frère Cellou Dalein Diallo, j’adresse mes sincères félicitations et je tends une main fraternelle pour l’édification d’une Guinée unie et prospère ».

 

Tout ce que les Guinéens vivent actuellement est lié aux annonces susmentionnées. M. Alpha Condé ne s’est pas donné beaucoup de peine pour la réussite de ses deux législatures. Il a tout simplement appliqué le contraire de ce qu’il a promis.

A la une du journal Le Populaire
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Les paradoxes de M. Alpha Condé et le revers de ses promesses

M. Alpha Condé a promis la réconciliation nationale, il a semé la discorde, la mésentente, la division, la haine entre les Guinéens. Il se prétendait être le président de tous les Guinéens. On se demanderait s’il a été le président des Guinéens tout court. Et ce n’est pas un jeu de mot tant il a cultivé le repli communautaire qu’il a poussé à son paroxysme.

 

Ces dix dernières années, la Guinée n’existe pratiquement plus en tant qu’entité. Il a fallu le projet de nouvelle constitution pour redonner au pays un visage de nation autant celle-ci est : «une communauté d’hommes et de femmes ayant choisi de vivre librement au sein d’une entité territoriale et partageant des valeurs communes ».

Une question fondamentale se pose : c’est celle de savoir si les stigmates du pouvoir Condé pourront se cicatriser à court ou moyen terme.

A mon avis, seule la manière dont se terminera son système fournira la réponse. Une chose est sûre : le tissu social guinéen est en lambeaux tant les divisions ont été exacerbées par le Condéisme. Cette pratique de pouvoir aurait fait blêmir Sékou Touré et sa révolution tant il se sentirait enfant de cœur face à Condé.

 

Quant à Dadis, il aurait honte avec ses 157 morts officiels du 28 septembre 2009 face à un civil qui lui a ravi le flambeau. En effet, Alpha Condé a égalé le capitaine en nombre de morts mais il l’a surpassé en termes de crimes si on comptabilise les incendies, les violations de domiciles, les kidnappings, etc.

Les geôles de Soronkoni, (Kankan, en Haute-Guinée) à la fois camp de concentration, peut-être d’extermination, de certains prisonniers en fonction de leur ethnie d’appartenance, sera l’un des héritages lugubres de M. Alpha Condé en tant que président.

Ce sinistre endroit, une sorte de renaissance de ses cendres du Camp Boiro, risque bien d’engloutir dans le sable, les lagunes et la savane tropicale, un grand nombre de vies humaines.

Le sang de Guinéens qui, jadis, coulait du camp de Camayenne pour se mêler aux flots de l’Atlantique, risque bien de se répandre à nouveau dans les eaux du fleuve Milo.

Triste similitude de destinée funeste de mon peuple qui, plus il lutte pour la liberté, plus il sombre dans les méandres de la dictature et de la servitude : celles de ses fils et non des colons.

 

Avant et en dehors de Soronkoni, le président guinéen a envoyé plus de 130 Guinéens à l’au-delà. Un chiffre qui tombe de plus en plus dans l’oubli, tant on parle de la trentaine de victimes remontant au 14 octobre 2019, au détriment des premiers. Pourtant, il faudrait compter toutes les victimes du régime actuel.

 

Il n’y a pas de hiérarchie dans la mort. Il y en a dans la méthode et la manière de tuer. Dans le degré de cruauté, dans l’ignominie et le cynisme de traiter tant les victimes que leurs proches.

Ne revenons pas là-dessus tant le pouvoir de M. Alpha Condé donne la nausée ; inspire le regret, le gâchis, la déception et la déshumanisation.

M. Alpha Condé, plutôt Néron que Mandela  

Des pages ne résumeraient pas le ratage du pouvoir de M. Alpha Condé qui, depuis 2010 se nourrit de fausses promesses, de vrais mensonges et de réelles victimes. Un pouvoir qui, en plein XXIe siècle, ramène la Guinée aux temps les plus sombres de son histoire. Pourtant, cela n’est guère étonnant. Tout se lisait dans la fo-mule citée plus haut: « je prends la Guinée où Sékou Touré l’a laissée ».

Pauvre Sékou, pourrions-nous dire, qui a servi de modèle à celui qu’il avait condamné par contumace. Peut-être l’adversité entre les deux hommes résidait-elle dans l’impatience du condamné à prendre sa part d’héritage ?

En tout cas, M. Alpha Condé s’est montré plus dauphin de Sékou Touré qu’il n’aurait joué les Ponce Pilate.

Il est regrettable que des débiles soutiennent cet homme qui appelle ouvertement ses militants à la violence : « Le jour de l’élection, quiconque tente de saccager les urnes, frappez-le !», a-t-il ordonné à Faranah le 20 février 2020 lors de sa tournée en Haute-Guinée. De telles incitations à la violence donnent froid au dos à tout être lucide et pacifique.

Si le chef donne l’ordre de taper, c’est qu’il autorise implicitement à tuer. On ne mandate pas au peuple, aux citoyens, fussent-ils vos militants, à rendre justice. Il est à savoir, si le peuple est contrôlable, l’instinct ne l’est pas.

En outre, l’ordre du chef est aussi puissant, parfois plus, sous la dictature, que la parole divine. Certains fans ou militants zélés sont des assassins en puissance. Ils peuvent tuer sans attendre d’ordre. Qu’ils en reçoivent, du président de la République, le mandat de taper. Imaginez-vous ?

M. Alpha Condé, un chef doit mettre en avant la force de la non-violence et non la violence.

 

Par la Grâce de Dieu…

 

Seule la Grâce de Dieu peut sauver la Guinée de la situation actuelle et du péril qui guette. En effet, un pouvoir aux abois est un lion blessé. Un chef désespéré est un fou en liberté. Si son autorité est écorchée, il devient un assassin potentiel. Il se transforme en danger tant pour lui-même que pour ses administrés.

Si M. Alpha Condé était réélu président de la République, je crains fort que cette prophétie d’un vaillant Guinéen, qui ne fut écouté dans le combat politique pour l’indépendance, ne se reproduise à nouveau. Ce fut le cas entre mai 1973, dans la période appelée « cheytane 73 » et la révolte des femmes le 27 août 1977 et qui mit fin à l’austérité économique du PDG (le fameux parti-Etat de Sékou Touré qui a régné du 2 octobre 1958 au 3 avril 1984).

A nouveau, la terre de Guinée risque d’être invivable alors que le peuple ne peut grimper au ciel.

Une seule manière d’éviter cela, une seule voie pour sauver la Guinée : l’épargner d’un troisième mandat.

Ce combat-là est au-delà du seul Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) et des leaders politiques : il est celui du peuple. Il relève aussi et surtout de la Grâce de Dieu.

Si le peuple de Guinée a survécu à 62 ans de pouvoirs civils et militaro-civils plus ou moins identiques dans la pratique de la gouvernance, nul ne pourrait certifier que le FNDC et l’opposition politique le pourront. Tout simplement, leur sort est asymétrique à celui du président actuel. Entre eux, c’est : vous gagnez, je pars ou je reste vous disparaissez.

N’avait-il pas dit, « à la fin de mon pouvoir, il n’y aura pas d’opposition » ? Serait-ce la seule promesse qu’il réalisera ?

Par Lamarana Petty Diallo  

 lamaranapetty@yahoo.fr

 

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