Crises en Guinée : Alpha Condé sourd face à plusieurs fronts de contestation
Le régime du Président Alpha Condé est confronté à de contestations sans précédent. Depuis plusieurs mois, les crises socio-politiques se répètent et se ressemblent. L’opposition, les syndicats, le Front national pour la défense de la constitution (FNDC), chacun est décidé à faire face aux réactions intransigeantes d’Alpha Condé.
L’opposition résiste
La principale pomme de discorde est la composition du fichier électoral devant être utilisé par les législatives et la présidentielle de 2020. L’opposition accuse la Commission électorale nationale indépendante (CENI) d’élaborer un fichier électoral corrompu en faveur du parti au pouvoir, le RPG arc-en-ciel. Conséquences, 7 des 17 commissaires essentiellement issus de l’opposition suspendent leur participation. Malgré cela, la CENI continue de mener ses activités : recensement, confection des listes électorales et distribution des cartes d’électeur.
Au finish, plus de sept millions des Guinéens se retrouvent dans le fichier électoral fraîchement réactualisé. Les opposants continuent de réaffirmer leur engagement d’empêcher la tenue des élections législatives.
Le SLECG à l’offensive
Depuis le 9 janvier, le Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) mène une grève générale qui paralyse les élections publiques. Aboubacar Soumah qui réclame 8 millions de francs guinéens comme salaire de base et l’engagement des enseignants contractuels a promis de dire le dernier mot. Le gouvernement de son côté continue de jouer à la carte de la manipulation. Il a annoncé avoir signé avec des factions du SLECG qui n’ont pas appelé à la grève.
Le leader du SLECG tient le bateau et fait tout pour ne pas qu’il chavire. Le scénario de bras de fer de 2017, 2018, 2019 est en train de répété. Les acteurs en partie se lancent des défis que chacun promet de relever. Mais, Aboubacar Soumah vient de recevoir un soutien de taille. Une dizaine centrale syndicale vient de déposer un préavis de grève pour apporter leur soutien au SLECG. Au lieu d’un, les autorités sont confrontés à des nombreux fronts syndicaux.
Le FNDC, le socle de la contestation
Le Front national pour la défense de la constitution (FNDC) conduit des gigantesques manifestations pour contraindre Alpha Condé à renoncer à un 3e mandat. Abdourahmane Sanoh et ses collègues du front multiplient les stratégies pour amener le Chef de l’Etat à la raison.
Visiblement, jusqu’ici, Alpha Condé fait la sourde oreille et continue son projet comme si de rien ne se passe. L’annonce du projet d’une nouvelle constitution, le couplage des élections législatives au référendum, l’ordonnance fixant le délai de la campagne électorale pour le référendum, Alpha Condé a multiplié les provocations. Annonce de sa potentielle candidature, refoulement des religieux, le Président de la République exprimé sa détermination à mener le bras de fer.
Au FNDC, on continue de dérouler des dates pour contester le régime dans la rue. Les manifestations durement réprimées par les forces de l’ordre ont fait près de 40 morts essentiellement par balle.
Avec la multiplication des fronts, Alpha Condé parviendra-t-il à poursuivre sa résistance ? L’avenir nous édifiera.
Fatoumata Binta Diallo